Carnet des Indes – Chapitre 3 : Darjeeling et le Sikkim

8

Publié par Froggy | Classé dans Asie | Publié le 18-12-2015

Mots-clefs :, , , , , , , , ,

Vignette DarjeelingIntroduction

Je re-traverse la frontière indienne après deux semaines passées au Bangladesh, deux semaines difficiles, mouvementées, cumulant les problèmes en tout genre, deux semaines stressantes et sans sommeil. (Voir l’article précédent)

C’est à Kolkata que je vais poser mes affaires pour cette -nouvelle- première escale en Inde mais je ne vais pas m’y attarder très longtemps. A bout de souffle, à bout de nerfs, épuisé moralement et physiquement, je dois trouver le moyen de me ressourcer dans une région « calme » et je décide tardivement, dans un éclair de lucidité, d’aller passer quelques temps dans la région himalayenne du Sikkim, cette petite province indienne incrustée entre le Népal, le Tibet et le Bouthan.

Puis, tel un fil rouge dans mon voyage depuis maintenant deux semaines je dois impérativement m’occuper de mes 2 pochains visas : le Pakistan et l’Iran, avec de nombreuses démarches administratives à prévoir à la fois aux consulats/ambassades et sur internet. Mais tout ne se passera pas comme prévu et mes plans vont être encore ammenés à changer…

Arrivée à Kolkata (Calcutta)

Tout juste débarqué à la gare de Sealdah à Kolkata je vais rejoindre à pieds le quartier de « Sudder Street » (quartier des hôtels et des auberges) à l’aide de ma petite carte dessinée à la main sur un bout de papier.

Traversant d’abord des quartiers de la ville que je ne connais pas, je vais bientôt retrouver ce fameux quartier de Sudder Street où j’avais passé plusieurs semaines avec Adrien il y a plus de 3 ans et demi, c’était début 2011 ! Je reconnais le grand marché couvert, la rue Sudder street, le coiffeur et quelques boutiques où nous avions l’habitude d’acheter à manger, j’arrive encore à me repérer un peu dans les petits rues et je fini même par retrouver mon ancienne auberge ! Le « Modern Lodge Guesthouse » !

Bien sur, à la fois par nostalgie et par commodité c’est cette auberge que je choisi pour poser mes affaires à Kolkata ! Et le hasard voudra que je me retrouve dans la même chambre et dans le même lit que celui dans lequel j’avais dormi à l’époque ! Avec Adrien nous avions alors été volontaires pendant trois semaines pour la Mother House, la fondation de Mère Thérésa. (Voir l’ancien article)

.

DSC02661 [600x450 (tdm_blog)].

C’est incroyable cette nostalgie du voyage dans le voyage. J’ai plein de souvenirs qui remontent à la surface, déjà tellement lointains mais encore si puissants et si plaisants. Que des bons souvenirs ! C’était alors le « début » de notre voyage, même si nous étions sur la route depuis presque une année. Je repense à nos compagnons de Kolkata : Hélène et Yassin (les parties de poker!), Thérèse-Marie, Bernard de Manilles, Rubben l’Espagnol, et tous les volontaires avec qui travaillions… C’était une belle époque !

L’auberge, qui est pourtant l’une des moins chères de la ville (200 Roupies la chambre simple), est d’excelente qualité : pas de puces, presque pas de moustiques, c’est propre, à peu près calme, le personnel est accueillant, souriant, c’est vraiment bien ! J’arrive enfin à dormir et à passer une nuit complète, incroyable ! Du bonheur ! Je revis après l’horrible épisode des hébergements insalubres au Bangladesh…

Je laisse s’écouler calmement deux jours et demi de temps mort dans un bouillon de ballades et de nostalgie, engloutissant tchai, lassi et samosa à chaque coin de rue… Sans oublier de préparer mes prochaines semaines de voyage au cyber-café du quartier.

.
DSC02664 [600x450_portrait (tdm_blog)]
.

Dans la rue un type sympa au premier abord m’accoste et me donne plein d’informations sur Kolkata et sur l’Inde, nous discutons un moment puis il m’invite à le suivre « chez lui » pour continuer à discuter. Il semble un peu louche mais pourquoi pas, j’ai tout mon temps… Je me retrouve en fait pris au piège dans son magasin où il tentera de me vendre des vétements et des bijoux hors de prix avec une certaine insistance fort désagréable. Je m’enfuis poliment et sans demander mon reste.

On me propose aussi de l’herbe « grass » (du cannabis) à tous les coins de rue, ça en devient même agaçant !

Malgré la surpopulation et le bordel ambiant dans les rues, Kolkata est infiniemnt plus calme que Dhaka, ça n’a rien à voir ! Par contre la folie des klaxons est toujours là, c’est horrible, strident, insuportable, les tympans sont sous agression permanante, et les envies de meurtre  refont surface (il faut le vivre…), mais j’ai maintenant la solution ultime : les BOULES QUIES pour sortir dans la rue ! C’est tellement agréable, ça change la vie ! Avec ces petits bouchons d’oreilles bien en place j’entends juste un vague bruit de fond, idéal pour marcher dans la rue en ignorant complètement les scooters qui klaxonnent sans cesse autour de soit. Parfait aussi pour ignorer et ainsi éviter les raccoleurs en tout genre qui cherchent par tous les moyens à attirer l’attention des touristes. Bref, idéal pour ne pas tomber fou dans cet enfer sonore.

.
DSC02947 [600x450 (tdm_blog)]
.

C’est donc plus ou moins à la dernière minute, ici à Kolkata, que je décide de changer mes plans : après avoir d’abord vaguement envisagé de descendre dans le sud de l’Inde, je choisi finalement de partir vers le nord… Plein Nord ! J’irai passer quelques temps à Darjeeling et dans la région du Sikkim, dans les montagnes de l’Himalaya ! J’ai besoin de fraicheur, de repos et d’air pur !

A seulement 15 heures de transports en commun (train + bus) depuis Kolkata, je me demande pourquoi je n’y avais pas pensé plus tôt !

.

Un train vers le Nord – Destination : Darjeeling

DSC02668 [600x450 (tdm_blog)]Après deux nuits passées à Kolkata j’arrive à obtenir un billet pour le prochain train de nuit à destination de New Jalpaiguri (NJP). Départ de Kolkata prévu à 23h00.

Je fais l’erreur d’acheter un billet en classe « économie » (185 Roupies seulement) et je passerai toute la nuit (12 heures) sur une petite banquette serré au milieu d’autres voyageurs indiens. Assis dans ces conditions il m’est presque impossible de fermer l’oeil et les douleurs aux fesses at aux jambes rendent le voyage très désagréable. La prochaine fois je prendrai une place en couchette !

Le paysage que je découvre au petit matin à travers les barreaux de la fenêtre est tout plat de bout en bout, il ressemble à ce que j’ai pu voir au Bangladesh (nous en sommes tout proche) : rizières innondées parsemées de nombreuses usines en brique rouge sur des centaines de kilomètres !

Nous arrivons à la gare de NJP vers 10h00 du matin et je découvre stupéfait, avec les autres, que mon voisin de siège s’est fait dépouiller pendant la nuit : il était assis en bordure de siège, côté couloir, et sa poche de pantalon a été découpée au cutter pour y récupérer son portefeuille alors que lui et tous les autres nous dormions ou somnelions… Quelle poisse, le pauvre !

J’effectue les derniers 88 km vers Darjeeling à bord d’une « jeep partagée » (transport en commun le plus adapté sur les routes de montagnes que nous allons emprunter). Un voyage d’environ deux heures pour 200 Roupies par personne et je ne sais combien de miliers de mètres de dénivelé positif. Ca grimpe dur !

Dans la jeep je fais connaissance avec Bijay Roy, un touriste indien très sympa. Il m’invite à venir passer quelques jours dans sa maison (à une heure de Kolkata) quand je veux dans le futur. J’espère avoir le temps d’aller le voir en revenant après le Sikkim.

.
DSC02671 [600x450 (tdm_blog)]
.

DSC02672 [600x450 (tdm_blog)].

Darjeeling

Ca y’est, je suis arrivé à Darjeeling ! Il fait froid, la vache ! Ca faisait longtemps que je n’avais plus ressenti une telle fraicheur. C’est normal, la ville de Darjeeling est construite sur les flans de montagnes à plus de 2000 mètres d’altitude, dans ce qu’on appelle parfois les « contreforts de l’Himalaya » .

Il me faut parcourir la ville, très étendue, et ses centaines de petites rues en pente forte avant de trouver un hébergement qui me convient. Et ce soir, je dormirai à l’église ! Ou plutôt au dortoir de l’auberge de l’église : le « Diocesan Guesthouse » qui propose des lits à seulement 170 Rp la nuit. Un super endroit plein de charme, propre et accueillant, calme, bien situé pas trop loin du centre-ville. Comme il n’y a pas d’autre client en ce moment j’ai le privilège d’avoir ce grand dortoir de 8 lits pour moi tout seul ! Et en plus la température extèrieure fait qu’il n’y a pas de moustiques, c’est tout simplement parfait ! Ah non, j’oubliai : il n’y a ni chauffage ni eau chaude au robinet, aie aie ca va être compliqué pour la douche ! Il n’y a pas non plus de connexion wifi mais pour le prix ca reste quand même un super endroit pour dormir.

Et puis surtout, quel bonheur de dormir sous de grosses couvertures bien chaudes et bien épaisses ! Je réalise à quel point le froid m’avait manqué, surtout la nuit, durant ces semaines et ces mois de voyage à travers la chaleur de l’Asie du Sud-Est. Génial, Je vais enfin faire une vraie nuit !
.
DSC02700 [600x450 (tdm_blog)]
.

Après deux nuits passées au dortoir de l’église je programme de passer quelques jours de plus que prévu à Darjeeling et je décide de déménager dans une auberge un peu plus confortable: la « Pandim Guesthouse » . Située un peu plus haut sur la coline, il faut marcher 15 minutes en pente raide pour y arriver ! Mais bon, ca vaut le coup : une petite chambre privée à 300 Rp avec du wifi qui fonctionne et surtout une vue imprenable sur les montagnes juste en face.

La bassine d’eau chaude pour la douche est en supplément : 30 Roupies, mais nécessaire ! Il fait vraiment froid et l’eau du robinet est si glaciale qu’un simple brossage de dents est douloureux ! Alors la douche à l’eau froide, n’y pensons même pas !

Je passerai quatre nuits dans cette auberge, profitant d’un peu de temps libre pour faire un maximum de choses sur internet (ca faisait plusieurs semaines que je n’avais pas eu de wifi dans une auberge) et j’en profite notamment pour me plancher sérieusement sur ces histoires de visas iranien et pakistanais…

- C’est ici, durant cette période de calme propice à la réflexion et à la préparation, que je prendrai la décision ferme de finir mon voyage avant Noël de cette année (2014).
- C’est ici que je réalise qu’il me sera impossible d’obtenir un visa pour le Pakistan et que je devrai donc prendre l’avion entre l’Inde et l’Iran. (Il n’est pas possible d’obtenir le visa pakistanais depuis l’étranger, mais seulement à l’ambassade du Pakistan à Paris pour les ressortissants français…)
- C’est ici aussi que je comprend que l’obtention de mon visa iranien va prendre plus de temps que prévu à cause de complications. Et comme mon visa indien (en cours) expire dans moins de 2 semaines, je vais devoir trouver le moyen de patienter quelque part entre l’Inde et l’Iran…
- C’est donc ici que je prendrai la décision d’aller passer quelques semaines au Sri Lanka, c’est juste à côté de l’Inde (même si cela m’oblige à prendre l’avion) et c’est l’occasion ou jamais d’aller visiter ce petit pays qui m’attirait depuis longtemps.
- C’est donc ici également que j’acheterai mon billet A/R pour le Sri Lanka et que j’effectuerai les démarches en ligne pour obtenir le visa électronique.
- C’est ici, enfin, que je planifierai un rendez-vous au consulat d’Iran à Hyderabad (dans le centre de l’Inde) pour dans un mois environ (donc après mon retour du Sri Lanka en Inde) afin de récupérer mon visa iranien lorsqu’il sera prêt.

.
DSC02687 [600x450 (tdm_blog)]
.

DSC02689 [600x450_portrait (tdm_blog)]

.

DSC02839 [600x450 (tdm_blog)]

.

En dehors de toutes ces fastidieuses démarches en ligne et de cette préparation logistique incontournable, je passerai énormément de temps à visiter Darjeeling. Je suis quand même venu là pour ça !

Darjeeling est une ville de 130000 habitants nichée au coeur des montagnes de l’Himalaya. Ce qui surprend le plus en arrivant (et même à chaque fois qu’on s’y balade) c’est qu’aucune rue n’est plate, ni droite, il faut toujours monter ou descendre (parfois à pic) en serpentant dans tous les sens pour se déplacer n’importe où en ville. En fait Darjeeling ressemble à un immense labyrinthe de ruelles en trois dimensions dans lequel il est extrêmement facile de se perdre… Et les plans de ville, peu adaptés à cette morphologie si particulière, n’y changent rien !

L’effort à fournir lors des balades et des ascensions parfois très difficiles est récompensé lorsqu’on se retrouve, au détour d’une rue ouverte ou au sommet d’une colline, face à la magnificience de la montagne enveloppée de brouillard ou devant les plantations de thé qui s’enffuient à perte de vue dans la vallée.

.

DSC02785 [600x450 (tdm_blog)].

DSC02675 [600x450_portrait (tdm_blog)].

DSC02693 [600x450 (tdm_blog)]

.

DSC02727 [600x450 (tdm_blog)]

.

DSC02726 [600x450 (tdm_blog)]

.

Malgré la forte densité de population et le traffic élevé sur les axes principaux, malgré les quelques inévitables coups de klaxons et les déchets omniprésent dans les rues (nous sommes en Inde et l’Inde ne serait pas l’Inde sans tout celà) malgré tout Darjeeling est une très jolie ville où il est formidablement agréable d’y passer du temps.

Je me plais à déambuler au gré des ruelles en essayant d’aller toujours plus haut vers les sommets de la ville. Je vénère la montagne et la sérénité qu’elle impose chaque fois que je tombe nez-à-nez avec elle. J’aime me perdre dans le brouillard et passer des heures à tenter de retrouver le chemin pour rentrer à la maison.

Pour agrémenter un peu toutes ces balades j’irai aussi visiter le Jardin Botanique : un coin de verdure sans trop d’intérêt mais ayant l’avantage d’être au calme en dehors de la ville. Puis le Zoo Himalayen avec ses ours bruns, panthères et léopards des neiges, loups blancs de l’Himalaya, tigres du Bengal, pandas roux et nombreux autres mammifères et oiseaux des montagnes. Je note les « conditions correctes » dans lesquelles sont enfermés les animaux même s’ils seraient bien mieux en liberté dans la nature, ca va de soit.

.
DSC02757 [600x450_portrait (tdm_blog)]

.

DSC02774 [600x450 (tdm_blog)]

.
J’irai aussi visiter le Musée Tenzing Norgay qui contient entre autres les vestiges (équipements, cartes, etc.) des innombrables ascenscions de l’Everest au cours du temps. Une fascinante histoire de l’alpinisme himalayen.

(Tenzing Norgay fût la première personne, accompagné de Sir Edmund Hilary, a avoir gravi le mont Everest en 1953)

.
DSC02750 [600x450_portrait (tdm_blog)]
.

La ville de Darjeeling est devenue un lieu touristique très prisé des Indiens, elle a aussi atteind une notoriété internationale grâce à ses célèbres plantations de thé. Mais c’est avant tout une ville multiculturelle où se mélangent de nombreuses éthnies venues des Indes, du Népal, du Tibet, de la Chine… On y retrouve donc un grand nombre de restaurants aux influences tout aussi variées !

En journée je mange généralement des petits plats indiens ou chinois que l’on trouve facilement à tous les coins de rue. Mais par contre chaque soir je me fais plaisir en allant manger dans l’un des 2 ou 3 restaurants tibétains du centre-ville, des saveurs auxquelles je n’avais plus eu accès depuis plusieurs années : des thukpa et des thenthuk (soupes de nouilles tibétaines aux légumes, du tsampa (farine d’orge grillée) mélangé à du lait chaud et du beurre de yak (délicieux), des momo (version locale des raviolis) ainsi que le fameux thé tibétain : du thé salé au beurre de yack… assez spécial, mais « gustativement » dépaysant !

J’adore cette nourriture tibétaine si particulière et j’en profite un maximum en sachant que je n’en retrouverai pas de sitôt dans mon voyage ni même dans un futur proche.

.
DSC02721 [600x450 (tdm_blog)]
.

DSC02802 [600x450 (tdm_blog)].

DSC02845 [600x450 (tdm_blog)].

La ville et son environnement me rappellent un peu les souvenirs que j’ai du Népal (nous ne sommes ici qu’à quelques dizaines de kilomètres du Népal) mais aussi du Tibet à travers les visages, la culture, la nourriture. Je me plais beaucoup ici, je m’y sens comme chez moi. Quelle belle région du monde, si unique et fascinante, l’Himalaya m’avait tellement manqué pendant toutes ces années !

Et puis, parce que nous sommes dans LA région du thé, je consacrerai deux jours à parcourir les marchés et les boutiques de Darjeeling pour faire quelques provisions de thés afin de remplir les futurs cadeaux de Noël…

Deux jours d’initiation à la « culture thé » à travers les odeurs, les arômes, les couleurs, les techniques, les qualités, les variétées… Pour un aboutissement qui se concrétise par deux gros colis remplis de différentes sortes de thés que j’irai déposer au bureau de poste à destination de la France. Il me faudra quand même passer plusieurs heures à la Poste pour résoudre de nombreux problèmes techniques et coller les dizaines (centaines?) de petits timbres sur les cartons avant d’en avoir terminé puis de les confier aux sympathiques employés… croisant les doigts pour que ça arrive un jour en France !

.

DSC02801 [600x450 (tdm_blog)].

DSC02805 [600x450 (tdm_blog)].

DSC02817 [600x450 (tdm_blog)]

.

DSC02821 [600x450_portrait (tdm_blog)]

.

Avant de quitter Darjeeling pour continuer mon périple vers Gangtok je dois d’abord obtenir un permis qui m’autorise à me rendre dans la province du Sikkim (gratuit et valable 15 jours). Un permis tout de même un peu spécial car il nécessite de faire tamponner le passeport (comme pour un visa) en plus du document rempli et signé par les autorités en charge de l’accès au Sikkim.

S’ensuit un voyage en jeep de trois heures sur des routes sinueuses au coeur des montagnes, en bordure de ravin ou de rivière, contournant parfois des portions de routes effondrées dans un décors de brume effrayant mais spectaculaire, avant d’arriver enfin à Gangtok, capitale provinciale du Sikkim.
.

Gangtok – East Sikkim

Gangtok est parfois appelée « the Swizerland of the East » (la Suisse de l’Orient), c’est une ville très propre avec une architecture d’inspiration européenne, construite autour d’une grande rue centrale piétonne, pavée, fleurie et agrémentée de jolis lampadaires. Toute la ville est construite à flan de coline, un peu comme Darjeeling, et les balades en ville, c’est du sport !

Je trouve mon auberge une fois de plus grâce au site Wikitravel (pas toujours à jour mais tout de même très pratique) : je m’installe au « New Modern Lodge » située sur la rue Tibet Road. L’accueil est sympa mais pas très sèrieux. L’auberge en elle-même est plus que correcte : une chambre privée à 300 Rp et des douches communes avec de l’eau chaude, la classe ! Ils ont aussi des dortoires à 200 Rp mais je ne l’apprendrai qu’au moment de partir…

J’y rencontrerai Irro, un voyageur finlandais avec qui je passerai la soirée à discuter de voyage et de l’Europe, notre patrie commune, confortablement assis autour d’une bonne bière au resto. Il quitte la ville demain, c’est dommage. Je passerai un peu de temps aussi avec le réceptionniste de l’auberge, un fan d’Eminem (le rappeur) qui n’arrête pas de chanter et qui parle avec un accent américain à couper au couteau ! J’ai un peu de mal à comprendre son anglais mais il est très sympa et comme il s’ennuie à mourrir dans cette auberge vide il m’emmènera au marché pour m’aider à acheter mon kilo de tsampa ! Il me fera aussi visiter un peu la ville, avec quelques points du vues sympas.

Mon deuxième jour à Gangtok je me lance dans une longue marche (qui va durer presque toute la journée) vers les collines voisines afin de visiter un temple hindouiste reculé et d’accéder à quelques somptueuses vues « aériennes » de la région. Malgré l’épais brouillard et les quelques gouttes de pluie en fin de journée la balade est magnifique : je croise d’impressionnantes chutes d’eau ornées de centaines de guirlandes de drapeaux bouddhistes (bleu-blanc-rouge-vert-jaune) parsemés le long de la route dans cette forêt mystèrieuse et embrumée.
.

DSC02860 [600x450 (tdm_blog)].

DSC02866 [600x450_portrait (tdm_blog)]
.

DSC02870 [600x450 (tdm_blog)]

.

En redescendant vers la ville le soir je rencontre plusieurs petits groupes d’enfants qui rentrent de l’école : garçons et filles n’hésitent pas du haut de leurs 10 ans à venir spontanément vers moi pour discuter et tous parlent un anglais parfaitement maitrisé, poli et courtois, je suis bluffé ! En plus de l’anglais qu’ils maitrisent très bien, ces enfants d’origine tibétaine ou népalaise pour la plupart sont tous capables de parler au moins 3 ou 4 langues différentes : hindi, nepali, tibétain, et parfois d’autres langues locales… C’est fou !

.
DSC02873 [600x450_portrait (tdm_blog)]
.

DSC02874 [600x450 (tdm_blog)]

.

Je vais maintenant quitter Gangtok et continuer mon chemin vers la ville de Pelling située à 5-6 heures de jeep à l’ouest (dans le « West Sikkim »). Un voyage à 230 Rp (~3€), on ne peut  pas dire que ce soit cher.

Encore une fois la route est belle, scénique, mais dangeureuse. Heureusement les conducteurs roulent prudemment ici dans le Sikkim, en tout cas beaucoup plus que dans d’autres régions.
.

Pelling – West Sikkim

Pelling est un village situé à 2150 mètres d’altitude où il semble y avoir plus d’hôtels et d’auberges que d’habitations ! Mais comme nous ne sommes pas en saison touristique en ce moment le lieu est très calme, presque désert, et il est même difficile d’imaginer ici des hordes de touristes.

Je pose mes valises au « Kabur Hotel » dans une super belle et grande chambre privée avec salle de bain et toilettes privatifs, à seulement 200 Rp la nuit (-3€) ! (Il est fort probable que le prix soit plus élevé en haute saison). Mais une fois de plus il n’y a ici ni eau chaude ni connexion wifi. Peu importe !

Le cybercafé en bas de la rue charge 50 Rp de l’heure, les salauds ! Au lieu des +/- 20 Rp demandés partout ailleurs. Peut-être ce village est-il si reculé que les frais de connexion au réseau internet sont également très élevés ? Bref, je m’en passerai !

Le village en lui-même n’a rien de spécial mais la vue sur le Mont Kangchenjunga au petit matin est superbe, absolument merveilleuse. Le Kangchenjunga n’est pas aussi célèbre que ses deux grands frères mais il s’agit quand même du troisième plus haut sommet du monde (après l’Everest et le K2) s’élevant à 8586 mètres !

Pour mettre toutes les chances de mon côté je me réveille à 5h00 du matin, avant même le lever du soleil alors qu’il fait encore nuit et très froid dehors… C’est le seul moyen d’aperçevoir la chaine de montagnes en cette fin de saison des pluie encore très brumeuse, car dès les premières heures de la matinée le brouillard refait tous les jours son apparition et il devient absolument impossible d’apercevoir quoi que ce soit !

Aux alentours de 6h00 le massif montagneux enneigé apparaît comme un mirage illuminé par les rayons du soleil levant, c’est fabuleux… avant d’être avalé par les nuages et la brume qui font leur apparation progressivement entre 7h00 et 8h00 du matin.

.
DSC02887 [600x450 (tdm_blog)].

DSC02893 [600x450 (tdm_blog)].

DSC02895 [600x450 (tdm_blog)].

DSC02899 [600x450 (tdm_blog)]

.

DSC02896 [600x450 (tdm_blog)]

.

Je pense avoir eu quand même de la chance ce matin d’avoir une si belle vue, aussi dégagée, car le matin suivant (levé à 5h00 aussi) sera complètement couvert.

Je passerai aussi une journée à visiter les ruines de l’ancienne capitale du Sikkim, toutes proches, ainsi qu’un monastère bouddhiste où j’assisterai avec émerveillement au chant des moines. Une trentaine de jeunes bonzes en robe orange assis sur le sol et répétant à l’infini les mantras (prières) accompagnés de trompes tibétaines (dungchen) et de quelques percussions traditionnelles. C’est magnifique et ca prend aux trippes, j’ai l’impression d’être soudainement plongé au coeur du Tibet légendaire à travers un voyage dans l’espace et dans le temps que je ne maitrise plus. Invité à m’assoir au sol par l’un des moines je me retrouve au milieu de cette chorale hors du temps et hors du monde. Les photos et vidéos sont bien sur interdites dans le temple et c’est tant mieux. Je me laisse alors emporter par la magie des mantras dans une longue contemplation méditative.

Au deuxième étage du temple a été mis en place une sorte de petit musée rempli de nombreux objets anciens comme des instruments de musique traditionnels, des costumes de cérémonie magnifiques, des ustensiles, des livres sacrés, etc. J’explore ces archives à la lueur de mon téléphone portable car étrangement il n’y a ici ni lumière ni fenêtre et la pièce est plongée dans le noir complet !
.

DSC02880 [600x450 (tdm_blog)].

DSC02883 [600x450 (tdm_blog)].

DSC02882 [600x450 (tdm_blog)].

Au restaurant de mon auberge j’ai enfin pu retrouver cette fameuse bière chaude tibétaine que je cherchais désespérément depuis mon arrivée dans le Sikkim : la « Chhaang » ou « Tongba » que l’on avait découvert avec Adrien à Katmandou il y a 4 ans…

Vendue ici 150 Rp, il s’agit d’une boisson à base de millet (ou d’orge) semi-fermenté. Elle est servie dans un grand mug rempli de grains de millet et que l’on rempli d’eau bouillante à volonté au fur et à mesure que l’on boit le jus à l’aide d’une grosse paille métalique… C’est savoureux et ca réchauffe ! Le taux d’alcool est assez faible mais les quantités absorbées (des litres!) finissent par faire tourner la tête.

.

DSC02885 [600x450 (tdm_blog)].

Le dernier soir à l’auberge, ennivré par la bière chaude tibétaine, je fais connaissance avec Erwan et Laetitia, un couple de voyageurs français avec qui j’aurai une passionnante discussion philosophique sur le voyage, sur le temps, sur la vie… Erwan Gabory est un poête et romancier qui vient de publier un livre « L’envol des baisers » et qui semble ce soir très interressé par mon voyage et par la façon dont je me projette dans mon retour en France imminent.

Lui et son amie me mettent en garde contre la dépression qui risque de me frapper en pleine face à l’arrivée, ils me parlent du climat morose qui règne en France et m’expliquent à quel point les mentalités ont pu changer négativement ces 4 ou 5 dernières années… Je ne sais pas trop quoi en penser, mais c’est vrai qu’ils ne sont pas les premiers à m’alerter sur la période de dépression qui fait souvent suite au retour d’un long voyage, mais aussi à l’atmosphère générale (la « névrose » ?) qui semble plomber le pays tout entier… Le moins que l’on puisse dire c’est que ce n’est pas très encourageant pour rentrer en France…
.

DSC02903 [600x450_portrait (tdm_blog)]
.

Après deux belles journées passées dans ce minuscule village de Pelling je quitterai vers 7h00 le matin suivant en bus (et non en jeep, car les chauffeurs sont en grève dans la région) pour rejoindre ma troisième et dernière étape du Sikkim : la ville de Namchi.
.

Namchi – South Sikkim

Après un court trajet en bus entre Pelling et Gyalzing (la capitale du West Sikkim) j’embarque à bord d’une jeep à destination de Namchi. Je fais connaissance avec mon voisin de siège, Sanjok : un Népalo-Tibéto-Indien au comportement un peu étrange au premier abord mais qui se révèlera sympathique par la suite.

DSC02910 [600x450 (tdm_blog)]Sanjok est né d’un père tibétain et d’une mère népalaise. Il m’explique qu’il est, comme beaucoup d’habitants du Sikkim, à la fois bouddhiste et hindouiste ! Il vénère donc les divinités de ces deux religions à parts égales. Il parle dans un anglais décousu et difficile à comprendre par moment mais il aura la gentillesse de m’inviter à dormir chez lui ce soir.

Comme Sanjok ne travaille pas aujourd’hui (car c’est le début d’une semaine de vacances consacrée aux festivités de Durga Puja) il se propose de m’accompagner pour la visite du grand temple hindou « Siddhesvara Dhaam » situé tout en haut d’un sommet à quelques kilomètres de la ville. Il nous faut rouler (et grimper) 15 minutes à bord d’un taxi partagé pour accéder au temple.

De là-haut la vue est grandiose, impressionante, extraordinaire ! On peut admirer la chaine de montagnes tout autour qui surplombe la ville située dans la vallée. Le temple en lui-même est majestueux, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, avec l’immense statue de Shiva qui veille sur le monde. Quant au ciel qui nous entoure il est d’une pureté à faire frémir. Ajoutez à l’ambiance la musique « religieuse » hindouiste diffusée sur toute la zone du temple (consituée de plein de petits temples, de jardins, de statues, de fontaines, de grands escaliers…) et le spectacle dans son ensemble est tout simplement fabuleux.

.

DSC02913 [600x450 (tdm_blog)].

DSC02916 [600x450_portrait (tdm_blog)]

.

DSC02924 [600x450 (tdm_blog)]

.

DSC02919 [600x450_portrait (tdm_blog)].

DSC02921 [600x450_portrait (tdm_blog)]

.

Je considère cet endroit comme « le clou du spectacle » de mon voyage dans le Sikkim, arrivant à point nommé juste avant de quitter définitivement la région. Quand je pense que j’ai failli passer à côté car je n’avais même pas connaissance de l’existence de ce temple…
Ca et la vue spectaculaire sur les sommets enneigés depuis Pelling, je suis absolument ravi et comblé de mon petit parcours dans le Sikkim.

De retour à Namchi en fin de journée Sanjok me montre sa collection de billets et de pièces du monde dont il est très fier. Il m’offre même un billet du Bhoutan ! Wahoouu ! Et aussi un ancien billet d’une Roupie indienne. Je retrouve dans mon sac quelques pièces de Thaïlande et de Singapour que je lui offre en échange.

On ira ensuite faire une partie de badminton à la salle de sport avant d’aller passer la soirée dans les rues de Namchi où est célèbré ce soir le grand festival de Durga Puja (comme dans le reste de l’Inde) : marchés de rue, musique et pétards, décorations colorées et lumineuses un peu partout, c’est la fête !
.

Retour à Kolkata via Siliguri et NJP

Le lendemain matin je décide de quitter Namchi puisqu’il il est temps pour moi maintenant de dire au revoir au Sikkim et de rentrer à Kolkata. Il se trouve que le voisin de Sanjok est en partance pour Gangtok, il peut donc m’emmener sur la moitié du chemin, jusqu’à Melli, le poste frontière du Sikkim. Super !

J’embarque alors avec ce couple à la fois très charmant et très interressant, nous parlons longuement de la France, de l’Inde, du Sikkim et des religions : eux sont un couple mixte hindouiste-bhouddiste. Leur fille est adorable et elle aussi parle parfaitement l’anglais en « Class 6″ (l’équivalent de la sixième). Son jeune frère est absorbé par le paysage tandis que le petit chien semble dormir paisiblement.

Ils me déposent comme prévu à Melli, le « poste frontière » du Sikkim. Eux continuent leur chemin vers le Nord (Gangtok) alors que je prends la direction du Sud (Siliguri) et ils m’offrent même à boire et à manger avant de me quitter, quelle gentillesse ! Dommage que le trajet ne dure pas plus longtemps, je suis triste de les quitter si vite !

Je passe au bureau d’immigration du Sikkim qui me tamponne mon passeport et vérifie mon permis, et puis comme nous sommes un peu au milieu de nul part il me faut maintenant faire du stop (ça faisait longtemps!) en espérant trouver une jeep qui ait encore une place de libre.

.

DSC02940 [600x450 (tdm_blog)].

Après seulement 3 minutes d’attente sur la route une petite voiture s’arrête pour me prendre en stop, ca n’est même pas un taxi ni une jeep mais bien un particulier, et il vont jusqu’à Siliguri, tout comme moi !

Je tombe à nouveau sur un couple de gens adorables : on rigole beaucoup, on discute de voitures, de religions (encore!) car eux sont un couple mixte chrétien-hindou, on parle des Indiens d’Inde et des Indiens du Sikkim, d’argent, des conditions de route, de plein de chose. Le voyage se termine encore une fois beaucoup trop rapidement… Dommage, nous voilà déjà arrivés à Siliguri !

Incroyable que l’auto-stop fonctionne aussi bien dans cette région, si j’avais su ça avant j’aurai peut-être voulu faire le tour du Sikkim en stop. Ca aurait sûrement été de sacrés belles expèriences… Mais bon le temps me manquait un peu, et puis les « shared-jeep » (jeeps partagées) ne sont vraiment pas chères et ça ne motive pas tellement à faire du stop.

Une fois arrivé à Siliguri il ne me reste plus qu’à prendre un auto-rickshaw pour effectuer les derniers kilomètres jusqu’à la gare de New Jalpaiguri (NJP) puis à acheter un billet de train pour Kolkata, en classe SLEEPER (couchette) cette fois !!

DSC02941 [600x450 (tdm_blog)]En attendant mon train je mange en face de la gare dans un petit boui-boui pas cher qui se révèle être un super resto : on me sert un succulent vege biriyani en forme de coeur ! Le pourboire sera à la hauteur de la qualité de ce repas !

Et puis le départ du train est prévu à 18h00 pour arriver le lendemain matin vers 5h00 à Kolkata.

Je dors plutôt bien sur ma confortable couchette en mousse ! J’en profite pour lire ou écouter de la musique, m’allonger ou m’assoir comme bon me semble, et je peux véritablement me reposer. C’est beaucoup mieux ainsi même si ca coûte presque 2 fois plus cher qu’une place assise « non-reserved » (320 Rp au lieu de 180) mais le gain de confort et de sommeil est incomparable. Je voyagerai désormais en Sleeper sur tous mes prochains longs voyages en train, ca ne fait aucun doute.

.

Sikkim_Travel_Itinary [1024x768 (tdm_blog)]
Mon itinéraire depuis Darjeeling et dans la région du Sikkim : Gangtok, Pelling, Namchi, et puis retour à Siliguri/NJP. (Cliquez sur la carte pour l’agrandir)

.

Festival « Durga Puja » et rencontre avec Yogo à Kolkata !

Arrivé à Kolkata très tôt le matin je dois patienter plusieurs heures dans la gare avant que la ville ne s’éveille.

Je discute avec des voyageurs indiens, m’allonge sur un banc pour me reposer un peu, une clocharde tente de me dérober discrètement de l’argent dans ma poche, en vain. Le soleil se lève, je cherche quelque chose à manger, tout est trop cher dans la gare, je quitte la gare et marche vers le quartier de Sudder Street, il est 8h00 du matin mais il fait déjà bien chaud, je regrette le Sikkim ! Je trouve un petit resto dans le quartier musulman, m’envoie un super breakfast vege-thali délicieux pour à peine 50 Roupies et puis m’en vais poser mon sac au « Modern Lodge Guesthouse » de Stuart Street, mon petit chez moi de Kolkata !

J’entends la voix de Yogo au téléphone pour la première fois, car jusque là nous avions toujours échangé par e-mail. Il est à Kolkata lui aussi ! Dommage je ne peux pas me joindre à ses plans aujourd’hui, il me faut d’abord aller réserver mon billet de train pour quitter Kolkata le plus tôt possible, ce qui s’averera un peu plus compliqué que prévu.

Le jour suivant je vais enfin rencontrer Yogo ! Mon camarade voyageur que je connais depuis déjà quelques années mais seulement par blogs interposés, et dont j’ai aussi quelques fois parlé dans mes articles. (Voir le blog de Yogo) Quel plaisir de le rencontrer enfin !

Il loge en ce moment avec son couchsurfeur (et ami) Pankaj, qui lui rêve de devenir réalisateur de films et souhaiterait vivre en France dans les prochaines années. Je suis donc invité à diner chez Pankaj avec Yogo et puis nous passons une partie de la soirée en ville pour profiter de la fin des cérémonies du Durga Puja : le grand festival indien qui vénère la déesse Durga.

L’ambiance est à la fête : les marchés de rue, les fanfares et les décorations colorées transforment la ville en une gigantesque kermesse. On va surtout pouvoir assister à l’immersion des statues de Durga dans les bassins publiques : des moments de ferveur incroyable.

.

DSC02954 [600x450 (tdm_blog)].

DSC02951 [600x450 (tdm_blog)].

Mais quel monde, quel monde ! Les rues sont pleines à craquer de milions de gens et il est extrêmement compliqué de se frayer un chemin même à pied. Malgré ça quelques motos et quelques voitures arrivent encore à passer dans la foule à grands coups de klaxon. Un monstrueux bordel ! En fait je trouve ça même à limite du supportable, et j’ai beaucoup de mal à apprécier la « fête » !

.

DSC02954_Yogo_Pankaj_Kolkata [600x450 (tdm_blog)]
Yoooogoooooooooo !!!… et Pankaj, réunis à Kolkata !!

.

Nous rentrons en fin de soirée à la maison (chez Pankaj) pour vider tranquillement une petite bouteille de vin rouge indien, vraiment pas mauvais, en regardant un film iranien sur l’ordinateur.

Je suis invité à rester pour dormir sur place mais en fait nous aurons tellement de choses à nous raconter avec Yogo que la discussion durera jusqu’au lever du soleil et même bien après ! Je dois ensuite rentrer en bus à mon auberge pour le check-out et pour récupérer mes affaires avant d’aller prendre le train dans l’après-midi.

Mon objectif est de rejoindre Chennai dans le sud de l’Inde, mais la distance est telle que j’ai décidé de faire une escale d’une journée ou deux à mi-chemin. C’est pourquoi cette première moitié de voyage m’emmènera jusqu’à Visakhapatnam.
.

Un train vers le sud – Première escale à Visakhapatnam

Je passe la soirée et toute la nuit à bord du train confortablement installé en couchette « Sleeper » et c’est sacrément appréciable de pouvoir s’allonger sur des distances aussi longues. J’arrive même à bien dormir !

C’est tôt le lendemain matin que je débarque à la gare de Visakhapatnam (ou « Vizag » comme on dit ici) et je prendrai un auto-rickshaw (10 Rp) vers le centre-ville sans savoir où aller et sans aucune adresse d’hôtels ni d’auberges.

Je trouve rapidement quelques « dormitory » (des dortoires) près de l’avenue principale par laquelle je suis arrivé. Le premier est fermé (est-il encore trop tôt?), un deuxième est ouvert et m’accueille pour 80 Rp la nuit (~1€) dans une immense chambre d’une cinquantaine de lits occupés seulement par des Indiens et réservé aux hommes.

L’endroit est sympa, propre, inclu le casier avec cadena, je m’y sens en totale sécurité et le prix est imbattable, je ne crois pas avoir déjà eu un hébergement aussi bon marché en Inde. C’est vraiment pas mal… sauf pour ces saloperies de puces et de moustiques qui me pourrissent ma deuxième nuit.

.

DSC02980 [600x450 (tdm_blog)].

Ici à Vizag presque personne ne parle anglais. Ni hindi, ni bengali ! D’ailleurs même l’écriture (l’alphabet) est très différente de ces autres langues. D’après ce qu’on m’on explique la langue locale est le Telugu, qui ressemble un peu au Tamil mais encore différent. Bref, me voilà dans un autre pays du sous-continent indien !

Je passe deux jours à me balader tranquillement et à découvrir cette ville située totalement hors des sentiers battus.

La grande avenue qui longe la plage (Beach Road) offre une promenade agréable mais le reste de la ville est sans intérêt, même si on peut apprécier un certain calme par rapport à Kolkata. J’y croise de nombreux touristes indiens qui viennent ici pour voir la mer (il y a beaucoup d’hôtels et de restaurants le long de la plage) mais je ne croiserai pas un seul Européen ni un seul Asiatique. Cette destination n’est populaire que pour les Indiens.

.DSC02965 [600x450 (tdm_blog)]

.

DSC02967 [600x450 (tdm_blog)].

DSC02974 [600x450_portrait (tdm_blog)].

Le dernier jour avant de partir je rencontre Vijay, un habitant de Vizag qui parle anglais (un peu) c’est rare ! Il me propose de visiter la ville et les parcs avec lui en moto, ça aurait pû être chouette ! Malheureusement je n’aurai pas le temps de faire tout ça car je dois quitter mon dortoir ce matin et récupérer mes affaires avant midi. Mon train pour Chennai est déjà reservé pour cet après-midi. Vraiment dommage. On mange quand même au resto ensemble le midi : un vege biryiani, eh oui encore du biryiani ! Je ne m’en lasse pas !

Puis Vijay m’emmène à la gare en moto et me laisse son adresse au cas où je repasserais par Vizag dans les prochaines semaines. Ca m’étonnerait… mais on ne sait jamais.
.

Un train vers le sud – Destination : Chennai

DSC02981 [600x450 (tdm_blog)]Je découvre en arrivant à la gare de Vizag que mon billet est « Non-Confirmed » ou « Waiting List » … C’est à dire que le train est complet et que je suis en liste d’attente… et que donc, à priori, je n’aurai pas de place à bord du train ! Ou alors il va falloir que je reste debout dans un couloir pendant toute la durée du voyage, c’est à dire au moins dix ou douze heures !

Pourquoi ne m’avait-on rien dit avant, au moment de l’achat du billet…?? J’hallucine !! Et rien n’est marqué sur le billet à part un petit sigle « wl » (pour Waiting List) écrit en tout petit parmi mille autres informations. Et comment j’aurai pu deviner ?? Je suis scandalisé et m’en vais réclamer des informations à tous les bureaux de la gare, à moitié paniqué aussi car j’ai peur de rater mon train, mais personne n’est là ni pour discuter ni pour m’aider ni même pour m’envoyer bouler ! Le plus souvent on m’ignore totalement malgré mon insistance, ou alors on me renvoie vers un autre bureau, une autre personne, le chef de train, etc. Tout le monde s’en fout ! Je les déteste !

Tant pis, j’irai quand même prendre ce train et je me débrouillerai pour obtenir un lit… ou un siège… ou au moins pour dormir dans un coin de couloir… J’ai payé merde ! Et puis il est trop tard pour changer les plans.

Par chance, et complètement par hasard, je m’installe dans le train à côté de 2 étudiants originaires du Sikkim. Ils sont super sympas comme jamais j’aurai pu imaginer. Pramod et son ami s’en vont à Bengalore pour chercher du travail et ils arrivent tout droit de Siliguri ! (j’y suis passé il y a à peine une semaine)

Moi qui commençais à m’installer sur une des couchettes au hasard en continuant de râler, toujours scandalisé, énervé, hors de moi… Pramod me demande alors calmement ce qui se passe tout en m’invitant à boire le thé… Je leur explique alors toute la situation : le billet de train, la réservation obsolète, le manque d’information et l’absence totale de communication dans la gare… Il me répond simplement et presque nonchalamment : « This is India ! » (C’est ça l’Inde !) puis il m’invite à m’assoir et même à dormir sur sa couchette pendant la soirée avant de la lui rendre dès qu’il aura envie de dormir. Quelle classe ! Je suis sidéré par tant de sérénité, d’intelligence et de détachement.

Mais comment peut-on être aussi aimable et acceuillant, aussi pacifique et imperturbable, sans même se forcer, avec cet odieux voyageur qui déboule dans le train en ralant ? Ils me donnent là une belle leçon de philosophie et de maitrise de soi !

Et puis on discute pas mal en buvant le thé. Ces deux étudiants en informatique fraichement diplomés viennent juste de quitter leur Sikkim natal pour venir chercher du travail dans le sud de l’Inde en pleine effervescence.

A la nuit tombée Pramod m’invite à partager sa couchette au lieu de la récupérer intégralement, ce que je refuse absolument, par politesse. Et puis il insiste, il n’acceptera pas de me laisser dormir par terre. Allez, d’accord !  On va être serrés mais c’est mille fois mieux que de dormir sur le sol du train dans toute cette crasse. D’ailleurs la couchette est tellement petite et étroite que nous sommes obligés de dormir tête-bêche, pliés en quatre, et avec une jambe dans le vide !

Je passe une très mauvaise nuit mais j’arrive quand même à gratter quelques heures de sommeil. Je crois que Pramod a bien dormi, et c’est tant mieux. Il a monopolisé tout le lit, toute la nuit ! Mais je ne peux pas lui en vouloir ! Je réalise à quel point j’ai été chanceux de le rencontrer, sinon ça aurait été la nuit blanche. Et une nuit blanche assis par terre au prix d’une couchette, ca aurait fait mal aux fesses… Alors merci les mecs, et surtout merci Pramod !

Nous échangeons nos numéros de téléphone et nos comptes Facebook avant de nous dire au revoir. Car au delà du partage de couchette ce fût une vrai belle rencontre, innoubliable.

Arrivé à Chennai à 4h30 du matin je récupère mon sac-à-dos qui a servi d’oreiller toute la nuit au copain de Pramod sur la couchette infèrieure. Puis je les remercie infiniment de leur hospitalité dans ce petit coin de wagon-dortoir qu’ils ont bien voulu partager avec moi le temps d’une nuit. Eux vont rester dans le train jusqu’à Bengalore, encore 8 heures de voyage je crois. Au revoir les amis et sachez que je ne vous oublierez pas…
.

Un bref passage à Chennai

DSC02990 [600x450 (tdm_blog)]Gare de Chennai, province du Tamil Nadu dans le Sud-Est de l’Inde.

Une nouvelle province, une nouvelle langue et une nouvelle écriture que je découvre sur les panneaux d’affichage de la gare : le tamoul. Et une fois de plus cette impresison étrange d’arriver dans un pays différent mais pas tout à fait non plus…

Et puis je dois dire que je suis agréablement surpris en descendant du train : la gare est propre, vide de monde, et, fait absolument incroyable en Inde : il y a des poubelles sur le quai ! Et non pas une seule poubelle mais une tous les 20 mètres environ. J’hallucine. Suis-je toujours en Inde ? Il semble bien que oui pourtant.

A défaut de pouvoir dormir je patiente tranquillement dans la gare jusqu’à 7h00, écouteurs sur les oreilles, absorbant sous forme de livre-audio la spiritualité abyssale de Monsieur Eckart Tolle.

Je m’enfile un rapide petit-dèj constitué des restes de « riz biryiani de la veille en doggy-bag » accompagnés de quelques bananes. Me voilà opérationnel !

Le jour se lève lentement sur Chennai, les trains viennent et puis s’en vont, des voyageurs montent ou descendent par vague mais toujours dans le calme et en petit nombre. Quelle tranquilité pour une si grande ville après tout ce que j’avais pu voir en Inde jusqu’à aujourd’hui. C’est bluffant.

Je quitte la gare en suivant le mini-plan sur l’écran de mon appareil-photo, il me faudra environ une heure de marche pour rejoindre le quartier que j’avais repéré sur internet, avant de trouver enfin un hôtel. Et quelle chaleur là dehors !

Sur la route, d’immenses et immondes bidonvilles s’étalent en bordure de rivière et le long des lignes de chemin de fer. Les trottoirs adjacents sont couverts d’extréments humains, l’odeur est insoutenable. Je comprend, il n’y a pas de toilettes pour les centaines ou les milliers de personnes qui habitent ces quartiers de misère, alors les WC c’est sur le trotoir. Ils en sont parfois intégralement couverts, au point que je suis obligé de marcher sur la route, c’est effrayant. Un gamin de 10 ans le cul à l’air vient de finir ses besoins sous mon nez sans se soucier de qui que ce soit, c’est normal, tout est normal… Ca me rappelle Mumbai, des scènes de déjà-vue, mais là quand même… c’est démesuré.

Et puis me vient en tête une question : Pourquoi ces gens ne font-ils pas leurs besoins dans le caniveau ? Au lieu de couvrir les zones piétonnes qui deviennent alors inutilisables. Enfin, merde !? C’est le cas de le dire…

D’ailleurs, il semble que personne en Inde n’ait vraiment compris le concept de « trottoir » comme étant une zone permettant aux piétons de… marcher ! Car entre les « trottoirs-toilettes », les « trottoirs-déchetterie », les « trottoirs-shopping-mall », les « trottoirs-prairie » avec des poules, des chèvres et des vaches qui brouttent l’herbe, heu non pardon, les ordures, mais aussi les « trottoirs-forêt » couverts de gros arbres qui sortent du bitume et empêchent de passer, les « trottoirs-toile-d’araignée » avec des centaines de câbles électriques emmêlés dans tous les sens et à toutes les hauteurs qu’il faut déjouer prudemment pour pouvoir passer…. Non vraiment, l’utilisation du trottoir est bien différente de celle qu’on connait par chez nous !

Alors les piétons ont trouvé la solution ultime : ils marchent sur la route ! Comme si le chaos routier n’était pas assez conséquent : les bouchons, les rickshaws, les camions, les voitures, les motos, les animaux, le bruit infernal, la poussière, les fumées d’échappement, eh bien non, ca ne suffit pas, il faut aussi y rajouter les piétons pour que le chaos soit total !

.

DSC03007 [600x450_portrait (tdm_blog)]
Le Mahatma Gandhi lui-même, Père de la nation indienne, ne disait-il pas que « la propreté s’apparente à la dévotion » (Cleanliness is close to godliness) ?

.

En attendant mon vol pour Colombo je pose mes valises pour deux nuits au « Paradise Guesthouse » un petit hôtel confortable et bon marché situé dans le quartier de Triplicane.

Je profiterai de ce temps libre pour visiter Chennai au rythme de la marche, des tchai au coin de la rue et des crèmes glacées le long de la seconde plus longue plage du monde : Marina Beach.

.

DSC03008 [600x450 (tdm_blog)]

.

DSC02998 [600x450 (tdm_blog)]

.

Départ vers le Sri Lanka !

Mon visa indien expire demain et comme je n’ai toujours pas obtenu mon visa iranien, et que je ne peux pas renouveller directement le visa indien, je vais d’abord aller passer deux semaines et demi au Sri Lanka (1h20 de vol) avant de revenir en Inde pour terminer les démarches administratives auprès du consulat iranien d’Hyderhabad…

Je prends une sorte de train de banlieue pour me rendre à l’aéroport de Chennai, le trajet se déroule plus ou moins facilement et ne coûte qu’une poignée de roupies… Mais il faut quand même demander de l’aide aux passagers pour savoir quel train prendre et où s’arrêter car rien n’est intuitif, de plus les trains sont tellement bondés qu’on ne sait jamais dans quelle station on se trouve.

L’aéroport de Chennai est encore en construction et seule une toute petite partie est ouverte au public. Il me sera impossible de rentrer dans les bâtiments plus de 3 heures avant le vol… Je devrai donc patienter toute l’après-midi et toute la soirée à l’extèrieur, sur les terrasses d’accès… Alternant lecture, musique, sièstes, snacks et ballades ennuyeuses…

Et puis je m’envole pour Colombo au milieu de la nuit. A moi le Sri Lanka !

.

india-map-itinary_2014_(1) [1024x768 (tdm_blog)]
Mon trajet en Inde sur cette partie de voyage : Kolkata, NJP, Darjeeling et le Sikkim, puis retour à Siliguri/NJP, puis retour à Kolkata. Ensuite : Visakhapatnam et Chennai. (Cliquez sur la carte pour l’agrandir)

.

.

<— Article précédent | Article suivant —>

.

.

Commentaire(s) (8)

salut

Encore merci de nous faire partager le fin de ton incroyable périple. c’est toujours un plaisir de découvrir un nouvel article…

Merci beaucoup Dan !
J’avais peur que cet article soit (beaucoup) trop long et (beaucoup) trop chargé… Ca me rassure un peu ! :-)

Merci, cette série « Carnets des Indes » est excellente. Le passage sur yogo (que je lis de temps en temps) est un peu court. Comment peut-on payer une chambre et ne pas l’utiliser ? ;-)

Bonjour très cher LecteurAssidu,

C’est vrai que j’ai peu écrit sur notre rencontre avec Yogo, peut-être parce que ce fût très court, ou parce que nous avons passé notre temps à discuter ! Mais nous n’avons pas voyagé ensemble ni même fait d’activités particulières, alors, que raconter de plus?

Je regrette simplement que le temps nous ait manqué pour passer -au moins- quelques jours ensemble à bourlinguer ou à faire du stop ou une petite randonnée… C’est vraiment bête.
(Je le recroiserai à Mumbai/Bombay après mon retour du Sri Lanka mais assez furtivement…)

Enfin, oui la chambre d’hôtel, je n’avais pas prévu de rester à dormir ! Et puis elle aura au moins eu l’avantage de garder mes affaires pendant que je me baladais « léger » à l’autre bout de la ville :-)

Bonjour Julien!

Je viens de tomber sur ton blog alors même qu’on part avec une amie à deux en PNG ce soir pour deux semaines, sans avoir rien organisé, car très compliqué de faire ça à distance sans passer par les tours operators qui facturent une fortune… bref on est à l’arrache et on a entendu tellement d’histoires différentes sur le pays qu’on ne sait plus quoi penser… quelles sont tes recommandations? Sachant qu’on va compter sur notre feeling, les rencontres faites et les guides locaux – s’il y en a- pour découvrir une partie du pays… merci de ton retour!!! Anna

Bonjour Anna !

Je te rassure tu n’as pas besoin de passer par un tour operator pour visiter la Papouasie-Nouvelle-Guinée, ton voyage n’en sera que plus authentique (et accessoirement beaucoup moins cher!). Mais un minimum de préparation est quand même nécessaire, surtout pour une durée de voyage aussi courte qui ne vous laissera pas le temps de « perdre du temps » sur place à organiser les choses au dernier moment !

Et n’oubliez pas que la PNG est un pays vraiment à part, avec pratiquement aucune infrstructure touristique existante, et même très peu d’infrastructures de transport (routes, bus…) ou d’hébergement.

Je te conseille de jeter un oeil à cet article dans lequel je résume mes 2 mois de voyage en PNG (mon dernier voyage en 2013) :
–> http://tourdumonde2010.free.fr/wordpresstdm/?p=9234

Cet article a l’avantage de reprendre les liens vers tous les articles détaillés que j’ai pu écrire sur les différentes lieux visités. J’y ai aussi fait quelques bilans chiffrés et d’autres plus sibjectifs sur différents aspects de mon voyage en PNG.
Commence par là si tu cherches des infos ! ;-)

Vive le Sikkim qui nous a retaper notre ami!
Je regrette de l’avoir raté dis donc.
Une bonne raison de revenir.
Le plan d’un futur voyage en Inde : Sikkim, et retour au Ladakh et Cachemire. Le reste, beaucoup plus incertain :-)

Vive le Sikkim, vive le Ladakh, vive le Cachemire !
Vive l’Inde et vives les Indes !

Personnellement, un futur voyage en Inde serait orienté à 50% sur les régions himalayennes (Ladakh et Cachemire, peut-être un retour au Sikkim et/ou l’Inde du Nord-Est) et puis j’irai aussi explorer les merveilles du Rajasthan, et je retournerai dans le Bihar au nord : Bodhgaya et sa région.

Ecrire un commentaire