Du bateau-stop en Papouasie-Nouvelle-Guinée [2/3] : Bienvenue à bord !

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Publié par Froggy | Classé dans Océanie | Publié le 06-03-2014

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P1170252Cet article fait suite à celui publié quelques semaines plus tôt : « Du bateau-stop en PNG [1/3] : Enquête chez les Papous »
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Le bureau du gros-arbre

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A Daru mes recherches de bateau m’ont menées jusqu’à un certain monsieur nommé Daira Ona, présenté comme le « Chairman » , le chef de l’équipe d’ouvriers travaillant pour la compagnie d’exploitation forestière. C’est lui qui m’autorisera à rejoindre son équipe sur le cargo, avec l’accord du capitaine du cargo (qu’il négociera à la toute dernière minute, une fois arrivé à bord!). Il me faudra aussi obtenir l’autorisation du service d’immigration de Daru puisque le cargo sur lequel je vais voyager est un navire « international » qui arrive de l’extérieur et qui repartira ensuite vers l’Asie quand il aura terminé sa mission en PNG.

Le plus compliqué dans la préparation de ce périple fut de ne jamais savoir, pendant presque 2 semaines, quel jour allait arriver le cargo et quel jour allait s’effectuer l’embarquement. Il me faut donc aller chaque jour aux nouvelles pour être sur de ne pas rater mon cargo ! C’est sous le « big-tree office » comme je l’appelle (le bureau du gros-arbre), que je rencontre le Chairman tous les matins, assis sur l’une des énormes racines qui sortent de terre, à l’ombre des branches, lisant le journal et mâchant ses noix de bétel les pieds nus sur la terre fraiche ! Son bureau fait de racines et de terre est aussi le point de rendez-vous des ouvriers qui attendent les nouvelles du cargo tout comme moi, mais également un lieu de socialisation pour tous les Papous qui passent à cet angle de rue, mâchant et crachant tout rouge leurs noix de bétel à longueur de journée.

Les informations sur l’arrivée du cargo étant complétement aléatoires, je passerai parfois la journée entière à attendre sous le gros-arbre avec mon sac-à-dos, prêt à partir à tout moment, pour finalement rentrer dormir le soir au campement faute de bateau pour quitter Daru… Journées de perdues à attendre, stress inutile, organisation de mes affaires et préparation de mon sac-à-dos pour rien, plusieurs fois dis au revoir à tous mes camarades au campement sans savoir que j’allais les revoir le soir même… Bref, un calvaire d’organisation ce départ de Daru ! Jusqu’au jour ou enfin… l’attente ne sera pas vaine, l’information officielle sera… officielle (pour une fois) !


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J’attends sur la jetée avec mes camarades que les canots viennent nous chercher. L’un des gars me présente sa collection de bois de cerf et d’ailerons de requin, qu’il emmène avec lui sur le cargo dans le but de faire du troc avec les équipages coréens ou chinois qui en raffolent…

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Un canot vers le large

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Le port de Daru étant beaucoup trop petit pour accueillir ce genre de cargo, nous devrons le rejoindre en canot à moteur à l’endroit où il a jeté l’ancre, c’est à dire à une vingtaine de kilomètres de la côte, en pleine mer.

J’ai rejoint sur le port l’équipe constituée d’une vingtaine de travailleurs Papous et nous nous séparons en 2 canots pour rejoindre le bateau-mère. Amarrés aux roches de la jetée, les 2 canots se balancent dans les vagues en frappant la berge dans des éclats d’écume qu’il faudra d’abord déjouer pour parvenir à sauter à bord, sac sur le dos, l’esprit encore étourdi par l’âpreté des noix de bétel et par l’attente au soleil. Dorénavant, je ne connais plus personne. On me fait savoir que le Chairman nous rejoindra plus tard à bord d’un autre canot.

Je savoure cet instant à la fois magique et effrayant où je me retrouve seul à nouveau, seul avec mon petit sac-à-dos et ma tête de blanc-bec au milieu d’un groupe d’inconnus, assis au fond d’un canot balloté par les vagues en route vers l’inconnu. L’horizon comme seul point de repère. Cette sensation de lâchage, de saut dans le vide, de liberté, me rappelle la sensation physique d’un saut à l’élastique. Mélange d’excitation et de peur, tout lâcher, quitter un lieu connu, ne pas savoir où l’on va et y aller avec des inconnus en qui il faut avoir une confiance absolue car ma vie en dépend… à cet instant je n’avais aucune idée du nombre de jours que j’allais passer sur le cargo, ni de la suite des événements, en fait je ne savais même pas que le voyage en cargo ne représentait que la moitié du périple vers le camp forestier de Kamusi, et même pas certain de finir à Kamusi puis-qu’aucune information n’est fiable et que tout peut encore changer… Tout ce que je sais par expérience, où plutôt ce à quoi je dois me raccrocher pour me sentir en sécurité, c’est que je peux faire confiance aux Papous, ils ne me laisserons pas tomber. Pour le reste, c’est le bandeau noir sur les yeux.

Une demi-heure de canot nous est nécessaire pour rejoindre le cargo ancré en mer. Pendant le trajet je fais connaissance avec mon voisin papou qui s’efforce de tout son corps de me protéger des embruns qui s’abattent sur le bateau chaque fois que nous prenons une mauvaise vague. Je suis assis à l’arrière du canot, prêt du moteur, un bidon de fuel entre les jambes et les pieds dans l’eau, j’ai oublié d’enlever mes chaussures… c’est trop tard ! Le bruit nous interdit toute discussion mais les sourires qui m’entourent me mettent à l’aise. Même si je peux lire une certaine angoisse et appréhension sur les visages… ou serait-ce seulement le sérieux de visages qui partent travailler en mer pendant plusieurs semaines ?

Nous fonçons sur la surface de l’eau, le vent est fort, le canot bondit de vague en vague dans des embruns qui nous éclaboussent la figure à chaque seconde. Qu’est ce que ça va vite ! Le voyage très inconfortable mêlé à la vitesse et à l’excitation du moment me fait penser à un tour de montagnes russes avec ses looping, ses virages serrés, ses chocs violents, l’estomac en apesanteur et le vent dans les cheveux. Trente minutes de montagnes russes. Mon sac-à-dos est posé avec tous les autres sur des palettes de bois au milieu du canot, entièrement recouverts et enveloppés de bâches plastique. Si tout va bien on devrait les retrouver secs à l’arrivée.
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A l’abordage !

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Au bout de 20 minutes c’est non pas un mais 2 cargos qui apparaissent à l’horizon, ils paraissent énormes ! Nous nous dirigeons vers celui de gauche, dont je devine le nom au fur et à mesure que l’on s’approche : le « Grand Noble » écrit en lettres majuscules sur le cul du bateau. Nous ne sommes maintenant qu’à une dizaine de mètres et je peux admirer, sous mes yeux, cette montagne de ferraille et de boulons qui roule méchamment de droite à gauche. Un doute affreux monte en moi… Mais comment Diable allons-nous monter à bord de ce navire ? Je commence à comprendre… Notre pilote approche encore le canot de quelques mètres et nous nous retrouvons en face d’un petit escalier rouillé suspendu par des cordages sur le coté du cargo. Le genre d’escalier branlant et casse-gueule aux marches minuscules sur lequel on n’a pas envie de grimper. Mais ça c’est quand le bateau est amarré à la jetée est que l’ensemble est stable ! Maintenant imaginez le même escalier quand le cargo est au milieu de la mer, balloté par la houle, oscillant au gré du roulis, et que vous vous trouvez vous-même sur une toute petite embarcation assaillie de tous côtés par des vagues qui vous font danser comme une feuille morte à la surface de l’eau…

Un par un, les gars attrapent leurs sacs et attendent à l’avant du canot le moment propice pour se jeter sur cet escalier brinquebalant, l’agripper des 2 mains et remonter rapidement vers le pont pour laisser la place au suivant… Le pilote s’acharne à stabiliser le canot à proximité de l’escalier mais les vagues le maltraitent et l’en éloignent constamment. Soudain l’impression d’être tombé en plein milieu d’un épisode de James Bond. Ou d’avoir été téléporté dans le corps d’un soldat de la marine au cœur de l’action, à la façon « Code Quantum » (vous vous souvenez?). Honnêtement, je suis effrayé ! Pendant quelques minutes j’ai même envie de repartir vers Daru en canot et d’oublier ce maudit cargo !

Les sacs de provisions sont balancés un par un depuis le canot vers l’escalier où les gars les rattrapent in-extremis avant de se les passer de main en main jusqu’en haut des marches. L’un des gars me propose de s’occuper de mon sac-à-dos, je hurle intérieurement, pas question ! Je préfère le garder avec moi, sur mon dos, les sangles bien serrées autour de mes hanches et de ma poitrine. S’il doit tomber à l’eau alors je tomberai avec lui ! A la vie à la mort, comme on dit ! Avec la double responsabilité de ma propre personne et de mon sac-à-dos (qui contient toute ma vie « matérielle » de ces 4 dernières années, rappelons-le) je n’ai doublement pas droit à l’erreur…

Après avoir observé les autres faire c’est à mon tour d’aller me placer à l’avant du canot. Rester debout en équilibre n’est déjà pas évident et je dois en plus observer attentivement la façon dont les éléments se balancent les uns par rapport aux autres, guetter l’instant précis où les mouvements cumulés du canot et du cargo me permettront de me jeter sur cet escalier de malheur et de l’agripper fermement des 2 mains et des 2 pieds et de ne plus le lâcher en remerciant le bon dieu de ne pas avoir raté la marche.

Je crois me souvenir que mes camarades m’ont aidé à garder l’équilibre sur le canot, et peut-être l’un d’entre eux a du agrippé mon bras une fois sur l’escalier suspendu… Mais je n’ai pas de souvenir précis de ce moment, comme si mon état de stress avait altéré ma mémoire. Ce dont je suis sur c’est que je ne suis pas tombé à l’eau ! Je me souviens ensuite retrouver mes esprits dans l’excitation générale, le brouhaha des vagues s’éclatant sur la coque et le va-et-vient des sacs de provisions, les gars me criant de monter vers le pont supérieur pour libérer la place rapidement et accessoirement me mettre en sécurité.
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Le canot dans lequel je suis arrivé repart vers Daru, me laissant là sur un cargo au milieu de la mer. La suite des événements ? Je ne la connais pas encore…

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Sain et sauf

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Une fois toute l’équipe à bord du cargo, les 2 petits canots s’en retournent vers Daru et je prend conscience en les voyant disparaitre à l’horizon que j’ai atteint un point de non-retour. A partir d’ici il m’est impossible de revenir en arrière, c’est acté je devrait partir avec ce cargo, quoi qu’il arrive, et avec cette équipe papou que je ne connais pas encore vers une destination qui m’est inconnue.

Je prend doucement mes repère sur le cargo et découvre ce qui m’attend au fur et à mesure que les événements arrivent. Dans un premier temps nous faisons connaissance avec l’équipage qui est aux commandes du bateau : un équipage… nord-coréen ! J’ai du mal à en croire mes oreilles mais oui il s’agit bien de Coréens du Nord ! Mais que font-ils si loin de leur chère Patrie ? Eh bien… ils travaillent, comme tout le monde !

Résumons : Une équipe de matelots nord-coréens travaillant pour une compagnie de transport chinoise sur un bateau immatriculé au Panama, accompagné d’une équipe d’ouvriers papous et d’un petit voyageur français !
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Zone de tension

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Les Papous m’expliquent d’entrée qu’ils n’aiment pas les Nord-Coréens qui les font toujours dormir dehors alors que les Sud-Coréens ou les Chinois les autorisent généralement à dormir en cabine… Ce qui donne naissance immédiatement à de vives discussions entre l’équipe papou qui défend son droit à dormir en cabine et les Nord-Coréens qui refusent en bloc sous prétexte que des vols et dégradations se sont produits par le passé lorsque les Papous dorment à l’intérieur…

Ca y est, la guerre est déclarée entre la Corée-du-Nord et la Papouasie-Nouvelle-Guinée ! Et moi dans tout ça ? Journaliste de terrain pour l’AFP ! Je suis mort de rire intérieurement… Le débat durera toute la nuit avec, d’un côté : les 3 chefs de groupe papous visiblement très énervés mais qui en rajoutent une couche pour effrayer les petits Coréens avec de grands gestes offensifs et de grands cris surjoués accompagnés de petits clins d’œil furtifs à mon égard, et de l’autre coté : les matelots coréens qui se défendent tranquillement, gardant le sourire en sachant qu’ils auront le dernier mot mais aussi qu’ils n’ont rien à craindre des Papous qui ne feraient pas de mal à une mouche.

Résultat des négociations : L’autorisation de dormir en cabine est accordée aux 3 chefs de groupe papous. Le reste de l’équipe dormira dehors. Encore une fois, je rigole…. Ils sont trop fort nos « chefs », ils ont réussi à négocier LEUR place en cabine ! Qu’est ce qu’on ferait sans eux !
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Cargo-bivouac

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Nous n’avions de toute façon pas attendu la fin des négociations pour installer notre campement de fortune à l’arrière du cargo. Je m’installe donc avec toute l’équipe sur le pont arrière, sur un sol gras, huileux, rouillé, noir de crasse, entre les machines et les engrenages et les cordages de cette zone qui n’est initialement pas prévue pour y dormir… Mais qui est la seule partie du pont suffisamment grande pour y placer 20 personnes à dormir. Les Papous savent exactement ce qu’ils font : pendant que l’un d’eux s’occupe d’allumer un feu de camp dans un vieux baril rouillé, d’autres ont déjà lancés les lignes par dessus la balustrade et commencent à remonter du poisson frais pour le diner, d’autres encore sont occupés à organiser les provisions de nourriture pendant que le plus gros de l’équipe se lance dans la construction d’un immense bivouac fait de bâches en plastique gigantesques ramassées ici et là sur le bateau en se moquant éperdument des menaces des Coréens qui leurs interdisent de toucher quoi que ce soit à bord !
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Une fois recouvert de bâches le sol immonde du pont arrière, une fois notre bivouac solidement fixé par des cordes à la structure du bateau, nous pouvons enfin prendre nos aises sur ce cargo qui se transforme petit à petit en campement provisoire.

J’apprécierai la vie à bord du cargo, 3 jours et 3 nuits durant, fraternisant avec mes camarades papous adorables et toujours aux petits soins avec moi. Malgré la vétusté de l’endroit et l’absence de confort et d’hygiène, je garde un souvenir extraordinaire de cet épisode de vie pas comme les autres. Ambiance camping, ambiance chaleureuse, ambiance pêche et feu de camp, nous mangeons du poisson frais tous les jours et nous passons la nuit de longues heures à discuter prêt du feu, sous les étoiles, bol de thé entre les mains pour mieux supporter le vent nocturne, froid, qui s’abat sur notre bivouac.

Je me sens tellement bien sur ce cargo, parmi ces gens, que je me verrai bien y travailler. D’ailleurs, on m’a promis une place au sein de l’équipe, et un salaire, si jamais je reviens à Daru un jour. Et pourquoi pas ?…

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Premier soir sur le bateau. L’un des gars s’occupe de distribuer à tous les membres de l’équipe sa ration individuelle : biscuits, thé et sucre. (le minimum vital pour un Papou!)

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Deux fois par jour, la distribution du repas pour les membres de l’équipe papou (dont je fais maintenant parti) : riz blanc accompagné de thon en boite ou de corned-beef. Il est bon d’avoir un petit stock de piments frais avec soi pour agrémenter ce repas minimaliste.

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Les toilettes à l’ancienne ! Au moins, c’est propre…

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Un petit canoë-voilier traditionnel a bravé les vagues depuis le village d’Umuda avec ses crabes, ses noix de coco et son poisson frais, pour faire du troc avec les travailleurs du cargo. N’ayant, dans leur village, ni route ni magasin, ils sont surtout intéressés par des sachets de nouilles instantanées, des cigarettes, du sucre, des biscuits…

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Un remorqueur est arrivé depuis l’embouchure de la rivière Fly en trainant derrière lui sa barge chargée de bois. C’est maintenant au tour de mes camarades sur le cargo de prendre le contrôle des grues et de charger tout ce bois dans les cales de notre bateau.

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J’aurai également d’incroyables discussions avec mon camarade nord-coréen, 27 ans, officier radio sur le cargo et seul membre de l’équipage à parler anglais. Vision du monde par un Coréen Communiste… Et que pense-t-il du communisme, justement ? Et du capitalisme ? Que pense-t-il de son propre pays, des Etats-Unis, de l’Europe, de la France ? Que pense-t-il de moi, petite cigale égarée loin des siens vivant égoïstement dans l’indifférence de son pays… ?

Je n’écrirai rien de plus sur cette rencontre pour ne pas surcharger l’article, mais croyez-moi ce fut quelque chose de discuter avec un Nord-Coréen. J’ai compris beaucoup de choses ce jour là… mais j’en sais toujours pas plus sur la Corée du Nord !
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Papouasie-Nouvelle-Guinée, Corée du Nord, France… Trois pays bien différents réunis pendant quelques jours sur ce cargo par le plus grand des hasards.

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Depuis le premier point d’ancrage du cargo, où nous étions montés à bord, nous avions navigué environ 8 heures et avions jeté l’ancre au large d’Umuda, petit village de pêcheurs situé dans l’estuaire de la rivière Fly. Nous voyons à peine la côte depuis notre point d’ancrage actuel. C’est ici que les barges chargées de bois en provenance des camps forestiers viennent s’arrimer afin de transférer leur cargaison sur le cargo. Quand les cales de ce dernier seront pleines, après quelques semaines de travail, alors il repartira vers Daru pour y déposer l’équipe papou et puis s’en ira livrer ses troncs d’arbres en Chine dans un immense port industriel de la banlieue de Shanghai…
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Réflexion personnelle

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…où des camions l’attendrons pour transporter ces milliers de troncs vers des entrepôts où ils seront, j’imagine, découpés en planches avant d’être dispatchés vers des usines qui les assembleront en tables, en meubles, en lits, que vous retrouverez quelques mois plus tard chez Ikea ou Conforama.

Voici comment l’inestimable, irremplaçable, forêt native tropicale de Papouasie-Nouvelle-Guinée disparait un peu plus chaque année sous les coups des tronçonneuses, comme tant d’autres à travers le monde, pour aller fournir les meubles que vous achetez en toute insouciance au coin de votre rue.

On nous le répète souvent mais c’est tellement vrai : nous sommes tous responsables de la destruction de notre planète et de notre environnement, chaque fois que nous achetons un produit sans nous poser de question sur sa provenance où sur la façon dont il a été fabriqué nous donnons indirectement un coup de hache supplémentaire, nous abattons un arbre de plus dans cette forêt qui disparait à vue d’œil, et avec elle toute la biodiversité qu’elle abrite.

Comme… à chaque fois que nous achetons un steak au supermarché nous donnons indirectement le coup de couteau fatal dans la gorge du pauvre animal qui a passé sa vie à attendre sa mort entre 4 murs.

Comme… à chaque fois que nous achetons une paire de chaussure ou un t-shirt nous forçons indirectement des esclaves, des enfants parfois, dans des ghettos chinois ou indiens, à travailler 15 heures par jour pour gagner le droit de survivre.

Comme… à chaque fois que nous mettons un litre d’essence dans le réservoir de notre voiture nous participons indirectement à la construction de la prochaine plate-forme pétrolière qui pompera un peu plus encore le sang de notre planète jusqu’à son assèchement complet, jusqu’à sa mort.

Alors, si le système politique mondial est complètement incompétent face à ces problèmes, s’il n’est pas capable de mettre en place des solutions parce qu’il ne représente RIEN face à l’empire tout-puissant des Entreprises et de la Consommation, peut-être que nous,  individuellement et dans toute la force de notre grand nombre, nous le pouvons, changer le monde… Encore faut-il en avoir envie.
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Commentaire(s) (16)

Tout tes articles sont bons, très bons, excellents……, mais celui là est juste énorme, j’ai vraiment eu l’impression de lire un vrai reportage dans un vrai magazine fait par un vrai journaliste professionnel. 1000 bravos Julien. LA CLASSE…..!!

Oui, c’est tout simplement du travail de journaliste, du vrai journalisme objectif.
Tout se lit avec avidité et surtout ta conclusion personnelle devrait être « La » leçon de morale à étudier et disserter dans toutes les écoles du monde, le matin à 9 H quand tout les esprits sont réceptifs.
Bon courage pour la suite.

Il y a longtemps que je n’ai pas mis un pied sur votre site web les gars! Chapeau Julien! Cette aventure est singulière et cela deviens rare dans les récits de voyage!

Bonne continuation!

Génial encore une fois , tu vas vraiment au fond des choses, et crois-moi, c’est vraiment intéressant de te lire. Merci de partager, mille fois merci!

excellent article! ha les chefs resteront les mêmes partout ha ha.
ça parait fou cette ambiance et difficile de se représenter le mélange de ce cargo et son équipage, un voyage très dépaysant, surtout le bivouac.
La discutions avec l’officier radio devait être très inintéressante aussi.
Ta réflexion personnelle devrait être systématique pour tous lorsque l’on achète quelque chose mais c’est rare, déjà que l acheteur se pose la question mais c’est aussi souvent le vendeur qui ouvre des yeux ronds quand on lui demande la provenance, il y a souvent de la négligence et aussi de la malhonnêteté. (pourtant chaque action à une conséquence, si minime soit elle)
C’est un compromis entre les matières utilisées (+ ou – naturelles), la génération de déchets (donc préférer aussi l’occasion), le pétrole nécessaire à son acheminement, sa qualité/durabilité et son prix (même si c’est souvent ce dernier qui prime)
les Photos sont superbes aussi
Bon courage pour le voyage et merci

excellent comme toujours !

salut julien,
tu as décidément une belle plume…article très bien écrit j’adore…
je vois que tu es désormais aux philippines j’en suis revenu fin janvier j’attends avec impatience la suite de ton périple en PNG !!

Salut!

J’espère qu’au jour où tu lis ces quelques lignes tout se passe bien pour toi!

Tes articles sont très bien écrits, très bien illustrés (photos, cartes,…) et je te remercie sincèrement pour le temps que tu prends à les écrire!

C’est toujours passionnant à lire car non seulement cela nous permet de se sentir proche de ton aventure pleine de rebondissement mais aussi de ressentir l’ambiance qui se dégage de chaque endroit traversé!

C’est passionnant parce que tu prends la peine de poser tes réflexions et de faire part de ta vision des choses depuis le « terrain »! Cela mène à des prises de conscience, une auto-réflexion du lecteur…

C’est passionnant parce que tu te donnes les moyens de concrétiser tes rêves et cela ne peut qu’inspirer beaucoup de monde!

C’est passionnant parce qu’entre le volontariat, le woofing, les différents jobs essayés, l’auto-bateau-avion stop, et autres expériences, on apprend énormément de choses mais surtout une, celle qui dit qu’il y aura toujours des gens pour nous aider et que l’on peut tous vivre ensemble sereinement…

Bref, merci pour tous ces partages parce que c’est passionnant!

Bonne continuation, bonne route et continue de nous emmener avec toi!

Waouh, quelle aventure! J’ai littéralement frissonné lors du saut entre canoe et paquebot, etre mer et air. A me laisser vivre la scène, j’imaginais la peur, la tension et en même temps le petit « pas le choix, faut y aller » qu’on se dit juste avant. Bravo pour ce courageux moment.

J’envie ton expérience de vie sur cargo, et cette expérience assez unique que de partager la vie à bord avec un equipage Papou et Nord-Corréen.

Comme tu le sais, je partage entièrement ton analyse. J’aime bien la manière dont tu l’as résumé.

Hello Julien,
Super article, comme tant d’autres, mais celui-là fait parti sans peine de mes préférés tellement je me suis éclaté à le lire !
J’ai adoré la description de ton ressenti, au moment où tu montes sur ce petit canot avec des inconnus, mais aussi vers l’inconnu… Tu ne pouvais pas mieux exprimer les choses à mon goût pour que l’on se sente à ta place, que l’on s’imprègne de l’environnement, que l’on s’identifie à l’aventurier que tu es, comme dans un très bon roman :-)
Le passage du saut entre le canot et le cargo est lui aussi anthologique ! Et oui, je me rappelle de Code Quantum, une série que j’adorais par ailleurs, tellement son principe était original… Se retrouver dans la peau d’un inconnu, dans un environnement tout aussi mystérieux pour le protagoniste principal !
Je dois aussi admettre que je suis très curieux vis-à-vis de ton échange avec ce jeune coréen. Si cela ne te dérange pas de le partager, et si tu en as le temps, ce serait un plaisir d’échanger à ce sujet par mail privé.
Quant à ta réflexion personnelle sur nos actions et ses conséquences, je suis on ne peut plus d’accord, bien que je suis le premier coupable, à parfois oublier cette morale si simple, bercé dans le « train-train » de nos vies confortables. Alors, merci de nous la rappeler aussi humblement, sans préjugés, juste en disant les choses, juste en étant toi. Chapeau Monsieur !
Bonne continuation aux Philippines ;-)
Nico

Merci Nicolas!

J’ai plus ou moins en projet d’écrire un article concernant ma discussion avec mon collègue coréen sur le bateau. L’échange en lui même fut interressant mais aussi mon ressenti, et ma compréhension de la Corée du Nord et du régime communiste qui a un peu évolué dans ma tête depuis cette discussion.

J’espère juste trouver le temps de faire ca dans un futur plus ou moins proche, après avoir fini d’écrire tous les articles sur la PNG. C’est pas gagné !
Bien sur on peut aussi échanger par mail d’ailleurs je serai ravi d’avoir de tes nouvelles. ;-)

A bientot!
Julien

J’ai beaucoup aimé tes réflexions personnelles, et l’idée que tu véhicules que finalement, il n’y a pas de petits gestes quand on est 6 milliards (d’autres ?!) à les faire :)

Après, c’est vrai qu’il faut aussi que nos gouvernements nous donnent les moyens de mieux consommer, pour ne pas dire de moins consommer.

Oui, je crois qu’on ne peut pas compter sur nos gouvernements pour nous donner les moyens de mieux ou de moins consommer, ils sont aussi largués que nous !
Ils ne sont ni plus intelligent ni plus responsable que le citoyen moyen. (c’est triste, quand on y pense… et en même temps ils ne sont que le reflet de la population qui les élit).

Mais s’il y a encore un petit peu d’espoir de les changer alors le meilleur moyen c’est encore d’aller voter… et là aussi ce n’est que par la force du nombre que les choses peuvent changer.

Merci Julien de nous faire partager ton expérience-aventure en PNG.Passionnant et ô combien instructif !

 » … de nous avoir fait … »
Ce témoignage ressort si frais !

Merci Laurent :-)

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