Australie/Wwoofing [2/4] : Vivre dans une ferme biologique en auto-suffisance

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Publié par Froggy | Classé dans Océanie | Publié le 17-12-2012

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P1150699Me voilà à Cooroy pour ma 2eme expérience de Wwoofing en Australie. Je rencontrerai Kaye, une Australienne d’une cinquantaine d’année qui s’occupe seule de sa petite ferme biologique et qui est aussi professeur de biodynamique.

L’agriculture biodynamique est en quelque sorte une extension de l’agriculture biologique, qui reprend tous les principes de cette dernière en y ajoutant des procédés complexes de préparation d’engrais naturels ainsi qu’une prise en compte des rythmes lunaire, solaire et planétaire. En plus de respecter totalement l’environnement ce type d’agriculture serait, d’après ses défenseurs, beaucoup plus efficace qu’une agriculture traditionnelle.

Kaye vie seule dans sa petite ferme mais depuis plus de 12 ans elle a accueilli des centaines de wwoofeurs et n’a jamais vraiment été seule pour s’occuper des travaux quotidiens.

« Waratah Eco Farm », c’est son nom, est donc une micro-ferme biologique qui fonctionne presque en auto-suffisance. Elle est constituée de jardins potagers fournissant quantités de légumes (l’essentiel de notre alimentation), de quelques animaux produisant des oeufs et du lait (4 chèvres, quelques poules et quelques oies), d’une ruche d’abeilles donnant quelques kilos de miel par an, d’un terrain forestier qui fourni le bois de chauffage, d’un petit étang, d’un système de récupération d’eaux de pluie qui alimente tous les robinets de la maison, et de panneaux solaires produisant de la chaleur et de l’électricité.  Le chauffe-eau fonctionne au solaire en été et au feu de bois en hiver (dans une très vielle chaudière à bois), et c’est parfaitement efficace !

Kaye étant végétarienne, elle n’a presque jamais besoin d’acheter de nourriture, à l’exception de quelques ingrédients comme du riz, ou de la farine nécessaire à la préparation du pain qu’elle fait elle-même. Les légumes et les fruits du jardin, ainsi que les oeufs des poules et le lait de ses chèvres lui suffisent la plupart du temps à subvenir à ses besoins.

La cuisine n’est pas extrêmement variée mais elle est quand même très bonne et surtout très saine ! Des légumes crus, beaucoup de légumes crus, un peu de pain, des oeufs, des noix, du fromage de chèvre et du yogourt faits maison, du miel du jardin…  Voilà notre base alimentaire quotidienne !

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Une salade de légumes et fleurs du jardin !

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Tous les matins à 7h00, la journée commence par un jus de carotte-betterave qu’il faut boire dés le réveil, au moins une demi-heure avant de prendre le petit déjeuner pour laisser le temps à l’organisme de bien assimiler tous les nutriments du jus. Nous allons ensuite, à l’aide de ma collègue japonaise, Manami (wwoofeuse elle aussi), nous occuper des animaux, les nourrir, remplir les abreuvoirs, ramasser les oeufs, traire les chèvres… Puis nous revenons prendre le ‘vrai’ petit déjeuner cette fois : lait de chèvre et céréales, parfois un oeuf au plat, mais aussi et surtout des légumes crus en salade pour respecter l’équilibre alimentaire !

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Julien Milking
Traire une chèvre n’est pas trop compliqué mais il faut quand même s’exercer un peu avant d’être au point sur la technique. Fiona (c’est son nom) nous donne environ 800ml de lait chaque matin. Merci Fiona !

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Après le petit déjeuner nous retournons travailler au jardin pendant environ 2 ou 3 heures, sortir les chèvres, déboiser et désherber le jardin-jungle, récolter les fruits et légumes mûres, et puis nous rentrons prendre le déjeuner vers midi où nous attend notre bonne assiettes de légumes crus en salade accompagnés de pain et de fromage.

L’après-midi nous ne travaillons pas et pouvons donc vaquer à nos occupations, peu variées, dans la ferme située à des kilomètres de toute civilisation ! La sieste devient une occupation majeure de l’après-midi, nous devons aussi, vers 17h00, rentrer tous les animaux et leurs donner leur repas du soir, parfois couper un peu de bois pour la cuisinière/chaudière. Après ca, la journée est terminée, nous rentrons prendre une douche (chauffée au feu de bois) avant de nous mettre à table vers 19h00 pour une nouvelle salade de légumes crus du jardin (encore et encore!) accompagnée de riz, ou d’un curry, d’une quiche, ou de quelque bonne recette maison préparée soigneusement par Kaye, 100% bio, 100% végétarien et 100% sain !

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Ces petites lampes de jardin sont complètement autonomes : elles sont munis d’un micro-panneau solaire (sur le dessus) et d’une batterie qui se charge pendant la journée, pour ensuite restituer la lumière pendant la nuit.

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Conclusion : Vivre dans une micro-ferme en autonomie, du rêve à la réalité

Vivre presque exclusivement de son propre jardin et du produit de ses animaux apporte une grande satisfaction, et une sensation de liberté, d’indépendance. Car vous « créez » vous-même votre propre nourriture de A à Z, depuis les graines que vous semez dans votre jardin jusqu’à la salade de légumes dans votre assiette, depuis le grain que vous donnez aux poules jusqu’aux oeufs qui se transforment en de bonnes omelettes et depuis l’herbe du pré que mangent les chèvres jusqu’au lait frais, au fromage et au yaourt, que vous pourrez même associer à des fruits de saison, tout à poussé sous vos yeux et grâce à l’énergie que vous y avez consacré, vous pouvez en être fier, et sur de la qualité impeccable des produits.

Il est très intéressant de travailler quelques temps dans une ferme auto-suffisante (autonome) car il y a énormément de choses à y apprendre dans beaucoup de domaines différents : jardinage, soin des animaux, création de compost et d’engrais naturels, recyclage, gestion de l’énergie, cuisine, etc. De plus votre alimentation y est vraiment très saine et vous garde certainement d’un tas de maladie. Et puis vous ne vous ennuyez jamais car il y a toujours quelque chose à faire dans la ferme, entre le jardin et les animaux, non pas que les journées soient surchargées, mais il y a toujours quelque chose à faire ici ou là !

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Tous les 2 ou 3 jours il faut couper un peu de bois pour alimenter la très vieille mais très efficace cuisinière/chaudière à bois

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Tout ca est très intéressant au début, et c’est une belle expérience en tant que wwoofeur, mais de là à imaginer y passer sa vie il y a un fossé énorme ! A cause des animaux dont il faut s’occuper (chèvres et volailles) il est obligatoire d’être présent dans la ferme tous les jours de l’année, 365 jour par an. Autant un jardin seul peut être délaissé pendant quelques semaines, le temps de partir en vacances par exemple, autant les animaux ont besoin d’être nourris tous les jours, besoin d’être sortis dans le pré la journée et rentrés en sécurité le soir, les oeufs doivent être ramassés, le lait doit être tiré, et si tout cela ne demande pas une quantité de travail énorme, ca demande au moins d’être présent tous les jours. Vivre dans une ferme avec des animaux demande donc d’énorme sacrifices puisqu’il n’y a presque plus aucune possibilité de quitter la ferme même pour quelques jours, plus question de partir en vacances ou de voyager… C’est un travail à plein temps.

Même si j’ai beaucoup aimé cette expérience et appris beaucoup de chose grâce à Kaye, même si les journées de « travail » étaient assez courtes et peu fatigantes, je n’aurai pas spécialement envie d’y passer plus de 3 semaines, j’ai ressenti très rapidement le manque de libertés, le fait d’être « coincé » ici et contraint à ne jamais en sortir plus d’une demi-journée. C’est une sorte de « petite prison » qui d’un côté vous rend autonome par rapport à votre propre production de nourriture, et d’énergie, mais d’un autre côté vous prive de liberté en vous enchainant à votre propre ferme.

Kaye m’expliquait d’ailleurs que depuis de nombreuses années elle n’avait jamais passé plus d’une journée entière à l’extérieur de sa ferme, excepté pour quelques rares raisons familiales, dans quel cas elle doit absolument trouver quelqu’un pour la remplacer (un wwoofeur ou un voisin). Cela ne l’a jamais trop dérangé car elle se plait dans sa ferme et peut garder un contact social grâce au téléphone et à internet.

Personnellement, je ne pourrais pas rester enfermé au même endroit 365 jours par an, même si cet endroit est formidable. Mais heureusement chacun est différent et il en faut pour tous les gouts !

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Le saviez-vous ? Les bienfaits de la nourriture crue (ou raw food)

–> La cuisson des aliments détruit non seulement une grande partie de leurs vitamines (10 à 50%), mais détruit aussi tous les enzymes qu’ils contiennent, rendant la digestion plus difficile. Pour digérer des aliments cuis (donc morts, dépourvus d’enzymes) l’organisme doit monopoliser ses propres enzymes internes. Au final, il se crée une baisse importante d’enzymes dans l’organisme qui peut, à long terme, entrainer des maladies comme le diabète, la fatigue chronique, l’obésité, les maladies cardiovasculaires, etc…

–> Nourriture crue ne signifie pas seulement « légumes crus », elle peut être très variée, englobant non seulement les fruits et légumes mais aussi toutes les variétés de graines, noix, racines, fleurs, et également le lait et tous ses dérivés (fromage, yaourt, etc.). La fermentation des aliments permet d’en varier les saveurs tout en conservant leur force nutritive (produits laitiers, mais aussi le délicieux tempeh issu du soja, et même les légumes peuvent être cuisinés par fermentation). Le séchage des aliments (fruits et légumes) est une autre alternative à la cuisson et permet de conserver tous les nutriments qu’ils contiennent.

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Commentaire(s) (6)

En cumulant tous tes écrits, nous voilà face à un manuel de « comment vivre mieux de façon naturelle ». Tous les adeptes de nourriture bio savent déjà les bienfaits des légumes crus et surtout de la consommation de ces derniers loin des repas (en particulier pour les fruits) non cuits. On a beau le savoir, on a du mal à s’adapter à cette règle de vie.
En tout cas, je vois et suis étonné que tu sois devenu un adepte de la traite de blanche (chèvre blanche). A coté, j’ai vu des chèvres marrons…..Tu ne les oublies pas celles-là ? Et en plus ce sont de jolies photos.
Toujours quelques-unes très artistiques, les deux derniers paysages sont vraiment très réussis.
J’aime aussi l’idée suggérée de « prison dorée » pour ce genre de travail.
Dans un temps pas très éloigné, les petites fermes du Perche qui ne comptaient que quelques dizaines d’hectares (quelques vaches, poules, canards, dindes, un grand jardin, beaucoup d’arbres fruitiers) peu de labours, s’organisaient et se remplaçaient avec les voisins pour pouvoir partir quelques jours (famille, et un peu de vacances). Donc vois-tu, ça peut être conciliable de faire un travail de rêve et « goûter » à l’autre vie….
Enfin chacun de nous voit celà de son perchoir !
Pour rigoler maintenant, imaginons qu’une majorité de particuliers réussissent à faire celà, la tête des grands trusts de l’agro-alimentaire…..!!!!!!
Bonne continuation dans tes découvertes et tes aventures.

Oui ce mode de vie est un peu un retour aux sources, un retour au mode de vie de nos ancêtres où l’agriculture était beaucoup plus présente dans la vie de tous les jours (et de tout le monde).

Il y a en plus le coté « permaculture » (optimisation du fonctionnement de chaque entité de la ferme) qui permet de réduire la quantité de travail effectué par l’homme, et donc de rendre la vie beaucoup plus facile qu’avant.

Quant aux chèvres, il n’y a que Fiona (la blanche) qui donnait du lait à ce moment là!

Toujours aussi intéressant et qui nous permet de « voyager » aussi !

Je comprends tout à fait ce que tu décris quant à la privation de liberté, j’avais ressenti la même chose quand je faisais du wwoofing dans une ferme de permaculture. En revanche, dans une communauté, à Old Hall en angleterre, j’avais pu apprécier les deux côtés de la liberté, celle de l’autonomie, et celle que la communauté t’offre car chacun tourne pour les différentes taches et peuvent se remplacer.

Intéressant ce que tu écris au sujet de raw food. Merci!

Hello,

Je trouve ton blog vraiment passionnant et à partir de Janvier 2014, je vais me lancer dans le woofing.

Ton expérience m’attire vraiment, est-ce possible de me donner l’adresse ?

Bonjour Akna, je n’ai plus l’adresse de Kaye mais tu la retrouveras facilement sur les réseaux HelpX/wwoofing, dans le village de Cooroy, à proximité de Brisbane. Waratah Eco Farm est le nom de la ferme.

Ah tient, voici son blog : http://waratahecofarm.blogspot.com/
et son Facebook :
https://www.facebook.com/WaratahEcoFarm?fref=ts

Tu peux la contacter à partir de là.

Passe lui le bonjour de ma part si tu y vas. C’est une une personne vraiment très interressante et tu ressort avec plein de connaissance.
Amuse toi bien !

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