Darwin et le Litchfield National Park

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Publié par Froggy | Classé dans Article-photos, Océanie | Publié le 14-11-2013

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P1160885Introduction : pourquoi Darwin ?

C’est après plus d’un mois et demi de recherche de travail que j’atterrirai à Darwin dans le nord de l’Australie. Plusieurs semaines passées dans les villes de Gold Coast et Brisbane n’ont abouties à rien en terme de boulot, si ce n’est quelques opportunités pour des « tout petits boulots » de seulement quelques heures par semaine comme du nettoyage à domicile, des cours de français ou encore de la garde de chiens. Mais payer un bus 15$ aller-retour pour aller travailler 2 heures à l’autre bout de la ville et gagner seulement 30$ n’est vraiment pas intéressant… Peut-être qu’en cumulant une dizaine de ces « tout petits boulots » et en étant extrêmement bien organisé il est possible de se créer un emploi du temps « complet » de 20 ou 30 heures par semaines, mais il faut être prêt à consacrer plusieurs heures chaque jour dans les transports en commun pour rejoindre les différents « lieux de travail », pour un salaire de misère une fois déduit les frais de transport. Ca ne ressemble pas à une solution à mes yeux.

J’ai aussi eu l’opportunité de travailler sur un marché à Brisbane, après un « entretient d’embauche » succin, mais là encore pour des missions de seulement quelques heures chaque week-end. Enfin, quelques vrais entretiens d’embauche pour du travail de manutention n’ont pas aboutis non plus malgré tous mes espoirs. L’un des managers que j’ai rencontré lors de ces entretients m’a confié qu’il avait reçu plusieurs centaines d’e-mails et de coups de téléphone dans les 24 heures après avoir posté l’annonce sur internet. Et la plupart de ces demandeurs d’emplois sont des Australiens. Difficile donc pour moi, étranger, de décrocher le job.

Après un bref passage à Sydney pour renouveler mon passeport français je m’envole donc pour Darwin, dans le Territoire du Nord, rejoindre mes amis Pierre et Hélène rencontrés à Cairns l’an passé, ainsi que mon ex-collègue de pédicabs Richie, rencontré à Gold Coast quelques semaines plus tôt. Richie, ancien conducteur de pédicabs, est maintenant le manager de l’office de Darwin, je n’aurai donc pas de mal à re-signer le contrat et reprendre du service pour les Pédicabs !

De retour sur les pédicabs !

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Arrivé à Darwin fin Avril, la chaleur et l’humidité me surprennent encore une fois et c’est Pierre et Héléne, mes amis belges, qui viendront me chercher à l’aéroport et m’hébergerons quelques jours dans leur colocation située dans la banlieue de Darwin, belle maison avec piscine et petit jardin tropical.

Je reprendrai du service sur les pédicabs dès mon deuxième jour à Darwin, trop impatient de travailler à nouveau après ces longues semaines à chercher du boulot désespérément. De plus, mon manager -et ami- Richie me proposera le ‘poste’ pour nettoyer et entretenir les pédicabs chaque jour en échange de l’hébergement gratuit au garage. Une opportunité en or à Darwin où le coût de la vie est très cher, et notamment celui du logement. Une à deux heures de travail par jour, à vérifier minutieusement chacun des 10 vélos, chaines, câbles, roues, rayons, freins, vitesses, etc. plus un nettoyage complet de chaque vélo avant que les riders ne commencent à travailler vers 18h00, le tout pour économiser environ 200$ par semaine (prix minimum pour une chambre à Darwin) et vivre dans une super colocation avec ma propre chambre, climatisation (très important!), plus salle de bain, cuisine, frigo, salle TV et billard, plus des colocataires incroyables avec qui je passerai des moments inoubliables, le tout situé dans le centre de Darwin, je signe !

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Au garage des pédicabs avec Hélène et tous mes colocataires : Richie, Anouk, Tony et Laura

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Le grand chef Julien cuisine un plat de crevettes/gambas flambées au whisky et son assortiment de bisques au curry, paprika, tomate, et ail/oignon. Tout commence lors de l’un de mes premiers lifts (en pédicab) à Darwin : 3 marin-pêcheurs ivres-morts que je ramène à leur bateau dans le port de Darwin, un très long lift qui est censé couter une cinquantaine de dollars. Problème : arrivé au bateau (après une course déjantée avec Pierre, mon ami rider) aucun des marins n’a d’argent pour payer le lift. Solution : à défaut de dollars nous recevrons 5 kilos de crevettes (king prawns) fraichement pêchées et surgelées directement sur le chalutier. Evaluées à 20$ le kilo, on s’y retrouve !
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Pendant mes 3 mois passés à Darwin je cumulerai donc ces 2 jobs, celui de conducteur de pédicab (rider) pour gagner de l’argent chaque nuit en transportant des gens à la sueur de mes mollets, et celui de nettoyeur-réparateur de vélo au garage, chaque après-midi, me permettant de loger gratuitement. Peu de dépenses, un travail qui rapporte pas mal d’argent (même s’il y a des hauts et des bas, voir l’article : « Pédicab rider, conducetur de tuktuk en Australie« ), je réussirai à économiser en tout 7500$ (~5500€). Argent durement gagné et mérité !

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Dans les rues de Darwin, au boulot, ca pédale, ca pédale !

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Une cliente me prend en photo en arrivant devant l’hôtel.

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Trois mois à Darwin, c’est long…

Mon intention première était de rester un mois seulement à Darwin, mais le -gros- retard du consulat français (tient, encore eux?) pour fabriquer et m’envoyer mon passeport, me fera rester beaucoup plus longtemps que prévu. De plus, après avoir reçu mon nouveau passeport par courrier à Darwin (envoyé depuis le consulat de France à Sydney), il me faudra le renvoyer au consulat de Papouasie-Nouvelle-Guinée à Brisbane, ainsi que tout un tas d’autres documents et justificatifs, pour obtenir mon précieux visa pour la Papouasie. Deux semaines supplémentaires de démarches. Enfin il me faudra renouveler ma carte de crédit qui arrive bientôt à expiration, une démarche supplémentaire, auprès de ma banque australienne, qui prendra beaucoup de retard à cause de problèmes de poste… On passe donc de un mois (sur le papier) à 3 mois (sur le terrain). Au final, je n’ai pas perdu mon temps car j’ai travaillé, gagné de l’argent, passé de super moments avec mes colocataires, revu certains de mes amis rencontrés plus tôt en Australie dont Joseph, Uri, Pierre et Hélène, Irene, Richie… J’ai aussi eu la chance (et le temps) de visiter un magnifique parc national dans la région de Darwin, et tout simplement bien profité de mon temps à Darwin même si la ville elle-même est complétement sans intérêt.

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Darwin, ca ressemble à quoi ?

Darwin, petite ville situé dans le nord tropical de l’Australie, l’une des régions du monde les plus infestés de crocodiles, où la baignade en mer et en rivière est largement déconseillée, où l’humidité et la chaleur rendent la vie à l’extérieur insupportable pendant la journée, où l’on reste généralement à la maison, sous le bloc de clim à liquider les bouteilles de jus ou de sodas frais, et parfois des bières, ville dans laquelle il n’y a rien à voir, rien à faire, à part sortir le soir dans l’un des quelques pubs ou clubs de la ville, dans lesquels toute la beaufitude de Darwin se retrouve pour fêter, quoi? la « fraicheur » du soir? Non, simplement pour liquider le trop-plein de dollars accumulés au boulot la journée, dollars qui ne serviront de toute façon jamais à rien d’autre en restant à Darwin.

Malgré la pauvreté culturelle et intellectuelle de Darwin, je dois dire que je me suis bien amusé les soirs de fête, les soirs de week-end, les nuits où je n’étais pas à travailler sur mon pédicab. Je me suis joint à la fête avec mes collègues riders et tous mes colocataires, j’ai rejoints les dance floor du Moonson, du Shenanigans et autres pubs où l’alcool coule à flot et les dollars s’envolent par centaines des poches (trop) bien remplies des habitants de Darwin.

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Au Moonson, l’un des principaux clubs de Darwin, avec Richie et Tony.

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L’indispensable « préchauffe » avant d’aller en boite, avec Tony, Laura, Anouk et Richie.

. En effet, le salaire moyen à Darwin est l’un des plus élevé d’Australie, nombreux sont ceux qui travaillent pour les compagnies minières, les entreprises de construction ou encore sur des chalutiers pour la pêche en mer, des secteurs qui payent particulièrement bien. La ville étant séparé de toute autre ville australienne par des milliers de kilomètres (de désert), vivre à Darwin c’est vivre confiné dans un trou paumé où la seul activité est de vider des bouteilles en vidant son portefeuille. La population de Darwin étant principalement masculine (dû au secteurs de travail : mines, pêche, construction, etc.), les clubs le soir sont plein de Darwiniens mâles, ivres et dopés au Redbull, cherchant désespérément une femelle pour s’amuser mais finissant souvent seuls sur le trottoir, la face couverte de sang après une énième bagarre qui a mal tourné.

L’avantage en travaillant sur les pédicabs, en travaillant de nuit et au contact des Darwiniens alcoolisés, c’est qu’on se retrouve au coeur de la fête, transportant les passagers de pub en pub, des passagers qui sont généralement dans l’excitation du moment, qui sont pour la plupart très sympas et super heureux de faire un tour de pédicab, qui n’hésitent pas à laisser de gros pourboires, voir de très gros pourboire, et qui en redemandent. Le business fonctionne donc plutôt bien pour les conducteurs de pédicabs. (A relativiser quand même, par rapport au nombre d’heures passées sur le vélo). Nombreuses discussions avec des passagers (australiens) sur : le travail et l’argent à Darwin. Beaucoup sont conscients de l’absurdité des salaires et certains d’entre eux m’ont confié qu’ils « gagnent beaucoup trop d’argent », que c’est « ridicule » et qu’ils ne « savent pas quoi faire de leur argent tellement ils en ont »…

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Darwin et les Aborigènes

L’autre face de Darwin, c’est celle des Aborigènes, très nombreux ici comme dans la plupart des endroits reculés d’Australie. Et cette face là n’est pas très joyeuse. Point commun entre Australiens blancs et Australiens noirs : ça picole sévère. Sauf que pour les Aborigènes c’est généralement du matin jusqu’au soir, dans la rue, en mendiant tout en discutant avec leur groupe d’amis assis par terre sur un coin de trottoir. La plupart du temps très sympas eux aussi, si on prend le temps de s’arrêter et de discuter, mais trop souvent démolis par l’alcool, physiquement et moralement, de façon définitive. Là aussi beaucoup de bagarres entre aborigènes, malheureusement les femmes autant que les hommes se retrouvent au coeur de bagarres et finissent avec des visages boursouflés, déformés par les coups, coquards, lèvres explosées, sanguinolentes, bandages sur les mains et compagnie. Ca gueule et ça s’engueule en finissant sec d’une gorgée assoiffée le fond du cubi de rouge qu’ils laisserons derrière eux sur le trottoir. Du quotidien. Triste spectacle.

Eux aussi ont un peu d’argent, entre les aides financières du gouvernement et l’argent gagné en mendiant, beaucoup d’entre eux peuvent se permettre de vivre dans des sortes de HLM, même s’ils ne sont généralement plus capables de rentrer chez eux le soir et finissent par dormir dans la rue ou dans les parcs. Bref, ils ne sont pas bien riches mais suffisamment pour s’offrir à boire chaque soir, et même parfois s’offrir un tour de pédicab. En fait, tous les soirs ou presque j’aurai à bord de mon pédicab des aborigènes, se rendant souvent (trop souvent) au « bottle shop » : les magasins vendant l’alcool, ou rentrant chez eux ou même parfois s’offrant et offrant à leurs enfants une ballade nocturne dans Darwin (car biens sur tous ne sont pas alcooliques, tous ne sont pas des marginaux et je rencontrerai aussi des gens très charmants et des familles « modèle » aux enfants bien élevés dont les parents travaillent et vivent à l’occidentale).

J’ai souvent offert des lifts gratuits aux aborigènes, mais quand il y a de la distance à parcourir alors je facture ce que je considère comme le prix « minimum » en sachant qu’ils n’offrirons pas de pourboire contrairement aux australiens blancs. De plus, à force de faire trop confiance et de me faire avoir encore et encore, je finirai par demander l’argent avant le lift, et non en arrivant comme c’est l’usage. En respectant ces quelques règles, il n’y a pas de problème à travailler avec les aborigènes. Encore faut-il qu’ils se souviennent où ils habitent et qu’ils soient capables de l’expliquer clairement en anglais…

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Litchfield National Park

Après ce petit tour de Darwin à bord de mon pédicab, je vous emmène pour une visite en images du célèbre « Litchfield National Park », un magnifique parc national situé à une centaine de kilomètres au sud de Darwin, célèbre pour ses termitières géantes ainsi que pour ses termitières « magnétiques » qui sont alignées sur l’axe nord-sud, et aussi pour ses chutes d’eau et piscines naturelles (garanti sans crocodiles).

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Voir l’album-photo complet « Darwin et Litchfield National Park » :

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Commentaire(s) (9)

This looks very nice but its all in french..! Obviously most of the world speak the best language (English), so please could you re write it. Thanks

Ps your boss looks like a drunk idiot in all the photos.. dont think he would be very happy about that.

Obviously, you should learn French ;)

Great story on en veux plus !
La Bise, take care

Thank’s Anouk !
Dans quelques temps d’autres articles sur la fin de mon voyage en Australie.
Des bises ;-)

Mr Richie I’m still very suprised after all this time you spent with french people (moreover amongst the best ones) you still can’t speak one fucking word in french !

And then, yeah, my boss WAS a drunk idiot that’s why he looks so ridiculous on all the pictures… Fortunately he can not speak french at all this bloody idiot so he can not read all the bullshits I wrote about him ! Ahah !!

Enfin un nouvel article, merci !

Enfin, on a des nouvelles de toi, Julien. C’est donc la fin de l’aventure en Australie je crois.
On comprend très bien que ce pays, après sa découverte, n’a été qu’un moyen de te refaire une santé pécuniaire. Une grosse tirelire en quelque sorte…
Mais il n’y a aucun doute, tu ramènes de beaux souvenirs, des amis inoubliables et une amélioration de ton anglais au top du top.
On attend la suite.

Hello Julien,

Content d’avoir de tes nouvelles. Un article bien sympa, de belles photos, et surtout une belle tranche de vie que tu partages avec nous.
On attend donc la suite avec intérêt ;-)
Bonne continuation en Papouasie indonésienne.

Tchoo !

(darwin) gagner de l’argent est une chose indispensable pour vivre peu importe la fonction que tu
vas exercer . La vie devient de plus en plus exigible plusieurs contraintes vous oblige d’ accepter
de travailler n’importe quelle fonction.

Bon, ça ressemble bien aux autres histoires que mon frère me raconte sur l’Australie.
Avant de rentrer en France, il est venu me rendre visite au Myanmar.
Je t’invite à lire mon futur article sur le Myanmar si tu envisages de le traverser (pour aller en Inde).

@+
Yogo

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