Voyage dans le Haut Atlas au Maroc 2/4

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Publié par Froggy | Classé dans Afrique | Publié le 13-09-2014

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Aspiré par l’autostop, je quitte le Sahara, retrouve la fraîcheur du Moyen Atlas. Le Ramadan semble alors beaucoup plus facile quand le corps ne subit plus l’energie écrasante du soleil qui vous boit l`eau du corps à grandes gorgées. Dans l´Islam, le soleil n´est pas un Dieu, on le vénère quand il est mort derrière la ligne d’horizon. « Allah Roqbah… », « Dieu tout puissant… » crient les haut-parleurs de la mosquée. « Merci d’avoir vaincu le soleil » est la suite imaginaire de ma traduction de la prière récitée par l’imam. Les quelques jours dans la région désertique  Marocaine ne furent pas facile cependant l’experience fut grande.
Assoifé, le corps cherche à limiter les mouvements et les pertes en eau. Mais que faire de l´énergie absorbée lors des festins du Ramadan où en plus de la délicieuse soupe Harira on vous  apporte des dattes (fruits excellents pour l’effort physique), des Melwi et autres variètés de pizzas marocaines, des jus de fruits, des patisseries…? L’énergie semble se concentrer dans le cerveau. Mon stylo vide son encre noir à grosses gouttes, les conversations pourraient être celles de Jésus rencontrant Mohammed avec pour juge de la sagesse Bouddha essayant de calmer 2 frères se faisant la guerre pour avoir les mêmes idées mais avec quelques points de détails différents. Les livres sont avalées par gourmandises. Les improvisations musicales n´ont plus besoin d´être dopé au hash. L´énergie que le Ramadan apporte, est d’origine divine !
Malgré tout, après avoir écrit les articles sur la Mauritanie puis débuté le récit du Maroc sous la canicule, lu des pages de romans marocains par centaines, conversé des heures a propos de religion ou de la coupe du monde de foot sans le moindre verre de thé (et encore moins de bierre), l´énergie, ne peut se concentrer éternellement dans le cerveau. Telle une machine humainement construite, il est en surchauffe, l’inspiration s’assèche, la lecture vide de sens, les converstations tournent en rond, on devient susceptible et à cours d´argument, on perd sa tolérance… je vais dormir à l’ombre d’un palmier.
Moi qui avait tant espèré voir le récit du voyage rattraper le temps du voyage… tout n´’etait qu’illusion, un mirage dans le désert qui voit les distances se raccourcir. Même en pédalant à deux lors du début du voyage, le temps du voyage s´écoule trop rapidement pour être rattraper. En voyageant seul, le voyage s’enrichit de rencontre et de surprise, et semble s’accelerer. Le stylo doit donc ignorer de nombreuses journées et snober de magnifiques rencontres. Respect aux voyageurs qui ont le récit a quelques foulées de l´instant présent, à moins que l’absence de contact social et d´aventure leur facilite l´écriture.
Pendant 2 semaines, j’ai du délaissé mon stylo, mon accordéon et mes livres afin de recharger ma jauge d’énergie intellectuelle. Le corps dans le Moyen Atlas, ma tête peut s´évader dans les souvenirs du Haut Atlas.
Je quitte Ouled Behril avec ma nouvelle carte d´identité, ma nouvelle coupe de cheveux et de belles chaussures. Une cheval tirant une remorque passe, Salam Maleikum, dépose l´accordéon tenu dans mes bras, 180º, dépose le sac de mon dos, pose le pied sur la roue et comme lors d´un rituel bien huilé, j´emprunte un enieme véhicule pour rejoindre de nouveau décors qui ne cesse de m´émerveiller. Bercé par le trot du cheval, nous avancons lentement mais surement vers les montagnes sur une route bordée d’oliviers. Le voyage est romantique. Je pourrais prendre l´appareil photo pour tenter d’immortaliser ce moment, mais la paresse de ne pas réussir la photo parfaite me convaincra de rester immobile à contempler le paysage tout en s´impregant du bruit du cheval et du petit vent, et des odeurs d´oliviers, d’orangers à peine plus loin et du foin fraîchement coupé à la faucille. Un voyage, ce n’est ni une photo accompagnée du texte, ni une belle vidéo, c’est une experience de vie qui ne peut qu’être vécu pour pouvoir en vivre pleinement les émotions. Le voyage c’est comme l’amour.
Des montagnes comme celle du Haut Atlas, il y a bien longtemps que je n’en n’ai pas vu. La dernière fois, c’étais au Perou en octobre 2012.  Certains voyageurs sont liés à la mer et se sentent tristes quand sur la carte leur itinéraire doit s’aventurer à l’interieur des terres. Quant à moi, j’aime être en altitude. Je ressens ainsi un sentiment de bien être, je ne vois que des descentes à parcourir, le futur semble alors facile et prévisible. J`aime voir au loin, cela me rassure.
Quelques kilomètres en calèche, puis en scooter, puis à pied me permettront de rejoindre les premiers lacets du col majestueyx de Tiz’n Test. En voyageant quelques mois plus tard, j’aurais pu agrémenter la marche à pied de quelques olives faciles à picorer le long de la route. La circulation est très faible et le col semble innateignable. Peu importe, j’aime le paysage et l’odeur, je ne serais pas si mécontent si dans 3h je dois passer ma nuit allongé sous un olivier ou dans une petite fermette berbère.
« Comme si j n’existais pas, elle (une voiture) est passée à coté de moi, sans un regard, reine de Saba « , a enchainé quelques lacets, fait demi-tour puis m’a emporté dans les hauteurs. Le co-pilote a dit au chauffeur que j’étais un bon p’tit gars pas méchant qu’il avait vu joué de l’accordéon dans les ruelles de la médina. La voiture n’ira malheureusement pas au bout. Le devoir du travail retient son ascension oblige les deux Marocains a me laisser dans un café de montagne. Heureux l’Homme qui sait se libérer de ses chaìnes du travail, car on n’achète pas la liberté et l’Homme, et qui sait jouir des bonheurs gracieusement offert par la nature.
La tête aspergée par la fontaine d’où coule l’eau pure et fraiche de la montgne,  je ne suis pas moins heureux que ces Marocains jetant 5 dirhams pour quelques verres de thé, dont ils sont devenus dépendant. Un air d’accordéon me permettra d´envouter l’un deux pour arriver au sommet à 2100m, de redescendre avant de terminer ma journée dans un petit village.
A la terrasse d’un café, des Marcoains (il n’y a jamais de femmes) jouent au cartes. Je dépose mes bagages, montrer mon « papier magique », ma carte d’identité. On m’offre un sandwiche. J’offre un peu d’accordéon. Le gérant du bar (sans alcool) m’offre un poème. Je lui conte quelques une de mes péripéties de voyage. Il rêve de sa jeunesse éteintes, m’apporte un matelas et une couverture. Je pars aussi dans mes rêves, que je ne distingue plus avec la vraie vie.
A 7h, le soleil pointe le bout de son nez au dessus de la cime des montagnes. Je me réveille, partage une soupe d’orge et un verre de thé avec les clients. Je pars ensuite rejoindre le collège pour une éventuelle conférence. Le Directeur n’est pas là, je m’entretiens chaleureusement avec le surveillant général  Il aime mon voyage et aimerais que je partage mes experiences, ma philospohie de vie, mes connaissances avec les élèves. Cependant au Maroc, il faut l’autorisation du Ministère de l’interieur, celui de l’éducation, du Caid puis du Directeur ! La loi est la loi. Honnête, il m’aidera à rencontrer une association privée  » Education for all », destinée aux filles non scolarisés des montagnes. J’attend 1h l’avis du directeur habitant dans une autre ville. Négatif, c’est interdit de présenter la géographie ou la musique sans autorisation. Décu, le surveillant général me donne 10dh pour prendre un café, un sandwich et me paye le bus pour rejoindre une autre ville où il m’a donné le contact d’un prof de francais. Les 10dh resteront dans ma poche, le barman souhaite aussi contribuer à mon voyage. Un accordéon sur le dos, un « papier magique » en main, la bonne humeur, la volonté d’offrir ce que j’ai, et les Marocains me recoivent comme un roi. Ils ont le plaisir d’offrir.
Arrivé à Asni, mes tentatives de conférences n’auront pas plus de succès. Je dépose mes affaires dans une famille puis les épaules allègées de 20kg, je pars me promener dans les montagnes. La route est parsemée de cerisiers. Un vrai régal. Je n’ai pas vu de cerisier aux fruits mûres depuis le 3 Mai 2010, jour du départ. Sur les routes de France, nous avions profité de ce cadeau de la nature pour reprendre des forces et continuer l’autostop, le pouce tendu en dircetion de Valence. Julien s’étais pris en photo de face, il souhaitait prendre une photo chaque jour pendant 1 ans ou 2 le temps du voyage. 4ans 1 mois et 2 jours plus tard, me voilà au Maroc, avec toujours autant de plaisir à jouer le moineau.
La marche est plaisante, la rivière me raffraichit en cas de besoin, les Marocains à dos d’âne me dépassent sans arrogance, le pas à peine plus rapide que le mien.
A Imilil, ville touristique et dépat de trek,  naturellement, on me propose des nuits dans les hotels.  » Il n’est pas l’heure de dormir, je ne sais pas encore où la marche m’emmenera. Dieu me montrera l’endroit en temps voulu « . Je pourrais faire le choix d’aller au sommet du Mont Toubkal à plus de 4000mètres d’altitude mais l’absence de duvet et de vêtements chauds, et de compagnon de marche,  me décident à faire un trek à travers les villages. On m´indique alors un col un peu difficile à franchir derriere lequel se cache une vallée remplie de villages traditionnels berberes. La parfaite combinaison entre sport, culture et paysage.
Il me faudra environ 2heures pour atteindre le sommet du col en suivant un petit chenin de muletier. Je rencontrerai seulement une mule et son proprietaire faisant le chenin inverse. Arrivé au sommet, je vois les villages se profilés le long de la rivière au creux de la vallée.
J’arrive dans l’un deux peu avant le coucher de soleil. Le village est magnifique, tout en terre, en petites ruelles, construits sur plusieurs niveaux, bordé par la rivière apportant par son écoulement le bruit de la prospérité. Quelques cultures de blé, des maraichages et pommiers donnent beaucoup de charme au village. Des enfants jouent dans les montagnes, les femmes coupent à la faucille un peu d´herbe que l’âne transportera pour nourrir la vache qui donnera à son tour son lait. Les poules en liberté font naturellement partie de la vie des ruelles.
A l’entrée du village, des hommes discutent, la théière posée sur une pierre. C’est la fin du travail et bientôt l’heure de la prière. L’un d’eux me propose une chambre à 200dh, je refuse. Il baisse son prix à 100 puis à 50. Je continue ma marche dans le village et recois de nouveau des offres. Je comprends rapidement que l’économie du village n’est pas celle de l’agriculture mais celle du tourisme. Pourquoi produire des tomates à 2dh/kg quand l’on peut gagner 200dh en louant sa chambre à un touriste. Je n’ai aucun espoir de me faire invité gratuitement, de plus dormir dehors sans duvet quand il fait seulement 10ºC la nuit serait trop de souffrance. Je me résigne donc à payer 40dh, une somme permettant de nourrire une famille de 4 pendant 1 journee. J’acheterai également au propriètaire du lait de vache, des oignons, tomates,pain et fromage. A ma grande déception, le fromage est de la vachekiri industriellement produit à Marrakech, le lait est pasteurisé et les légumes ne semblent pas être du village. Les différences de salaires entre l’Europe et le Maroc détruisent à la fois les agriculteurs francais mais également les agriculteurs marocains ! Les vaches et les cultures rencontrées sont encore présent dans le village mais avant tout dans un but décoratif, afin d’attirer le touriste. Je découvrirai qu’il y a une route permettant d’acceder en voiture rapidement au village sans souffrir en marchant dans le col.
Cela faisait 14 mois que je voyageais sans sac de couchage et c´est la 1ere fois oú il m’aurait été utile. Je n’avais pas payé l’Hotel depuis la Bolivie il y a plus de 600 jours, autant de nuits hébergés par les habitants mis à part une vingtaine de nuit en camping sauvage.  Le monde n’est pas aussi dangereux et méchant que ce qu’on essait de montrer à travers les médias.
Le lendemain, je pars le plus tôt possible afin de profiter de la fraîcheur et rejoindre Asni. Habitué à marcher avec 25kg, en avoir seulement 5 me donne des ailes, une impression de légereté. Les montées sont à peine un obstacle.
En descente, j’apercois au loin un file indienne d’une trentaine de marcheur. La force exercée par la gravité me permettra de courir sans peine à 25km/h. J’enchaine les virages avec l’ivresse de la vitesse. La pente est parfaite, assez forte pour courir sans se fatiguer mqis pqs trop pour éviter d`être sur la défensive en essayant de freiner en se mettant en arrière avec le risque de glisser. Mon écart avec le groupe de touristes, qui semble immobile, fond à vu d’oeil. Au détour d’un virage, je manque de renverser un retraité vosgien de 78ans qui descend péniblement avec ses batons de marche. Son genoux lui fait mal et il a peur de glisser. Il m’avoue que l’ascension à plus de 4000 mètre du Toubkal est plus facile que la descente. Respect ! J’espere pouvoir gravir des montagnes comme lui dans 50ans.
Cependant, concernant la descente, la souffrance appartient à celui qui n’a pas peur de se laisser tomber dans la descente. Avec l’âge, j’espère ne pas perdre la confiance en moi. Le groupe avance très péniblement à 2km/h car ils ont peur de tomber en arrière. Les retraités doivent me prendre pour un fou, inconscient de dévaller la pente en courant, alors que je prend moins de risques de tomber qu’eux.
J’arriverai à Asni peu avant la tombée de la nuit, récupère mon accordéon, m’apprete a faire du stop pour Marrakech. A peine le panneau d’autostop sorti, qu’on m’invite à prendre le thé. Avec l’accordéon je recois la celebre hospitalité des gens de montagnes.
Je reprends donc le stop le lendemain matin. La chance continuera de me sourire. Une Belge seule dans son taxi m’aidera à rejoindre Marrakech et sa célèbre place Jemaa El Fna.

104_0118-largeur-max-1024-hauteur-max-768Aspiré par l’autostop, je quitte le Sahara, retrouve la fraîcheur du Moyen Atlas. Le Ramadan semble alors beaucoup plus facile quand le corps ne subit plus l’energie écrasante du soleil qui vous boit l`eau du corps à grandes gorgées. Dans l´Islam, le soleil n´est pas un Dieu, on le vénère quand il est mort derrière la ligne d’horizon. « Allah Roqbah… », « Dieu tout puissant… » crient les haut-parleurs de la mosquée. « Merci d’avoir vaincu le soleil » est la suite imaginaire de ma traduction de la prière récitée par l’imam. Les quelques jours dans la région désertique  Marocaine ne furent pas facile cependant l’experience fut grande.

Assoifé, le corps cherche à limiter les mouvements et les pertes en eau. Mais que faire de l´énergie absorbée lors des festins du Ramadan où en plus de la délicieuse soupe Harira on vous  apporte des dattes (fruits excellents pour l’effort physique), des Melwi et autres variètés de pizzas marocaines, des jus de fruits, des patisseries…? L’énergie semble se concentrer dans le cerveau. Mon stylo vide son encre noir à grosses gouttes, les conversations pourraient être celles de Jésus rencontrant Mohammed avec pour juge de la sagesse Bouddha essayant de calmer 2 frères se faisant la guerre pour avoir les mêmes idées mais avec quelques points de détails différents. Les livres sont avalées par gourmandises. Les improvisations musicales n´ont plus besoin d´être dopé au hash. L´énergie que le Ramadan apporte, est d’origine divine !

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