J’irai dormir dans les bidonvilles de Mumbai !

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Publié par Froggy | Classé dans Asie, Reflexion sur le voyage | Publié le 08-03-2011

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P1090939 - vue aerienne du bidonville de Bombay

Après avoir passé une semaine dans un lieu de pélerinage bouddhiste, quelques jours dans la ville sacrée des hindouistes, puis dans la ville du très célèbre Taj Mahal, nous voici à Mumbai (Bombay).

Pourquoi avons nous décidé de passer par Mumbai ?

Depuis Agra nous aurions pu visiter la capitale de l’Inde, New Dehli. Nous aurions pu aussi visiter la région incontournable des touristes : le Rajahstan et son magnifiqe désert. Nous aurions pu aussi aller pour quelques centimes de plus à Goa, réputée pour ses magnifiques plages.  Si nous n’avions pas fait le choix d’être volontaires pendant plusieurs semaines à Bodhgaya puis à Calcutta, nous aurions sans doute visité ces 3 endroits. Cependant nous avons choisi Mumbai.

Passer quelques jours à Goa aurait été un bon moyen de se relaxer après le bordel insupportable de l’Inde mais dans quelques mois nous serons en Thailande et nous pourrons profiter de ces plages paradisiaques.

D’après l’avis de plusieurs voyageurs, le Rajahstan semble très beau mais c’est une région beaucoup trop touristique à notre goût et il sera sans doute très difficile de rencontrer les locaux.

Quand à Dehli, son métro serait magnifique et il y a plein de musées et quartiers à visiter comme dans toutes les capitales du monde. Toutefois nous aimons assez peu les grandes villes.

Nous irons donc à Mumbai, une ville encore plus grande que Dehli ! C’est même la plus grande ville du pays avec 16 millions d’habitants mais avec ses SDF, la population réelle est sans doute plus importante.

Si nous avons choisi d’aller à Mumbai, c’est pour pouvoir « visiter » le plus grand bidonville d’Asie (et du monde selon certaines sources). Le nom du bidonville est Dharavi. Il est situé à 30 minutes de train de Colaba et 600 000 personnes y vivraient.

Le magnifique film « Slumdog Millionaire » nous a donné envie de découvrir la vie et les gens vivant dans bidonvilles. Pour ceux qui ne connaissent pas ce film qui a gagné de nombreux prix, voici un petit résumé.

C’est l’histoire d’un enfant des bidonvilles de Mumbai qui, par un concours de circonstances, se retrouvera dans le jeux télévisé « Qui veut gagner des millions » et aura la chance de remporter la somme maximale.

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slumdog-poster_image The Telegraph

Après avoir visionné le film juste avant d’arriver à Mumbai, nous sommes impatients d’aller à la découverte d’un milieu totalement inconnu et absolument non touristique voir même déconseillé.

Notre 1er bidonville

Avant de s’aventurer dans le plus grand bidonville (=’slum’ en anglais), nous sommes allés dans un petit bidonville au bord de la mer d’Arabie à 500 mètres de notre hôtel.

Dés notre arrivée dans le bidonville, nous avons rapidement sympathisé avec un groupe d’enfants dont certains parlaient très bien anglais. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les enfants de ces quartiers de misère vont à l’école pendant que leurs pères prennent le bateau chaque matin pour pécher quelques poissons qui seront ensuite vendus par leurs mères sur le marché local. Nous avons visité le marché en compagnie de ces enfants et ainsi découvert des poissons frits ou des wallapas (boulettes de purée de pommes de terre et d’épices) qui nous serviront plusieurs fois de repas à des prix imbattables.

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Les enfants nous ont ensuite donné un conseil :

 » Ne donnez jamais de l’argent à un enfant qui mendie même s’il vient de vous aider « 

Nous avons été ravis d’entendre cette phrase de leur part. En effet, cela signifie qu’ils sont conscients que la mendicité n’est pas un bon moyen pour aider sa famille sur le long terme. En tant que « riches » étrangers, notre devoir est donc de refuser de donner quelques centimes même si l’enfant nous répète qu’il a faim en nous tirant par le bras.
Entretenir la mendicité condamne les enfants à mendier toute leur vie au lieu d’aller à l’école.

Evidemment, tout n’est pas rose dans ce premier bidonville.
En ville, les déchets sont jetés directement dans la rue puis ramassés pour être emmenés dans une décharge. Ici, la décharge, c’est la mer. Nous avons donc assisté à des déversements de plusieurs dizaines kilos de déchets directements dans l’océan (sacs plastiques, cartons, bouteilles vides, etc.). On se plaignait déjà du non respect de l’environnement en Europe de l’Est mais c’était ridicule par rapport à ce qu’on peut voir quotidiennement en Inde.

Le bord de mer est également le lieu de rendez vous pour faire la grosse commission, et personne ne ressent le besoin de se cacher.

Si vous voulez ressentir un choc culturel, allez en Inde !

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2ème bidonville :

Le premier bidonville tout comme le second ne ressemblent pas à des bidonvilles comme on pourrait se l’imaginer. Ce sont plutôt des sortes de cités ouvrières misérables habitées par ceux qui n’ont pas les moyens d’avoir une maison plus grande.

Depuis la France, on s’imagine que les bidonvilles sont un assemblage de tôles, de bâches en plastique, de cartons permettant de se construire des abris de fortune contre la pluie et le vent tout en offrant une petite sécurité.

En réalité, les maisons sont construites en dur. Seul le toit construit à l’aide de tôle rappelle l’image qu’on a d’un bidonville. Les murs sont régulièrements peints avec des couleurs vives ou décorés avec des guirlandes lumineuses, les même qu’on a à Noël.

Ces touches d’esthétisme permettent d’oublier un peu la misère et les quantités de déchets.

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Comme dans une vraie ville, un bidonville est composée d’artères principales où l’on y trouve différentes boutiques pour acheter à manger, se faire couper les cheveux, réparer son téléphone portable… et également de toutes petites rues larges de 50 centimètres.

Bien évidemment, c’est dans ces toutes petites rues qu’on ira s’aventurer. ça ressemble un peu à un labyrinthe, et on aurait eu de bonne chance de se perdre si le bidonville était plus grand.

En nous aventurant dans les ruelles de ce bidonville en bord de mer, on espère rencontrer un pécheur qui nous autorisera à passer quelques heures en mer sur son petit bateau.

P1090824- Embarcation de fortune pour rejoindre le petit bateau de peche
Embarcation de fortune pour rejoindre le petit bateau de peche

Après quelques minutes d’errance, on aura la chance de rencontrer Kailash. Julien portant un maillot Let’s Talk avec le message  » Bonjour, parlez vous français ? » écrit en Hindi, il est encore plus facile de faire des rencontres.

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Aujourd’hui, Kailash et sa famille vénère Ganesh, le dieu à la tête d’éléphant en lui offrant des fruits tout en priant. Ganesh est le dieu de la chance et il a une place importante dans la vie de ces quartiers pauvres.

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Kailash nous explique qu’ils emmeneront ensuite Ganesh sur le bateau pour qu’il prenne un bain dans la mer. Il nous dit qu’on pourra également embarquer sur le bateau.

Après quelques heures de vénération et après avoir été invités à boire le thé et manger de bons biscuits, la famille, les amis et le quartier de Kailash accompagneront Ganesh le long de la route principale en dansant, en jouant de la musique et en faisant péter des pétards.

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Le soir, Kailash nous racontera que finalement il n’emmene pas Ganesh sur le bateau. Il semble assez gèné et souhaite nous revoir le lendemain.

Le lendemain nous reverrons notre ami avec qui nous visiterons la célèbre plage de Mumbai : Chowpati. Il insistera pour nous payer une glace, l’entrée de l’aquarium et le taxi ! Nous pensions qu’en allant dans les bidonvilles, les gens nous harcelleraient pour obtenir quelques roupies mais on s’apercoit qu’il y a beaucoup moins de mendiants dans les bidonvilles.
Les mendiants habitent sans doute ces quartiers mais ils préfèrent « travailler » dans les quartiers touristiques.

Cependant, les bidonvilles ne regorgent pas uniquement de mendiants, ou de personnes sans travail. Par exemple, Kailash parle un excellent anglais, sans doute mieux que nous et il travaille dans le bureau d’une compagnie maritime. On a également rencontré un jeune de 15 ans qui adorait lire du Shakespear en anglais ; ce dont nous serions bien incapables de faire malgré nos années d’études. Il y a aussi de grands pécheurs. Même avec leur petit bateau, ils réussissent à pécher des requins de 2 mètres 50. Ils sont même dans le livre des records grâce à leur prise en 1984.

Il ne faut pas non plus oublier, toutes ces personnes courageuses qui acceptent de travailler pour 1000 roupies par mois (17€) pour pouvoir nourir leurs enfants.

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Ces deux visites dans les bidonvilles nous ont permis d’effacer les préjugés qu’on peut avoir sur ces quartiers :
- Un bidonville n’est pas qu’un tas de tôles
- Les enfants vont à l’école
- Les parents travaillent
- On ne se sent pas en insécurité

Dharavi, le plus grand bidonville d’Asie

Après ces premières excursions, nous nous sentons près pour nous aventurer dans le plus grand bidonville d’Asie (voire du Monde), Daravi.

Nous laissons donc nos bagages à l’hôtel pendant 2 jours et nous partons pour Dharavi au Nord de Mumbai avec pour unique bagage un petit sac à dos, 2 romans, quelques centaines de roupies (moins de 10€), et l’appareil photo. Nous n’aurions jamais pris le risque d’emmener ce dernier si nous n’avions pas visité les autres bidonvilles avant.

Station de train pour Dharavi

Pendant 2 jours et 2 nuits, on se fait la promesse de ne pas aller dans un hôtel pour dormir. On devra donc se débrouiller pour trouver un endroit pour dormir. De toute façon, on a pas pris assez d’argent pour se payer l’hôtel.

Arrivés à Dharavi, on s’enfonce au milieu du bidonville pour mieux apprécier l’ambiance.
Comme dans le reste de l’Inde, les indiens aiment venir nous parler pour savoir de quel pays l’on vient ou connaitre notre nom. On s’imagine alors qu’il sera facile de trouver un endroit pour dormir.

Tout comme les autres bidonvilles, il y a des rues principales où l’on trouve de tout. Le quartier étant majoritairement musulman, on trouvera même de nombreux restaurants proposant du boeuf. Une offance pour les hindous chez qui la vache est sacrée.

Il y a bien sur de nombreuses petites ruelles qui donneraient un vrai charme au bidonville et pourraient même rappeler un petit peu les ruelles de Venise s’il n’y avait pas les déchets, les eaux stagnantes, les rats et le bruit.

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Dharavi est beaucoup plus grand que les deux premiers bidonvilles que nous avons visité. Plus de 600 000 personnes y vivent ; par conséquent, à l’intérieur du bidonville il y a plusieurs quartiers.

Nous avons ainsi visité le quartier des « machines à coudre ». Equipés de machines parfois très très modernes, des ouvriers fabriquent de faux t-shirt Adidas, Lacoste, D&G dans une des petites pièces équipées de nombreuses caméras de surveillance sur lesquelles le « boss » observe que tout se passe bien. La répartition des bénéfices entre les petites-mains et le « boss » serait sujet à débat, cependant nous n’avons pas réussi à avoir d’informations concernant les salaires. Toutefois, aucun salarié semblait avoir moins de 15 ans.

Nous avons également traversé un des quartiers les plus sales où les habitants récupèrent les ordures de la ville pour les trier et ensuite revendre le verre ou le métal.
Nous avons même eu l’occasion de voir une petite fabrique de  pâtes indienne !

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A 4 heure de l’après-midi, nous avons commencé à demander aux indiens qui venaient nous parler que nous voulions dormir chez eux.

Comme pour l’auto-stop, ils ne comprennent absolument pas pourquoi un « blanc » qui a plein d’argent veut absolument dormir dans le slum (=bidonville) avec les habitants. Les indiens nous ont donc emmené plusieurs fois dans les hôtels ou au commisariat de police en pensant nous aider. (Pour info une chambre d’hôtel dans un bidonville coûte 600 roupIes (10€), plus cher que notre hôtel à 440 roupies dans le quartier touristique !).

On essaye alors de leur expliquer que c’est un challenge de vouloir essayer de dormir chez les habitants de chaque pays mais ils trouvent notre challenge totalement idiot. Pourquoi se donner un tel défi alors qu’en France on pourrait gagner des centaines de miliers de roupies par mois en travaillant ??? De toutes façon, ils nous disent que c’est absolument impossible de dormir chez quelqu’un qu’on ne connait pas !
Quand on leur dit qu’on a réussit à dormir chez des Russes, des Chinois, des Népalais et d’autres Indiens, ils ont beaucoup de mal à nous croire.

Ces habitants des bidonvilles penseront même qu’on est des clandestins avec nos vêtements sales. Volontairement nous avions choisi les vetements les plus sales pour visiter ces quartiers pauvres mais c’était sans savoir que les indiens, même les plus pauvres, attachent beaucoup d’importance à la proporeté des habits. Pour avoir un peu confiance en nous, ils nous demanderons de voir notre passeport et notre visa indien. Nous leur montrons, mais ils n’auront pas plus confiance en nous et nous ne réussirons pas à dormir chez l’un d’entre eux. Pourtant nous avions réussi à créer un attroupement d’une vingtaine de personnes.

Malgré de nombreuses rencontres sympathiques, toutes nos demandes se conclueront négativement.

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A 10 heure du soir nous ne savons toujours pas où nous dormirons.
Nous avons repéré un immeuble en construction. Un endroit où nous aurions dormi si nous étions en Europe. Mais en Inde, il y a toujours un garde payé quelques roupies pour nous interdire l’accès.
Nous avons également repéré un petit parc de quelques mètres carré avec des bancs. Cependant, avec notre peau blanche, nous ne sommes pas sûr de pouvoir dormir tranquillement sans qu’un Indien vienne nous réveiller parce qu’il a peur pour notre sécurité ou parce qu’il a bu.

Beaucoup d’Indiens nous conseillent de prendre un bus ou un taxi et de quitter Dharavi. D’après eux, après 22 heure, il est extremement dangereux et inconscient de rester dans les rues. Cependant tant qu’il y a encore un peu de monde dans les rues, nous nous entêtons à rester dans le slum à la recherche d’un endroit pour dormir.

Finalement à 11 heure du soir, un Indien nous emmenera au 7ème étage de son immeuble au milieu du bidonville. Ils nous prétera des oreillers et une couverture pour dormir devant la porte de son appartement.

En étant au 7ème étage, il y a pas ou très peu de passage et la couverture permet de nous couvrir le visage (pour nous protéger de la lumière et des moustiques). On se sent alors en parfaite sécurité et heureux d’avoir réussit à dormir au milieu du bidonville.

Si cet Indien ne nous a pas invité à dormir chez lui c’est parce que son appartement était trop petit. Un des membres de la famille dormira en effet avec nous dehors.

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Vue depuis notre 'chambre'
Vue depuis notre ‘chambre’

Chowpatty

Après une journée fatiguante à Dharavi, et face à la difficulté de dormir chez l’habitant nous quitterons Daravi après une dernière matinée de visite.

Nous passerons l’après-midi à lire nos romans sur la plage de Chowpatty en espérant dormir le soir directement sur le sable.

Malgré les 30°C de l’après midi, quand le soleil se couche, il sera difficile de dormir à la belle étoile en ayant simplement un t-shirt sur nous. Jusqu’à 2 heure du matin nous errons autour de la plage. La marche reste le meilleure moyen de se réchauffer.

Finalement nous rencontrerons un groupe de SDF qui nous offrira un bout de leur couverture pour passer la nuit avec eux.

Dans la difficulté, nous aurons tenu notre promesse. Passer 2 nuits dans la plus grande ville d’Inde sans payer un hôtel et en dormant au coté de la population des bidonvilles représentant la moitié de la population totale (source wikipedia).

La plage de Chowpatty

Lili et Mukesh

Après une nuit assez courte, nous sommes rentrés à l’hôtel.
Sur le chemin du retour, nous avons fait connaissance avec Lili, une femme de 40 ans parlant un excellent anglais même si elle n’a jamais été à l’école. Elle nous donne rendez-vous le lendemain soir dans sa toute petite maison pour manger du riz avec du mouton en compagnie de son fils ainé. Voyant qu’elle semble pauvre, nous lui proposons de dormir chez elle en échange de 100 roupies.

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On retrouve les traces de l'empire britannique
On retrouve les traces de l’empire britannique

Le lendemain, nous retrouvons Lili. Pendant qu’elle prépare le riz et le mouton dans sa maison de 4 mètres carré, nous attendons silencieusement dehors. Nous mangerons ensuite notre plat très épicé après avoir payé 50 roupies. Lili voulait seulement gagner un peu d’argent en cuisinant pour nous alors que nous étions venus pour discuter de l’Inde et de sa vie autour d’une table.

Quand on lui demande où est ce que l’on peut dormir, elle nous montre qu’il n’y a pas de place pour nous. Heureusement, son fils nous dis qu’il nous aidera pour trouver une place pour dormir. Nous passerons le reste de la soirée avec Mukesh.

Portrait de Mukesh :

Mukesh à 22 ans (1989). Il a 2 frères et depuis qu’il a 5 ans il travaille dans la rue.
Il a commencé par mendier. Ses parents lui demandaient de ramener 50 roupies par jour mais il a rarement dépasser les 30.

Sa mère ne travaille pas et son père était photographe à la Gateway de Bombay, le principal monument touristique de la ville. Cependant à cause du développement des appareils photos individuels, ses revenus étaient chaque année de plus en plus bas.

La Gateway de Bombay
La Gateway de Bombay

A l’âge de 8 ans, son père lui a confié des bijoux à vendre. Son bénéfice s’est amélioré et il a parfois résussi à atteindre l’objectif fixé. Cependant à 10 ans, il a commencé à fumer un peu de canabis et s’est apperçu qu’il pourrait gagner beaucoup d’argent en en vendant. Depuis, il passe ses soirées à vendre de la drogue aux touristes tout en se méfiant de la police.

Ses frères étant assez grands pour se nourir grâce aux revenus la drogue, et son père étant décédé à cause de l’alcool, les bénéfices de ses ventes permettent de nourir sa mère, sa femme de 16 ans et son bébé de 1 an.

Mukesh n’est jamais allé à l’école mais en passant ses journées dans la rue il a appris l’anglais et parle désormais très bien, comme sa mère.

Extrait de la discussion avec Mukesh :

- Comment vois-tu l’avenir ?

- Je pense travailler toute ma vie dans la rue. Je ne sais pas lire, ni écrire. Je serais donc incapable de lire un contrat de travail et de remplir les papiers nécessaires. Il y a tellement d’autres Indiens qui savent lire et écrire, qu’un employeur de voudra pas de quelqu’un comme moi.

(En nous promenant dans les rues, nous avons plusieurs fois vu des petites annonces de travail écris en anglais. Il y a donc un peu de travail en Inde même si c’est absolument pas interessant pour nous puique les salaires proposés allaient de 3 000 à 10 000 roupies par mois (50 à 180€/mois))

- Pourquoi ne vas tu pas dans les campagnes pour avoir un travail dans les champs ?

- Avec les problèmes de sécheresse, les agriculteurs ont de petites récoltes et sont beaucoup trop pauvres pour pouvoir payer un ouvrier supplémentaire. S’ils ont besoin de quelqu’un ils emploient leur fils.

- Comment vois tu l’avenir de ton fils ?

- J’ai envie qu’il aille à l’école pour qu’il apprenne à lire et à écrire. J’espere qu’il pourra avoir un vrai métier. Je ne veux absolument pas qu’il ai la même vie que moi et celle de mes frères.

- Combien d’enfants souhaite tu avoir ?

- Pour le moment un seul est suffisant. Chaque jour je dois trouver assez d’argent pour pouvoir nourrir ma mère, ma femme et mon enfant. Si j’ai trop d’enfants, je ne pourrais pas subvenir à leurs besoins et je n’ai absolument pas envie que mes enfants m’aident pour obtenir l’argent nécessaire. Ils doivent aller à l’école.
Parfois, ma femme doit se mettre à pleurer en compagnie du bébé pour gagner quelques roupies supplémentaires et çà me fait mal au coeur.
Mon rêve serait d’avoir un garçon et une fille mais pour le moment je ne peux pas nourrir 2 enfants.

- Même si tu n’as jamais été à l’école, on est ravi de t’avoir rencontré et de découvrir que les gens de la rue peuvent être très bien éduqués. Je te souhaite bonne chance pour le reste de la vie, tu mérites d’avoir une vie meilleure.

- Merci à vous aussi. J’aime pouvoir parler à des étrangers. J’aurai voulu voyager mais je sais que ce sera impossible.

Après cette discussion, nous irons nous endormir sur un trottoir recroquevillés dans nos couettes avant d’être réveillés par le passage des piétons à 7h du matin.

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SDF de Bombay

Ces quelques jours au milieux des plus pauvres n’ont pas été de tout confort mais ce genre d’expérience nous a permi de faire de belles rencontres et d’en apprendre beaucoup sur une partie de la population en Inde.

Un Européen ne pourrait pas vivre dans cette extrème misère. Cependant dans la religion principale des Indiens, l’hindouisme, le malheur présent résulte du poids des actions accomplies dans les incarnations passés. Ils doivent donc accepter leur « karma » pour renaître dans une meilleure vie.

Ganesh, la vache sacree et deux divinites hindouistes
Ganesh, la vache sacrée et deux divinités hindouistes

Nous aurions pu dépenser quelques milliers de roupies pour visiter la célèbre île des éléphants (sans éléphants mais avec de nombreux touristes) ou boire une bière au café Léopold mais nous sommes de mauvais touristes. Nous aurons été à Mumbai sans savoir à quoi ressemble cette célèbre île, mais maintenant nous connaissons un peu la vie dans les bidonvilles. A nos yeux, cette connaissance a une valeur inestimable et pourtant nous avons dépensé seulement 500 roupies en 3 jours (9€) pour découvrir cette facette de l’Inde.

Commentaire(s) (21)

C’est dingue , encore une fois, bravo pour cet article

Salut les gars,

J’ai découvert vos aventures il y a un sacré moment déjà, j’essaie de les suivre du mieux que je puisse, c’est passionnant !

Je suis parti de France en avril 2010 pour vivre en Roumanie, depuis je sillonne les Balkans de fond en comble pour rencontrer la population et vivre aux plus proches des vraies choses de la vie.

J’ai beaucoup tendance à me plaindre des français à l’étranger du fait de leurs comportements et de leurs intérêts pour les locaux !
Ce que je lis de votre aventures et de votre façon de penser me réjouis, continuez dans votre lancée ce que vous faites est juste formidable !

C’est bien mieux que les news sur le net, je vous souhaite une bonne route et une bonne continuation,

Ciao,

Wen le français expat’ en Roumanie !

chapeau l’artiste

Mais quelle aventure !
Merci pour ce petit instant d’évasion et d’aventure comme je les aime !

Vous approchez leur vie et leur culture de manière vraiment pas courante. Un grand bravo encore et encore. Toutefois ne jouez pas avec le feu… heureusement, il ne vous est rien arrivé. Leur misère interpelle vraiment, mais leur sourire rayonne. Quel contraste ! Une page de l’Inde qui se tourne….

Je découvre votre blog, ha l’Inde, cela me rappelle des souvenirs…Bonne route à vous!

Bonjour à tous les deux,

Je suis vos aventures depuis le début et j’ai trjs trouvé vos articles très bien faits et vos photos supers.
Vous faites une expérience de vie incroyable et tant mieux pour vous.
Toutefois l’article que je viens de lire m’a qque peu dérangée. Je suis allée en Inde 6 semaines en 2008, au Rajasthan. Je voulais voyager seule mais finalement je ne m’en suis pas sentie la force et j’ai pris un chauffeur. Qqn d’extraordinaire qui m’a fait découvrir son coin de pays de manière incomparable. Il adore son pays.
Alors dire que le Rajasthan c’est touristique et que de ce fait on y va pas, je trouve que ça fait snob et c’est dommage. Si les endroits sont touristiques c’est pour une bonne raison et le Rajasthan peut bien l’être. Il y a de quoi. Ca ne m a pas empêchée de rencontrer des indiens.
D’autre part votre « virée » dans les bidons ville n’était-elle qu’un challenge ? Pour pouvoir dire « je l’ai fait ? » C’est ce que j’ai ressenti.
Et s’il vous plait ne ramenez pas tout à l’argent, ce n’est pas le plus important sur cette terre. Votre expérience dans ces bidons ville ne devrait pas être une réussite parce que vous avez peu dépensé, ou parce « super » vous avez réussi à dormir là-bas. Elle l’aurait tout autant été à mes yeux si vous aviez dû rentrer dans un quartier touristique et dormir à l’hôtel.
C’est comme à Agra, ne pas avoir été voir le Taj de tout près parce que ça coûtait 12 Euros mais quel dommage !!!! Vous avez loupé qqch c’est certain. Ne vous privez pas, osez dépenser parfois.

Voilà je vous souhaite le meilleur et vivement le prochain article

Merci pour ces critiques constructives qui peuvent nous permettent d’améliorer la façon dont l’on ecrit les articles.

Quand on fait un tour du monde, ou un tour de l’Inde, nous sommes obliger de faire des choix. Si certains lieux sont touristiques c’est évidemment que ce sont les plus belles places à visiter.
Cependant, nous avons préféré découvrir la vie d’une partie de la population indienne (les bidonvilles) plutôt que d’aller dans une des plus belles régions de l’Inde. Ce n’est pas du snobisme, c’est juste un choix de notre part. Une histoire de goût, même si nous aurions aimé voir les 2 places.

Passer 2 jours dans les bidonvilles est un challenge qu’on s’est donné mais c’est principalement pour vivre une expérience unique pour nous.

Nous avons préféré ne pas dépensé 12€ en allant au Taj Mahal, pour pouvoir les dépenser dans des bons plats indiens (par exemple). Nous avons croisé d’autres voyageurs qui ont regretté d’avoir dépensé autant pour aller au Taj Mahal. C’est une nouvelle fois une histoire de goût. Certains prennent du plaisir à visiter des monuments célèbres, d’autres à manger, se relaxer au bord d’une plage, prendre une bière avec d’autre voyageurs, etc …

« Cette connaissance a une valeur inestimable et pourtant nous avons dépensé seulement 500 roupies » ; En disant cela, nous voulions simplement dire que les choses les plus simples peuvent être les plus intéressantes.

Tout n’est pas lié à l’argent, au contraire. A travers notre blog, nous voulons montrer que le voyage et la découverte d’autres cultures est accessible sans avoir beaucoup d’argent.

Nous tâcherons de parler un peu moins d’argent dans les prochains articles. Toutefois cet article a été écrit en Inde où les indiens n’arrêtent pas de parler d’argent et ramènent toujours tout à l’argent. Quand ils nous aident, c’est qu’ils sont souvent intéressés par notre argent (même si il y a des exceptions). Ce comportement nous a sans doute influencé dans l’écriture de cet article.

toujours aussi super vos article , voir de mieux en mieux!!!!
attention tout de méme a vous ,vous prenez vraiment des risques par moment!!

bonne route et a bientot

Moi je ne veux pas que vous nous parliez moins d’argent. Je tiens à rappeler à Diane l’entête du site « Carnet de voyage d’un tour du monde en sac-à-dos avec un PETIT BUDGET DE 8€ par jour, un voyage en auto-stop avec Julien, Adrien et Guizmo  »

Il est donc intéressant de savoir comment ils gèrent leur argent et dans quoi ils le dépensent.

Après je rejoins tout de même Diane sur le Taj Mahal. Je ne crois pas qu’il faille faire un choix entre manger des bons plats ou visiter le plus beau monument d’Inde. Je pense qu’il aurait fallu faire les deux!! Même si cela demandait un écart de budget ..

Après c’est une question de choix comme le dit Adrien! :)

Sur ce, bonne route les gars.

Très bon article les gars ! Bonne route ! (Par contre avoir raté le Taj c’est vraiment dommage, c’est le monument le plus impressionnant que j’ai visité à ce jour en Asie…)

Take care

On l’a vu de l’exterieur, pour nous c’est ce qui comptait le plus.
Et on sais qu’on pourra toujours le visiter plus tard si on revient en Inde quand on aura un plus gros budget.

J’ai visité une partie de l’Inde l’année dernière pendant 2 mois, le genre de voyage avec juste un sac à dos et petit budget.
Je suis allée voir le Taj Mahal, parce qu’il « faut » aller le voir. J’ai été plutôt déçue. Bien sûr, c’est un très beau et impressionnant monument de loin, mais franchement, il ne vaut pas le détour à partir de Delhi. La ville d’Agra est une des plus désagréable et on voudra ton argent plus que n’importe où d’autre en Inde. En plus, le site est pas très beau.
Vu qu’en plus on dépense l’équivalent de 8 repas pour y aller… Je suis d’accord avec Guizmo, on apprécie tous des choses différentes dans les voyages.

Bonjour les gars,

Je suis actuellement à Mumbai et je tiens un blog aussi et franchement ca fait plaisir de lire votre blog avec la réalité de la vie ici !
Quelques fois on ose pas ou peu écrire les vraies choses qui se trament ici !

Alors encore une fois merci !

Les écoles dans les bidonvilles sont publics ou bien, comme ailleurs, ce sont des associations « humanitaires » qui les gèrent?
Si c’est public, il faudrait le mentionner et donner un bon point au gouvernement puisque dans d’autres articles vous leur reprochiez le manque d’investissement dans l’éducation.

Elle est superbe la discussion avec Mukesh, pleine d’espoir en l’avenir!

Après vous avoir lu, je trouve que la mentalité des indiens va plutôt dans le bon sens sauf peut être au sujet de l’environnement… Mais on peut difficilement faire la leçon. Ne pas oublier que notre dernière décharge, près de Marseille a fermé en mars 2010 et le tri sélectif est devenu systématique dans les villages en France dans les années 2000.

Bonjour, je vous ai contacté par mail, j’ai une question concernant la prise de vues dans ces quartiers. J’aimerais avoir votre avis selon votre expérience.

Bien à vous.

Le peuple Indien ne me semble pas etre un peuple tres dangereux ni trop voleur.
Cependant ils sont tres tres curieux, et si vous debarquez avec du materiel meme petit, vous allez rapidement etre deborde. Il faut donc avoir des moyens pour faire diversion.

Bonjour,
A Mumbai à la fin du mois, j’ai prévu de me rendre à Dharavi à partir des memes motivations que vous. J’ai pris un guide sur un site connu mais à vous lire il semble possible d’y aller par soi-même si je comprends bien. Question photo, je fais de la street photo, je rebondi sur le post précédent, a quoi pensez vous en terme de diversion…? merci et super article.

Salut Fred,

Il est possible d’aller partout sans guide, mais il faut savoir respecter les gens, sans les craindre, sympathiser, ne pas hésiter à faire confiance et à demander des renseignements à n’importe qui, il faut aussi savoir se faire discret surtout lorsqu’on se trouve dans des endroits aux populations très pauvres.

Un guide te feras peut-être économiser du temps sur place, surtout si tu as une idée précise de ce que tu veux voir/faire/visiter/prendre en photo. Sinon, rien de telle qu’une petite balade seul et improvisée pour se perdre dans les méandres de ces gigantesques labyrinthes urbains, et se retrouver confronté à des scènes de rue, des scènes de vie, inatendues et suprenantes. Surtout en Inde !

Incredible !ndia …

Qu’entands-tu par « faire diversion » ?

Merci pour la réponse, je suis allé en effet un peu partout par moi-même et à Darhavi avec un guide. Quelques clichés ici : http://fredphotocorner.com/travels/mumbai-india/

Salut Fred,
On aurait bien aimé voir tes clichés mais le lien ne renvoie que ce message d’erreur :

« Not Found, Error 404
The page you are looking for no longer exists. »

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