Vanimo, dernière étape en Papouasie-Nouvelle-Guinée… Direction l’Indonésie !

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Publié par Froggy | Classé dans Océanie | Publié le 01-09-2015

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Introduction

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Je quitte Wewak le mardi 29 Octobre, après presque 3 semaines à Mangar Beach dont une dizaine de jours cloué au lit à soigner ma crise de paludisme. Le jour de mon départ, c’est toute la communauté qui est attristée de me voir partir. Mummy Lynne pleure, elle n’est pas la seule. Je brois du noir de quitter ma famille d’accueil et de reprendre la route vers l’inconnu, tout seul à nouveau, et touchant presque à la fin de mon périple dans ce beau pays qu’est la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Mon pays de coeur.

Cet après-midi mon ami Jethro m’accompagne avec Charlton et Lindsey du côté de la marina pour y trouver une jeep allant vers Aitapé, petite ville situé à 180 km à l’ouest de Wewak.

Quand la jeep arrive enfin et que je monte dedans, le chauffeur est tellement pressé de partir que je n’ai à peine le temps de dire au revoir à Jethro et Charlton. Tout se passe très vite, à peine assis dans la remorque au milieu des autres pasagers, mon sac entre les jambes, je vérifie que rien n’est oublié et nous voilà déjà à l’autre bout de la ville.

Je n’ai jamais compris pourquoi nous étions parti si vite du centre-ville car nous allons ensuite passer des heures et des heures stationnés quelque part dans la banlieue de Wewak à attendre… quoi ? D’autres passagers ? D’autres marchandises ? Je ne l’ai jamais su non plus… Une demi-journée à attendre dans la remorque et dans la chaleur du soleil sans la moindre idée de l’heure à laquelle nous allons réellement partir ! Et je me sens terriblement seul parmi tous ces inconnus, repensant déjà avec beaucoup de nostalgie à mes compagnons de Mangar Beach qui me manquent alors que je n’ai pas encore quitté la ville…

(Suite à une succession de problèmes informatiques et un vol de matèriel -beaucoup plus tard en Europe- j’ai perdu toutes mes photos et vidéos sur cette pèriode de mon voyage… Cet article ne contiendra donc malheureusement pas de photos à jour. Seules quelques photos d’archive, datant de 2011, viendront illustrer le texte)
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En piste pour Aitapé !

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C’est finalement dans la soirée que nous quittons Wewak, pour de bon cette fois, et c’est presque un premier pas en dehors de la Papouasie-Nouvelle-Guinée que je fais en quittant la ville car ce voyage vers la frontière indonésienne doit aller vite, le plus vite possible, mon visa étant déjà expiré…

Il me faudra encore quelques jours avant d’arriver à la frontière mais je ne sais pas précisément combien, tout dépendra des conditions de route mais aussi du temps nécessaire pour obtenir mon visa indonésien.

Avant de partir du village Mummy Lynne avait eu le soin de me donner le contact de l’un des membres de sa famille à Aitapé, un certain Bryan, assez haut placé politiquement et connu de tous dans la région. Je ne devrais pas avoir de mal à le trouver. Je crois aussi que Jethro a eu le temps d’en toucher un mot au chauffeur de la jeep, je n’aurai donc en théorie pas de soucis à me faire pour trouver où dormir ce soir.

Quatre heures sur une piste forestière en très mauvais état, assis dans la remorque de la jeep, voyageant dans des conditions de conforts à la limite du supportable mais si courantes en Papouasie qu’elles en deviennent presque acceptables. Il faut dire aussi que le temps passe vite en compagnie des Papous qui se plaisent à discuter même dans les pires conditions.

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(Photo d’archive) – Ici une belle portion de piste entre Wewak et Aitapé.

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Nous arrivons à Aitapé au milieu de la nuit et c’est Bryan le « concilor » (chef du conseil municipal d’Aitapé) qui me reçoit chez lui après que la jeep m’ai déposé devant sa maison.

C’est génial, les Papous sont incroyables ! Sans même prendre le temps de m’expliquer ce qu’ils font, ils s’occupent toujours d’organiser les choses afin que mon périple se déroule sans embûche, et surtout pour que je ne me retrouve jamais seul en arrivant dans une ville.

Un accueil des plus chaleureux et de brèves présentations dans la lueur d’une lampe électrique, et puis comme une étrange impression de déjà vu… ll me semble le reconnaitre, ce Bryan, ainsi que ces lieux, cette maison aussi me semble familière… Je me rends compte alors que je suis déja venu ici 2 ans plus tôt, et que c’est ce même Bryan qui m’avait hébergé à l’époque, avec Adrien, lorsque nous faisions le trajet inverse depuis l’Indonésie… Incroyable ! Quelle coïncidence et quelle heureuse surprise de revoir des têtes connues jusqu’alors enfouies dans ma mémoire.

Malgré l’heure tardive, mes excuses de débarquer ainsi au milieu de la nuit, on me fait l’honneur de m’apporter un repas chaud avant de me présenter mon lit pour la nuit. C’est incroyable, même après 2 mois en Papouasie-Nouvelle-Guinée je suis toujours bluffé par l’hospitalité et la délicatesse des Papous à l’égard des voyageurs.

Tout le monde est maintenant très fatigué et Bryan m’annonce que je vais devoir me lever très tôt demain matin, vers 6h00 si possible, afin d’embarquer sur un zodiac à destination de Vanimo. Il m’explique que la piste forestière reliant Aitapé à Vanimo est en trop mauvais état en ce moment à cause des fortes pluies, qu’elle est impraticable à tout véhicule. (Piste que j’avais pourtant pu emprunter 2 ans auparavant à bord d’une jeep). Dorénavant il n’y a pas d’autre choix que le bateau pour avancer. J’obéis les yeux fermés, je les laisse organiser mon périple pour moi car ils connaissent leur pays mieux que moi !

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En bateau, direction Vanimo !

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Après quelques heures de sommeil et un petit déjeuner succin, nous rejoignons à pieds la plage de sable et de roches où le petit bateau m’attend pour partir, déjà occupé par plusieurs passagers.

Sortir de la crique n’est pas chose facile, les vagues nous repoussent vers la plage et manquent de nous submerger à chaque tentative de départ, nous prenons l’eau, nous écopons alors comme nous pouvons, avec les mains et à l’aide d’un vieux seau abimé. Nous sommes trempés par les vagues latérales qui s’abbatent sur nous mais les bagages sont en sûreté, c’est tout ce qui compte, au sec sous une multitude de bâches en plastique.

De nombreux essais seront nécessaires avant d’arriver enfin à quitter la zone très agitée de l’intérieur de la baie et du bord de plage. Sacrées frayeurs… Mais une fois sorti de la crique les vagues disparaissent et plus nous nous éloignons de la côte, plus la surface de l’eau devient l’impide. Nous pouvons alors mettre les gaz et garder le cap, tout droit vers l’Ouest. Direction Vanimo.

Quatre heures de zodiac nous sont nécessaires pour effectuer les 130 km qui séparent Aitapé de Vanimo. Quatre heures de navigation sur une mer calme et sous un ciel ensoleillé, longeant de loin la côte absolument magnifique : petits ilôts solitaires entourés de sable blanc, côte rocheuse couverte de forêt tropicale. J’en prends plein les yeux et j’en oublie presque la tristesse du départ de Wewak et l’amertume de mon profond sentiment de solitude.

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Vanimo, terre de souvenirs

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J’arrive à Vanimo en fin de matinée, débarquant dans la baie sur une magnifique plage de sable fin aux eaux turquoises, bordée de petits arbres et de cocotiers. Là encore, des souvenirs totalement enfouis dans ma mémoire ressurgissent au grand jour et je reconnais cette même baie, cette même plage où j’avais débarqué 2 ans plus tôt en jeep, fraichement arrivé d’Indonésie. J’ai l’impression d’être projeté 2 ans en arrière, tout me revient, la découverte emmerveillée de cet endroit magique et ma toute première baignade en Papouasie-Nouvelle-Guinée dans une eau de cristal. Paysage féerique et fabuleux souvenirs. Qu’il est beau ce pays !

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(Photo d’archive) – La baie de Vanimo et la plage où je débarque aujourd’hui sous un soleil radieux. Beaucoup d’émotion en arrivant…

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Je crois reconnaitre, en remontant la rue qui longe la plage, la dame qui tient le petit stand de bonbons et de noix de bétel à l’ombre d’un gros arbre. M’avançcant vers elle puis engageant la discussion, elle me confie que ma tête ne lui est pas inconnue non plus, nous serions nous déjà rencontrés 2 ans plus tôt…? Très aimable, parlant un anglais courtois, nous discutons un moment en mâchouillant des noix de bétel puis elle m’invitera même à dormir chez elle dans le cas où j’aurais besoin d’un hébergement pour la nuit.

Mais j’ai déjà un contact à Vanimo, contact que m’avait donné Mummy Lynne avant de quitter Wewak. La petite dame du stand semble décue que je ne puisse pas répondre à son invitation ! Ca n’est que partie remise !

En face de la plage, juste derrière les arbres, se trouve un luxueux hôtel comportant lui aussi son lot de souvenirs. Je passe faire un tour à la réception avec l’espoir de retrouver Stella qui, 2 ans plus tôt et en ce même lieu, nous avait invité Adrien et moi à dormir chez elle après nous avoir annoncé le prix exorbitant des chambres d’hôtel (qu’elle même considérait ridiculement hors de prix, de l’ordre de 100-200€). Stella et sa famille fûrent nos tout premiers hôtes en Papouasie-Nouvelle-Guinée, les gens chez qui nous avions passé notre première nuit, et ca aurait été un immense plaisir que de les revoir. Malheureusement la jeune femme qui me reçoit à la réception de l’hôtel m’explique que Stella est parti travailler à Madang l’an dernier, elle ne vit plus ici. Quelle déception !

De plus, à cause de mon visa qui est maintenant expiré et du compte à rebours qui a commencé, je ne peux plus me permettre de repasser à son petit village pour aller dire bonjour à son cher et vieux papa Stanis, à son mari Jude, et au reste de la famille… Je suis frustré de passer si prêt sans avoir la possibilité de les revoir. Encore une fois je me console en me disant que je reviendrai un jour…

J’attaque maintenant les démarches administratives au consulat d’Indonésie, le jour même de mon arrivée à Vanimo. Le consulat se trouve d’ailleurs à 200 mètres de la plage où j’ai débarqué en zodiac, dans cette charmante petite ville de Vanimo. Je confie mon sac-à-dos à ma copine du stand de noix de bétel sur la plage, ne gardant avec moi que ma petite pochette contenant passeport, argent et photos d’identité.

Comme d’habitude, je me rend au guichet du consulat après avoir parcouru les différentes notes d’informations affichées au mur, la routine des demandes de visa ne me fait plus peur ! Tous mes documents sont prêts, j’y laisse mon passeport, quelques formulaires « dûment » remplis, le tout accompagné de 135 Kina… l’équivalent d’une cinquantaine d’euro, pas donné le visa indonésien ! On me demande de repasser le lendemain afin de récupérer le passeport et le visa.

Je passerai ensuite l’après-midi à me balader dans Vanimo, accompagné de 3 grands gars qui, prévenus de mon arrivée par téléphone (par Mummy Lynne), sont venus à ma rencontre. Le soir nous prenons le minibus pour aller passer la nuit dans leur famille, dans un camp forestier situé à plusieurs kilomètres de la ville, appelé Sawmill (la « scierie »), dont la maison se situe tout près du grand bâtiment appelé « Green House ».

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Sawmill – Green House

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Je rencontre alors Mama Root, qui est la soeur de ma chère Mummy Lynne de Wewak, ainsi que Rassie, Jeffret et le reste de la famille, tous très heureux d’accueillir pour la première fois un « white man » , un étranger, dans leur village qui est en fait un camp d’exploitation forestière. (Tient, quel curieux hasard, mon périple en PNG débuta avec l’indsutrie du bois et son réseau de transport, il va se terminer ici, à l’autre bout du pays, dans un environnement similaire).

Des dizaines de petites maisons faites de planches de bois et d’architecture moderne, construites à l’identique les unes à côté des autres comme alignées devant une route imaginaire, bordées d’arbres et de terre fraiche, des interieurs plutôt étroits et des pièces de vie assez sombres, une rivière fraiche et vivifiante en guise de salle de bain à quelques minutes de marche du lotissement, le tout entouré de forêt à perte de vue… Un environnement de vie agréable mais dépourvu de tout commerce et de toute activité.

Ce soir je passerai un coup de téléphone à mes amis de Mangar Beach pour leur dire que tout va bien et que je suis arrivé comme prévu chez Mama Root. Nous passons alors un très long moment à discuter, à chanter et à nous remémorer les souvenirs si proches mais déjà si lointains du temps où j’étais leur hôte à Mangar Beach. Nous savons que c’est peut-être la dernière fois que nous avons la possiblité de passer du temps au téléphone, sachant que demain, ou après-demain, j’aurai quitté le pays… Je me souviendrai toujours de ce dernier coup de fil, ce dernier véritable échange avant le grand départ, chargé d’émotion, d’espoir et de mélancolie, assis sur les marches de bois menant à la porte d’entrée de la maison de Mama Root, dans la pénombre et dans la douceur du soir.

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Mission : visa indonésien

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Le lendemain, retour au consulat d’Indonésie où les choses ne se passent pas comme prévues… Le visa n’est pas encore prêt, on me dit que ce n’est pas possible. L’agent consulaire cherche à savoir pourquoi je fais une demande pour un visa de 60 jours et non de 30 jours comme le font 99% des demandeurs. Je lui explique alors mes plans de voyage en Indonésie, les différentes iles que j’ai prévu de visiter, le rendez-vous pris avec mon frère à Makassar fin Novembre… J’ai absolument besoin d’un visa de 2 mois pour rendre tout celà possible. (Je ne lui parle même pas de mon intention de re-prolonger mon visa une fois sur place!). Comprenant que je suis bien décidé à obtenir ce que je veux, il me demande de patienter un instant dans le grand hall de réception.

C’est le consul en personne qui me reçoit avec son air sèrieux, légèrement autoritaire et surtout très perplexe. Et c’est un entretien d’une heure auquel j’aurai droit, chacun de nous étant bien installé dans deux sofas se faisant face et séparés par une jolie table basse en verre au dessus de laquelle est suspendu un très gros lustre. Je devrai répondre à des dizaines de questions concernant : le pourquoi de mon voyage en PNG, le pourquoi de mon voyage en Indonésie, et pour quelle raison un mois de visa n’est-il pas suffisant. Mais aussi des questions plus personnelles concernant mon travail et mes rentrées d’argent, ma capacité à financer 2 mois de voyage en Indonésie, mes connaissances de la langue pidgin et de l’indonésien, mes éventuelles relations/contacts des 2 côtés de la frontière, etc. Un véritable interrogatoire auquel je me devrai de répondre le plus authentiquement possible, essayant d’être persuasif, tout en restant neutre, naturel, et surtout, surtout, ne pas donner l’impression d’être un journaliste, un reporter ou un sympathisant de la cause des « Papous de l’Ouest » qui revendiquent leur autonomie sur l’Indonésie… Car c’est là, je le sais bien, que se situe le coeur du problème !

En effet, la Papouasie Occidentale (West Papua) est un peu à l’Indonésie ce que le Tibet est à la Chine : un territoire contrôlé « illégalement » dont beaucoup d’habitants natifs souhaiteraient obtenir l’indépendance. Un terrible conflit fait rage en « West Papua » (dont on n’entend pas beaucoup parler en France…) entre l’armée indonésienne et la population papoue qui tente de survivre sous les balles de l’impérialisme.

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PNG & West Papua MAP_2b [600x450 (tdm_blog)]

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Sans vraiment le laisser transparaitre, le consul a l’air plutôt convaincu par mon discours, ranimant en moi l’espoir d’obtenir ce visa dont j’ai tellement besoin pour continuer… Puis, prenant quand même tout son temps pour réfléchir et imaginer de nouvelles questions, il manipule mon passeport et le réouvre afin de l’examiner plus en détail, s’arrête sur mon visa PNG, et, à ma grande inquiétude, réalise maintenant que le visa est expiré… C’est l’angoisse ! Moi qui croyais en avoir terminé, je vais devoir justifier de ma situation présente, étant quasiment dans l’illégalité, tout en restant convaincant sur tout le reste…

Je lui explique donc que j’ai été malade à Wewak, que j’ai été hospitalisé pour une crise de paludisme, que pendant plus d’une semaine j’étais sous traitement médical et totalement inapte à prendre la route. J’ai d’ailleurs un document officiel délivré par l’hôpital de Wewak qui le prouve.

Je lui sors ce document magique de ma pochette qu’il va examiner lentement en long en large et en travers. Volontairement je dépose aussi sur la table mon carnet de santé papou et d’autres documents afin qu’il n’est aucun doute sur la véracité de mes arguments. Il semble convaincu.

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Certificat médical

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Toujours pas fatigué de me tester et de m’embêter, il insiste maintenant sur le fait que 2 mois de voyage en Indonésie, ca demande beaucoup de ressources financières, au minimum plusieurs milliers de dollars !! Je rigole intérieurement car je sais qu’on peut vivre dans de bonnes conditions pour à peine quelques centaines de dollars par mois. Mais extérieurement, je ne rigole pas ! Nouvelle botte secrète un peu périmée, je lui sors un justificatif bancaire sur lequel est indiqué la somme d’argent disponible sur mon compte Westpac australien, daté et signé officiellement en agence (un document dont j’avais eu besoin en Australie 3 ou 4 mois plus tôt pour obtenir le visa PNG). Le problème, c’est que le document est maintenant périmé de plusieurs mois… et qu’il ne prouve pas que j’ai encore autant d’argent sur mon compte… Il me pousse à bout ! Encore de longues minutes à lui expliquer ma situation financière et professionelle (fictive!), et mon expérience de voyage qui me porte à croire que j’aurai largement assez d’argent pour passer 2 mois en Indonésie, voyageant comme à mon habitude à petit budget.

Enfin, car ca n’est pas fini, Monsieur le Consul devenant de plus en plus agaçant me demande de lui montrer le billet d’avion qui me permettra de quitter l’Indonésie pour rentrer chez moi. Je n’en ai pas, évidemment, car je ne vais pas prendre l’avion, mon objectif étant de voyager SANS prendre l’avion ! Mais comment expliquer ce concept un peu particulier à ce type qui ne conçoit le voyage qu’à travers des vols long courrier, des taxis privatifs et des hôtels luxieux…? Je lui réponds simplement que j’ai l’intention de quitter l’Indonésie en ferry vers Singapore afin de prendre l’avion plus tard. Un itinéraire terrestre et maritime que j’ai déjà emprunté 2 ans plus tôt dans l’autre sens et que je peux donc lui décrire avec beaucoup de détails, d’assurance et de conviction.

Arrivé au bout de ses questions, ayant exploité toutes les failles et ne sachant plus quoi ajouter, il s’en retourne sans rien dire à son bureau, toujours en possession de mon passeport, pour revenir 5 minutes plus tard en me souhaitant simplement un bon voyage en Indonésie. Puis il disparait à nouveau, fier et élégant. Je m’empresse alors d’ouvrir mon passeport en priant pour avoir obtenu les 60 jours demandés…

C’est gagné ! Je saute de joie !

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Visa indonésien de 60 jours obtenu à Vanimo (en bas), et visa PNG (en haut)

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Lorsque je sors du consulat, il est trop tard pour prendre le bus vers la frontière, je viens de rater le dernier à une demi-heure près. Il me faudra donc attendre le lendemain. Retour à Sawmill dans la famille de Mama Root qui m’héberge pour une deuxième nuit. Ce sera ma toute dernière nuit en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

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En route pour l’Indonésie

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Le jour du départ je rencontre Peter dans le bus, il est mon voisin de siège. Nous discutons beaucoup, lui est originaire de PNG mais vit la plupart du temps à Jayapura en Papouasie indonésienne (West Papua) avec sa femme orginaire de Wamena. Il a l’habitude de faire ce trajet entre Vanimo (PNG) et Jayapura (Indonésie).

Sur la route, je reconnais avec émotion le petit village où habitaient Stella et Stanis, il me semble même identifier leur maison sous les grands arbres, juste à droite de la route, au bord de la plage. Mais il est trop tard pour faire du tourisme, et trop tard pour aller leur dire bonjour, je dois impérativement quitter le pays aujourd’hui.

La route est magnifique, étroite et goudronnée, nous traversons une véritable forêt de cocotiers parsemée de petits villages. On arrive parfois à distinguer sur notre droite, derrière l’épaisseur des arbres, l’océan bleu azur scintillant sous une pluie de lumière.

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(Photo d’archive) – La « route des cocotiers » entre Vanimo et la frontière indonésienne

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Après une petite heure à parcourir mes derniers kilomètres de paradis, le minibus s’arrête à Baturst, la zone frontière, et il n’ira pas plus loin. Nous devrons ensuite traverser à pieds avant de récupérer d’autres moyens de transport côté indonésien.

Nous passons dans les différents bureaux des douanes, d’abord l’immigration PNG qui valide ma sortie du pays, puis quelques dizaines de mètres plus loin l’immigration indonésienne qui approuve mon entrée sur son territoire. A ma grande surprise, le douanier papou ne remarque même pas que mon visa est expiré depuis plusieurs jours ! Ouf ! Quant à mon visa indonésien il est parfaitement en règle et je n’ai donc aucun problème pour obtenir le coup de tampon magique qui annonce quelque chose que je traduirais par « Bienvenue en Indonésie ! »

Les postes frontière sont situés au milieu de la forêt, il n’y a pas de ville ni d’habitations mais seulement une sorte de petit marché à ciel ouvert proposant des centaines de produits « made in Indonesia » : alimententation industrielle, vêtements, jouets, électronique, etc. Et la possiblité de changer des Kina (PNG) en Roupiah (Indonésie) auprès de certains vendeurs. Mais les taux de change ici sont très élevés… Comme il me reste suffisamment de Rupiah en poche (d’il y a 2 ans), j’arriverai à me débrouiller en attendant d’être à Jayapura.

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(Photo d’archive) – Zone frontière

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Province indonésienne de Papouasie Occidentale (West Papua)

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Une fois passée la frontière nous sommes encore loins d’être arrivés, il nous reste environ 2 heures de route pour rejoindre la prochaine ville : Jayapura. La solution facile et évidente pour le voyageur de passage est de monter dans le premier taxi venu qui charge plein tarif le confort de son véhicule (200000 Rupiah, 20$), sans oublier bien sur le supplément « touriste » pour une tête comme la mienne. Mais grâce à Peter qui m’accompagne depuis Vanimo et qui fait régulièrement le trajet, je ne me ferai pas avoir comme un bleu ! Peter m’entraine avec lui dans son périple rocambolesque : Nous embarquons d’abord sur des motos-taxi qui nous déposerons au village de Koya (pour 60000 Rupiah par personne, environ 6$), de là nous cherchons un taxi-partagé allant jusqu’au grand marché de « Abbey Passar » (15000 Rp, 1,5$), avant de monter à bord d’un pete-pete (sorte de minibus) allant à Jayapura (10000 Rp, 1$).

Au lieu de payer le prix fort en taxi (entre 200000 et 300000 Rp, soit 20-30$), le même trajet m’a couté seulement 8,5 $ grâce à la présence et à l’expèrience de Peter. Sans lui, je n’aurais pas pu en faire autant car personne ne parle anglais de ce côté de la frontière. Il faut dire aussi que je débarquais ici comme un cheveu sur la soupe, sans aucune idée de ce à quoi m’attendre ! Pour le remercier je souhaite l’inviter à diner ce soir, mais c’est lui qui finira par me convaincre de venir manger à la maison en compagnie de sa femme, puisqu’il m’invite aussi à dormir chez lui ce soir.

Peter et sa femme vivent dans le quartier de Sentani, dans l’agglomération de Jayapura. Ils ont une jolie maison derrière laquelle ils élèvent des porcs et des canards autour d’une petite mare. Peter vit aussi de son commerce de vêtements entre l’Indonésie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Ce soir, un repas copieux m’attends mais aussi un vrai lit avec matelas pour la première fois depuis plusieurs semaines. Peter et sa femme me parlent de leur vie en West Papua et du conflit qui les oppose au gouvernement indonésien, dont je vous parlerai dans le prochain article. Demain je rejoindrai mon autre contact à Jayapura, contact que m’avait donné Mama Root lors de mon court séjour à Vanimo.

Et me voilà en Indonésie. Enfin presque !

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Route Wewak-Jayapura LARGE [600x450 (tdm_blog)]
Dernière ligne droite en Papouasie-Nouvelle-Guinée : Wewak –> Aitapé –> Vanimo –> passage de frontière –> Jayapura (Indonésie, West Papua)

Route Wewak-Jayapura ZOOM
Mon parcours en surface depuis Wewak jusque Jayapura en Indonésie (West Papua). En marron par la route/piste, et en bleu par la mer.

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Commentaire(s) (5)

C’est encore bien joli à lire tout cela, surtout le moment où tu nous tiens en haleine avec « Monsieur le Consul » et ton passeport + Visa. Là, oui on doit avoir des sueurs froides…. Et heureusement que tu avais rangé soigneusement tous tes documents et en particulier le certificat médical.
Ce que j’aime aussi c’est que ces gens sont d’une humanité pour recevoir et aider, faire jouer leurs connaissances, familles et amis, aider quelqu’un qu’ils ont pris sous leurs ailes, hors du commun.
C’est l’altruisme dans toute sa splendeur et je crois cela difficilement réalisable dans nos pays.
On attend encore et toujours le suite.
Dommage, vraiment dommage pour le vol des photos.
Très bien malgré-tout.

Bon, aller, bonne nuit cette fois!

Et bien avec tout ça, tu m’as bien donné envie de reprendre la route et surtout d’aller un jour rencontrer tes amis Papous.

Repose toi bien après toute cette lecture !

Qu’est ce que tu veux dire par « reprendre la route » ?
Est ce que tu t’es posé depuis quelques temps ?
Fatigué de voyager ?

Ca me fait penser que j’ai encore 2 ou 3 articles à toi en retard dans mes lectures ! Je vais commencer par aller jeter un oeil de ce côté là ! :-)

Salut je dois aller à vanimo dans 2jour tu peu avoir des contacts pour moi en Papouasie??merci

Salut Girard,
Deux jours, c’est un peu court pour répondre ! Surtout que je n’étais pas chez moi en Janvier… Navré !

Mais si tu as à nouveau besoin de contacts pour le futur (à Vanimo ou ailleurs en PNG), n’hésites pas à me demander ;-)

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