Voyager autrement : Découverte de l’économie Africaine, de la Téranga au Micro-crédit en passant par les Talibés

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Publié par Froggy | Classé dans Afrique, Reflexion sur le voyage, humanitaire | Publié le 08-04-2014

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L’arrivée a Dakar

Après quelques minutes d’avion entre le Cap Vert et le Sénégal, j’arrive à Dakar, une des plus grandes villes de l’Afrique de l’Ouest.

Avant de récupérer mon visa, le douanier tentera de me prendre 10 euros. Mon accordéon me sera de nouveau très utile pour éviter la corruption. « Désolé je n’ai même pas 10 euros mais j’espère trouver un restaurant rapidement pour pouvoir jouer un peu de musique et prendre le petit-déjeuner ».  A la sortie de l’aéroport, un bus à 0.3 euros me permettra de rejoindre mon Couchsurfer. Depuis  près de 4 ans, je peux de nouveau communiquer en français et les Dakarois sont ravis de pouvoir m’aider à trouver mon adresse. Malgré le désordre apparent, la gentillesse de Sénégalais me rendra mon arrivée relativement facile.

Discuter avec les locaux est très simples car beaucoup ne font rien de leur journée. Les Sénégalais rencontrés parlent un très bon français et pourtant beaucoup sont sans emplois. Deux questions me viennent à l’esprit :

-          Pourquoi tant de sans emploi dans un pays ou tout semble à être développé ?

-          Comment font-t-ils pour vivre tout en ayant autant d’enfants ?

La Teranga

Le Sénégal est le pays de la Téranga, un mot wolof (une des langues du Sénégal) signifiant hospitalité. Si le Sénégal a reçu ce qualificatif, ce n’est pas un hasard. En effet quand quelqu’un travaille et possède de l’argent, il doit ouvrir les portes de sa maison et offrir le repas à ceux dans le besoin. Ainsi sans travailler et sans le système d’allocations, il est possible de vivre au Sénégal. Beaucoup profite donc de la Teranga sans aucune honte de manger tout en regardant l’autre travailler. Dans de nombreuses familles il y a donc une personne qui travaille et 10 personnes qui profitent.

Ils m’est arrivé plusieurs fois de marcher devant une maison qui s’apprêtait à prendre le repas et de me faire inviter à partager le repas. J’ai parfois pris 5 repas dans la même journée sans dépenser un sou.

Les enfants Talibés

Si une famille a beaucoup d’enfants et qu’elle ne peut subvenir aux besoins de bases malgré la Teranga, la famille envoie les enfants (uniquement les garçons) dans les écoles coraniques. Les enfants seront logés dans l’école, un marabout leur enseignera l’Islam quelques heures par jour. Les enfants apprendront par cœur les versets du Coran en langue arabe, une langue qu’ils ne comprennent pas. Ensuite les enfants mendient  dans la rue pour avoir à manger et un peu d’argent à offrir au marabout. Ce dernier en exploitant les enfants devient un vrai businessman. Cette pratique est interdite d’après la loi mais au Sénégal, s’attaquer aux écoles coraniques c’est un peu comme s’attaquer à Dieu.

En Afrique personne ne semble avoir honte de mendier. En Amérique du Sud ou en Asie, les enfants nettoyaient les pare-brises, vendaient des chocolats, ciraient les chaussures et un adulte n’osait demander à celui qui travaille de nourrir tout le monde.

Il y aurait environ 30 000 enfants talibés seulement à Dakar.  Pour en apprendre plus, vous pouvez lire l’article suivant.

http://gawlo.net/talibes-rapportent-jusqua-53-millions-cfa-an-maitre-honte/

ou regarder la vidéo ici http://dai.ly/x8g8gf

Si vous voyager au Sénégal, vous pouvez également rencontrer les associations rencontrés à Saint Louis aidant les enfants des rues en contactant Alioune Fall  http://www.association-developpement-solidarite.com/ et Amadou http://www.talibes.atlantik.fr/

dakar-talibés

La valeur travail au Sénégal

Du travail au Sénégal, il y en a et surement plus qu’en Europe. Cependant, souvent il faut faire preuve d’initiative et créer son business.

En cherchant du travail avec mon accordéon, je me suis aperçu qu’il y a beaucoup de petits emplois à environ 70 000 Francs CFA /mois (100 euros). Cependant peu sont intéressés. Pourtant en regardant le prix des appartements à Dakar (20 000F/mois) et le cout des repas (1000 F/jours),  la qualité de vie de quelqu’un non-diplômé est donc similaire à la France mais tous n’ont qu’un seul rêve en tète : aller a Paris où il y a plus d’argent.

Tous savent en effet qu’en France on gagne 1000 euros/mois, soit 10 fois plus. Selon eux il faut donc garder son énergie pour aller travailler en Europe et ne pas se fatiguer inutilement avec les petits boulots du pays. De plus être balayeur au Sénégal est une honte alors qu’ils peuvent accepter le même travail en Europe.

J’ai rencontré plusieurs personnes ayant 1 à 3 millions de francs (entre 1500 et 4500 euros) a me donner pour obtenir une femme en France et ensuite les papiers français. Avec cette somme, il pourrait pourtant faire de bons investissements.

Si  beaucoup ont peu de motivation pour ces petits boulots, c’est qu’ils ont souvent l’exemple d’un ami ou d’un proche qui est devenu rentier. En effet si on a un peu d’argent à investir, en profitant ensuite de la main d’œuvre bon marché, on peut gagner des millions de francs sans travailler.

Investir grâce au microcrédit

Pour investir, il faut une somme de départ, et obtenir un prêt au Sénégal n’est pas simple. Les microcrédits (emprunts de sommes inférieurs a 1000 euros) ont des taux d’intérêts a 3.5% / mois. Par conséquent, si vous demander 100 euros, il faut rembourser 150 euros un an plus tard. Si les taux sont si élevés, c’est parce que les banquiers veulent s’enrichir sur le dos des pauvres (opinions des chômeurs Sénégalais) ou que les personnes qui  ne remboursent pas sont nombreuses (opinions des entrepreneurs Sénégalais).

Le système bancaire du Sénégal prête donc à ceux qui ont déjà un patrimoine et les pauvres restent dans leur pauvreté.

Mon microcrédit sans intérêt

Au cours de mes dizaines de rencontres avec les Sénégalais où les conversations tournaient souvent autour de la richesse de l’Europe et la pauvreté sans issue de secours de l’Afrique, j’ai fait le pari de prêter 140 000 FCFA (210 euros), sans intérêt, à Rokhaya, une mère de 5 enfants sans emploi et ayant perdu son mari.

J’avais remarqué l’absence de distribution de petit déjeuner en face d’une école et l’absence de repas vendus le soir dans le quartier. Dans de nombreux quartiers du Sénégal, j’aimais profiter de ses petites gargotes vente de pain+haricots rouges, spaghetti, omelette, café… En effet les prix sont très intéressants pour moi et les femmes semblent bien gagner leur vie car les clients sont chaque jour très nombreux. Après une enquête, elle gagnerai entre 3000 et 5000 francs de bénéfices par jours soit environ 180€/mois.

En prêtant l’argent à Rokhaya, elle a alors pu acheter une table, des bancs, un thermos pour le café, des casseroles, des tasses, une bouteille de gaz, un sac de 20kg haricots rouges, un pot de 10kg de Chocopain (Nutella Sénégalais), 5kg de mayonnaise, 1kg de café…

D’après mes calculs, elles devaient donc me rembourser 1000F/jours pendant 140 jours soit vendre au moins 40 petits sandwich. Devant une école de 500 élèves, le risque que je prenais en lui prêtant l’argent me paraissait donc très faible. De plus, la femme était une très grande croyante. Elle n’oserait donc me voler les 210 euros…

Etant musulman, sa religion lui interdit d’emprunter de l’argent avec des intérêts et elle a vu mon acte comme un don de Dieu. Je lui ai alors répété de nombreuses fois que ce n’est pas un don mais un prêt pendant 5 mois.

Si vous aussi vous voulez aider des personnes à créer un emploi dans le monde et ainsi participer au développement d’un pays en prêtant de petites sommes  (et non pas en donnant), vous pouvez trouver des idées de projets sur micro-world.com ou sur babylone.org

En France avec 200 euros, il est difficile de créer un emploi alors qu’au Sénégal, si tout fonctionne bien, la mère de famille pourra améliorer ses conditions de vie et celle de ces enfants et pourquoi ne pas construire plus tard un vrai restaurant.

Retour après 5 mois : que sont devenud mes 140 000 Francs ?

Ayant travaillé comme instituteur à proximité de Dakar, je suis revenu plusieurs fois voir le déroulement du business. En face de l’école, le stand de sandwich à un tres grand succès. Certains enfant demande un pain au niébé, d’autre un pain au spaghetti, pain au Chocopain… Il y a également de nombreux adultes qui viennent prendre le café et discuter des nouvelles du quartier.

Rokhaya réussira à me rembourser 30 000f le 1er mois. Le second mois, elle m’expliquera qu’avec le Magal de Touba (pélerinage religieux), il n’y avait plus beaucoup de monde à Dakar et qu’elle à préférer ne pas travailler. De plus elle est tombée malade.

Tandis que je suis parti découvrir le Sénégal, je l’appelle pour savoir comment c’est passé le 3ème mois. Elle m’expliquera qu’elle ne travaille plus mais que je vais récupérer mon argent. Je lui conseille de revendre le materiel.

A mon retour à Dakar, elle me dira qu’elle n’a pas d’argent. Je lui supplie de me rendre au moins 40 000f. Je logerai chez elle pendant 1 semaine pour profiter des repas gratuit.

Pendant cette semaine, j’irai à la police. Le commissaire, installé tranquillement dans son fauteuil en train de regarder la retransmission du match de football Réal-Barça, m’expliquera que mes problèmes ne sont pas les siens! Je dois aller au tribunal et trouver un huissier. Je lui demande comment je peux faire pour revendre le matériel le plus rapidement. Il me répondra de demander à mon huissier. Quelques jours plus tard, on m’expliquera qu’il y a un autre commissariat plus petit. Cette fois-ci, je serai bien reçu. Le commandant comprendra que je ne peux pas rester des mois au Sénégal et me rédigera une convocation à remettre au chef de quartier qui la remettra en main propre à Rokhaya.

10 minutes avant l’heure inscrite sur la convocation, je suis ravi de voir la femme au commissariat. Après quelques minutes de discussion, elle acceptera de me donner 25 000f. Pendant la semaine j’avais également réussi à revendre une partie du matériel pour 5000f soit 7.5€. Il y avait pourtant 1 casserole, 1 poele, 6 tasses, 4 plats en inox, mais les prix d’occasion et la concurrence du materiel chinois ne permettent pas de gagner beaucoup.

Finalement j’ai retrouvé l’équivalent de 100€ sur les 213€ prêtés. Ma plus grande déception n’est pas le fait de perdre l’argent mais de voir que l’argent prêté dans le cadre d’un investissement n’arrive pas à se multiplier.

Le Sénégal ne souffrant pas de la guerre et peu de la corruption (par rapport aux autres pays Africains) reçoit de nombreux dons financiers de l’Europe (des travailleurs européens) pour se développer mais est-ce vraiment efficace ?

Vous pouvez lire les articles suivant qui ont fait la une des journaux au Sénégal :

http://senegal-business.com/2014/01/pluie-de-milliards-en-debut-dannee-sur-le-pays-macky-sall-na-plus-dexcuses/

http://www.seneweb.com/news/Economie/l-afd-alloue-85-milliards-fcfa-au-plan-senegal-emergent_n_121618.html

http://www.izf.net/upload/Guide/Senegal/aide.htm

Le Sénégal, se développera t’il ou l’argent disparaîtra comme l’eau s’évapore en Afrique ?!

Les prêts ne sont qu’une partie de la solution.

Un prêt en France ou au Sénégal n’a pas le même impact. La création et la pérennité d’un emploi est limité quand une grande part de la population n’a pas une éducation suffisante pour gérer un business, faire des calculs de bénéfices, économie, rentabilité et que les compétences pratiques restent faibles.

Par conséquent la vente au détail et la cuisine de rue sont les rares commerces qui réussissent à se développer car les compétences demandées restent faibles.

Avec plus d’argent, on pourrait installer des usines et éviter que la plupart des produits du Sénégal soient des importations du Brésil, de Thaïlande ou de Chine. Cependant il faut avoir des gens qualifiés techniquement et le Sénégal possèdent très peu d’élèves en filières techniques car environ 80% des élèves des lycées préfèrent les filières littéraires.

Blue Sweater ou comment développer l’Afrique grâce au micro-crédit

Afin de terminer sur une touche d’espoir, et si vous voulez en savoir plus sur le micro-crédit en Afrique, je vous conseille le très beau livre « Blue Sweater ». Jacqueline Novogratz, banquière, a souhaité aider les femmes en Afrique en les aidant à créer leur business en leur prêtant de l’argent puis en les accompagnant, ce dernier point étant primordial. Elle rencontrera de nombreux échecs mais elle réussira à aider des centaines de femmes au Rwanda. Son experience et les clés du succès vous sont dévoilés dans ce merveilleux livre que je conseille à tout ceux qui veulent aider l’Afrique afin de rendre le continent dépendant des aides financières et des ONGs. http://www.convergences2015.org/fr/Article?id=1105&topic=1

Commentaire(s) (9)

C’est bien d’avoir essayé, dommage que ca n’ait pas marché pour cette femme… Pourquoi, d’après toi elle as du fermer son business ? Pas envie de travailler ou pas assez de clients? Tu n’as pas pu l’aider à améliorer son stand ou tenter de ramener plus de clients en faisant un peu de pub autour du quartier ?

Ton histoire me fait penser à l’Asie et la PNG (et surement beaucoup d’autres pays), où le concept de « prêt » n’est pas vraiment dans la culture.

C’est un concept bien occidental et capitaliste (même pour un prêt sans intérêt) car un « prêt » implique : la propriété privée (l’argent prêté appartient à une et une seule personne), et le fait de planifier dans le futur (rendre l’argent plus tard après avoir fait des bénéfices). Alors que dans ces pays on vit souvent au jour le jour.

Cette femme ne comprenait peut-etre pas pourquoi tu voulais récupérer l’argent car le concept de « prêt » n’est pas évident pour elle. (même si vous vous êtes mis d’accord au début).

La tradition est plutôt : le jour où tu as du surplus (d’argent, de nourriture, peu importe) tu donnes aux autres, sans attendre un retour, sans même y penser, l’idée de « prêt » et donc de « remboursement » n’existant pas.
Et le jour où tu manques de quelque chose (argent, nourriture, etc.) ton voisin te le donnera sans hésiter, sans rien attendre en retour.

C’est peut-etre pour ca que des solutions comme le micro-crédit (qui est une bonne idée à travers nos yeux d’occidentaux) ne fonctionne pas en Afrique ou ailleurs, car c’est un concept abstrait pour ces gens.
Qu’est ce que t’en penses ?

Le business de la femme n a pas fonctionner car elle a offert les petits dejeuner a plein de personne et ensuite elle n ‘avait pas l argent necessaire pour acheter un nouveau sac d haricot ou un gros pot de chocolat.
De plus, elle a refusé (et sa fille de 20 ans aussi) de vendre les sandwichs le soir.

Il y avait assez de client mais quand on ne sait pas gerer le budget, on fait des cadeaux et on travaille au minimum, le affaire se termine rapidement.

De plus avec mon argent, elle a pu s acheter un beau telephone et payer un pelerinage religieux a son fils.

Il y a également beaucoup de malhonneteté. La réussite d une affaire n est pas seulement dans les mains d’Allah. Elle a preferer manger l’argent et vivre au jour le jour. Comme tu le disais, le mot « investir » ne fait pas parti de la culture et il est tres dur à enseigner.

Déjà il te fallait un forme de courage pour faire ce « prêt » à une inconnue en lui donnant toute ta confiance sur ce petit projet de vente de produits alimentaires. C’est aussi un acte généreux de faire confiance à quelqu’un pour « s’en sortir ».
Et peut-être qu’avec une autre personne cela aurait marché !…
On sent dans tes explications comme une lassitude de tous ces gens qui, portant, sont nés dans ce pays et devrait avoir envie de faire, créer, pour donner le dynamisme dont ils ont tellement besoin.
En tout cas les femmes sont quand même plus motivées que les hommes d’après ce que je lis.
Nous serions donc à leurs yeux le pays de cocagne, avec les autres pays d’Europe ?
Parmi ceux qui viendront dans nos pays, beaucoup auront des désillusions.
Il est vrai que l’orientation dans les écoles serait peut-être dans un premier temps la bonne base de départ.
Tout parait vraiment compliqué.
On attend la suite de tes aventures et des nouvelles de ta main.

Homme blanc vient en Afrique, mange gratuitement (jusqu’à 5 fois pas jour), prête l’équivalent d’une semaine de travail en France à une autochtone pour un business qui, dès les calculs, se veut instable.
Puis il poursuit la personne en question car elle ne rembourse pas selon son échéancier…
Essaie de se rembourser comme il le peut en abusant du gîte et du couvert comme un usurier du 19e siècle.
Nous sommes exactement dans la même dynamique que les plus haut capitaliste européens mais à une echelle différente; rien de plus.

Niangane.

D après mes calculs, le business ne paraissait pas instable. Je revais meme de pouvoir lui repreter de nouveau l’argent apres avoir rembourser le premier pret.
En faisant ce pret, je ne gagnais pas 1 seul euros puisqu’il n y avait pas d’interet. Le seul gain que j’esperai était de voir une famille ne souffrant plus d’argent.

Cette experience m’a permi de voir que les familles Sénégalaises vivent au jour le jour. c ‘ est pourquoi parfois elles peuvent tres bien manger en début de mois et mendier à la fin du mois.

Moi ce qui me gène, c’est pas ta déconvenue. C’est plutôt que tu cherches à récupérer cet argent. Tu vis de dons en nature et en argent. Et tu ne donnes souvent pas grand chose en retour à part de la musique et ton « exotisme » occidental. Et là tu cherches à récupérer une somme d’argent qui, pour quelqu’un qui va revenir en France, n’a aucune importance. Surtout que, malgré le voyage, le solde de ton compte en banque progresse ! Je ne sais pas, à la lecture de ce genre d’article, je n’ai pas du tout l’impression que ton tour du monde t’a fait progressé. J’y retrouve du paternalisme et de la suffisance. Et pour l’avoir fait tourné un peu, c’est un avis qui semble faire l’unanimité. Je te vois déjà utiliser ton aventure pour faire argument d’autorité dans les dîners de famille et entre collègues. Savoureux.

J’ai voulu récuperer mon argent car j’ai eu l ‘impression d’avoir été volé.
La famille a utilisé l’argent pour s’acheter un Smartphone et elle recevait une centaine de chaine sur sa TV . De plus, sa fille etait fiere de me parler de son pelerinage à Touba.
Si la famille n’a pas réussi à me rembourser c’est parcequ’elle ne travaillait plus.

La famille a ensuite cru que je n insisterai pas pour récuperer mon argent. Mais par principe, je n’ai pas voulu me laisser voler, sinon ce serait accepter que son comportement est admissible. J’ai toutefois pardonné en redemandant seulement 1/3 de ce qu’elle me devait. La somme finale n’a aucune importance, meme avec 5 euros, j’aurais agis de la meme maniere.

Le tour du monde m’a fait progressé. Avant d’arriver en Afrique, j’étais naif en croyant que l’Afrique avait besoin d’argent et de stylos pour se développer. Après 8 mois en Afrique, je suis de plus en plus persuadé que l’Afrique ne veut pas fournir l’effort pour se développer et souhaite profiter de la générosité des Européens; après ce qu’ils ont fait subir à l’Afrique pendant des siècles, il est du devoir de l’Europe de donner des cadeaux.

Je comprends que le fait que je cherche à récupérer mon argent paraisse choquant car on s’imagine que l’Afrique vit dans la pauvreté alors que c’est une pauvreté VOULUE. Il y a toujours de l’argent pour organiser une cérémonie religieuse ou construire une mosquée. Quand on voyage en cherchant à découvrir les réalités du pays, notre comportement devient donc parfois different de quelqu’un qui n’a pas fait cette recherche.

Si je dois donner de l’argent, je le donnerai à certains pays d’Amérique du Sud tel que l’Equateur, l’Uruguay ou la Bolivie, et pas à l’Afrique ni à l’Asie ou à l’Europe qui en font souvent mauvais usage en voyant le don à court terme ou s’en prendre l’impact social ou écologique. Cependant je considère que l’argent est souvent source de problème. Je préfère donc recevoir en nature et donner en nature.

J’ai bien l’impression que les critiques qui te sont faites Adrien, viennent de gens qui ne connaissent rien à la réalité du terrain et juge avec une vision manichéenne du monde à travers un filtre de culpabilité historique, la misère du monde.

De la même manière que les allemands d’aujourd’hui ne sont pas responsables des atrocités des nazis, que les juifs d’Israël d’aujourd’hui ne sont pas innocentés par les atrocités d’hier, la complaisance dans une vie modeste grâce aux dons internationaux est une réalité que l’on ne peut imputer à l’esclavagisme d’antan.

Je vous invite à lire mon article sur les enfants des rues de Katmandou, vous réaliserez combien être généreux et faire le bien, ça demande beaucoup d’investissement et de courage, et surtout pas seulement à donner 10€ à un enfant qui vous tire les larmes au coin d’une rue. Je trouve qu’Adrien a fait preuve de beaucoup de courage en prêtant une somme dont il se doutait qu’il ne reverrait pas l’intégralité (sauf si il était toujours un peu naïf), et qu’il a fait preuve de beaucoup d’investissement en suivant l’affaire de prêt et en éduquant la dame au monde moderne et la réalité du système bancaire, tout en étant souple et compréhensif (même si j’imagine qu’il n’avait pas bien le choix) en n’acceptant de ne récupérer qu’une partie de l’investissement.

Plus que le monde occidental qui ne fait qu’appliquer les règles acceptés par tous (qui certes, ils ont établi, ne soyons pas magnanime), ce sont les dirigeants de ces pays qu’ils faut blâmer pour les avoir accepté et les utiliser à l’encontre de leur propre population.
Il ne tient qu’aux Africains de dire non à l’argent dette et de créer un dividende universel, une monnaie créée à travers un revenu de base (voir Théorie Relative de la Monnaie).

Heureusement qu’il cherche à récupérer son argent…

Cette vision d’Européen qui donne de l’argent à tour de bras en s’en fichant des conséquences et de l’image donnée, parce que de toute façon c’est rien pour lui, il y en a plein à la maison…est une honte pour celui qui voyage un tant soit peu et qui réfléchit plus loin que le bout de son nez.

L’argent doit se gagner. Point final.

Donner de l’argent à quelqu’un sans rien attendre en retour, c’est lui enfoncer la tête sous l’eau et le regarder se noyer.
Se faire voler son argent et ne rien dire sous prétexte que ces gens sont pauvres, c’est tenter d’apaiser sa culpabilité aux dépens des autres.

C’est une spécialité occidentale, la plupart du temps non pas par humanisme, mais juste par culpabilité.

Ces touristes en Inde qui donnent des pourboires faramineux aux mendiants, uniquement pour se donner bonne conscience, alors qu’en réalité ils favorisent la mendicité et les mutilations orchestrées qui vont avec.

Ces « humanitaires » en Afrique, qui fournissent à tours de bras n’importe quoi, n’importe comment, au lieu d’apprendre aux gens à se débrouiller par eux mêmes.

En Asie du SE et ailleurs, ces « voyageurs » qui ne marchandent jamais les prix et qui du coup font monter les tarifs pour tout le monde privant en premier lieu le local.

L’argent est un fluide, lié au troc (aussi infime soit il, la musique est un troc, tout comme son temps), il se mérite, ne se donne pas.
Et il ne sert surtout pas à apaiser sa propre culpabilité d’Occidentale d’être riche aux détriments des pauvres.

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