Tour du monde de FroggyLe blog d'un long voyage autour du monde avec Julien et Adrien. 2010-2014. Autostop, bivouac, vélo, musique, randonnée, volontariat, wwoofing, petits boulots…

Ce long passage a Pékin était fort agréable mais il est temps maintenant de reprendre la route en direction de Shanghai, où je compte m’arrêter quelques jours pour découvrir cette ville qui semble, d’après ce qu’on me dit, très différente de Pékin, plus moderne, mais aussi moins polluée, culturellement et « gastronomiquement » différente, et puis aussi : il y a la mer à Shanghai ! Et moi la mer commence à me manquer après tous ces mois passés à l’intérieur du continent !

Accessoirement, Shanghai en ce moment c’est aussi l’exposition universelle, et je ne voudrais pas rater cet événement, surtout en passant juste à côté. Mon départ de Beijing ne se passe pas sans difficulté… D’abord : il me faut trouver un bus pour sortir de la ville, qui m’emmènera assez loin pour quitter cette gigantesque agglomération et me permettra ainsi de commencer le stop.
Après une étude approfondie du plan de la région, je décide de prendre un bus pour Langfang, une ville qui ne semble pas trop énorme (moins de 300000 habitants) et qui est facilement accessible en bus.

Mais avant de quitter définitivement Beijing, je consacre un peu de temps avec le staff de mon auberge pour me renseigner sur l’efficacité du stop en Chine. Et là, surprise : personne ne sait ce que c’est que « l’auto-stop » ! J’ai beau expliquer le principe, personne ne connait ce moyen de transport. Le concept est tout simplement inconnu ! D’ailleurs, il n’y a pas de mot en chinois pour désigner l’auto-stop.

Je finirais quand même par obtenir mon fameux « document magique » en chinois : une brève explication de ma situation, et un petit mot destiné à faire comprendre aux conducteurs que je souhaite faire de « l’auto-stop » et que j’ai donc besoin de leur aide pour voyager.

Je passerais un temps fou avant de trouver la bonne station de bus. Les informations données par l’auberge étant complétement fausses, je devrai demander mon chemin un bon nombre de fois à des agents ou à des passants, qui me renverront de station en station, puis vers le métro (fausse piste encore) puis finalement encore de station en station de je finirai par trouver la bonne… 2 heures de course dans tous les sens, à marcher sous une chaleur accablante avec mon sac qui s’est encore alourdi, me voilà complétement trempé de sueur et je ne suis pas encore sorti de Pékin !

Le bus m’emmènera à Langfang, à environ 2 heures de Pékin, c’est le temps qu’il faut pour vraiment sortir de l’agglomération. Arrivé en fin d’après-midi, je décide de sortir de cette ville au plus vite, de trouver un endroit pour dormir, puis de commencer l’autostop à la première heure demain matin.

Il me faudra quand même plus de 2 heures de marche pour quitter Langfang à pied vers le sud (en direction de Shanghai). Là, je passerai un long moment à chercher un endroit correct pour dormir. Après avoir demandé à dormir dans des bâtiments en construction (toujours refusé), je finirai ma soirée dans une ruelle sombre, allongé sur le goudron entre un mur de brique et un mur de béton ! Mais je serai relativement tranquille, malgré le passage régulier de gens dans la ruelle.

Un voyageur chinois rencontré en Sibérie m’avait dit : « Les chinois sont tellement nombreux, ils sont absolument partout. En Chine, chaque mettre carré d’espace est occupé par un chinois ! C’est impossible de dormir dehors et d’y être tranquille. »

En effet je commence à en faire l’expérience ! PARTOUT il y a des chinois, il y’a tout le temps du passage même dans la plus petite des petites ruelles.

Après avoir passé une nuit épouvantable à cause de la chaleur et des moustiques, c’est une dame qui me réveillera au petit matin, très surprise de voir un étranger dormir là. Elle reviendra 5 minutes plus tard avec un chinois qui, agressif, me posera plein de questions (en chinois évidemment) pendant au moins un quart d’heure. J’ai beau lui faire comprendre que je ne parle pas chinois, que je ne comprend pas ce qu’il dit, ce type patibulaire continuera de m’aboyer dessus des trucs incompréhensibles, mais toujours en me posant des questions et en attendant des réponses, comme s’il ne réalisait pas que je ne parle pas sa langue.

Je lui montre mon ‘document magique’ en espérant qu’il me laisse tranquille mais il continuera de me questionner, ainsi qu’à passer plusieurs coups de téléphone, tout en m’obligeant à rester là à coté de lui, en attendant… En attendant quoi ? J’en sais rien !

Puis au bout d’un moment, la dame, toujours présente et très souriante à mon égard, me fait signe de la suivre chez elle, dans la maison juste en face. Elle m’offrira une bassine d’eau, une serviette et un shampoing pour que je puisse me débarbouiller !
Et puis là, miracle, une jeune chinoise sort de la maison, toute souriante, et me demande : « Hello, do you speak english ? I can help you ! »

Quel bonheur et quel soulagement de voir arriver tout à coup ce « messie » qui va pouvoir, enfin, établir le contact entre eux et moi. Je pourrai donc leur expliquer qui je suis, d’où je viens, pourquoi j’ai dormi dehors, mais aussi les rassurer en leur disant que je ne suis pas un mendiant, que j’ai de l’argent pour manger, que je souhaite rejoindre Shanghai en stop, et que tout va bien pour moi !

Quelques minutes après, la police arrive, et je comprend mieux à présent les coups de téléphone de l’homme agressif… (je m’en doutais un peu, d’ailleurs !).
Les 2 policiers vont se montrer très corrects avec moi, et après un rapide contrôle d’identité ils me feront monter dans leur camionnette… En partant, la jeune fille anglophone a juste le temps de me dire : « Ne t’en fait pas, ils vont t’aider… Au revoir ! »…

Je n’en sais pas plus pour l’instant et me voilà donc embarqué avec la police chinoise, absolument sans savoir où ils m’emmènent !

Par la fenêtre de la voiture, je reconnais la route que j’ai emprunté la veille, et nous voilà donc parti pour rejoindre le centre-ville de Langfang, que j’avais mis tant de temps à quitter à pied ! Finalement les policiers me déposeront juste devant la station de bus en me disant très aimablement : « Shanghai, Shanghai ! ». En effet, ils voulaient juste m’aider… Je les remercie et je m’en vais quand même très déçu de ne pas avoir pu commencer le stop ce matin. J’étais pourtant motivé mais là je n’ai pas le courage de refaire les 2 heures de marche pour sortir de la ville et tenter le stop. Et puis, si je les recroisais, ces 2 policiers, ils ne comprendraient vraiment pas… Je prendrai donc le bus pour la prochaine ville : Jinan.

Pour m’occuper un peu en attendant le départ de mon bus, je décide d’aller me faire couper les cheveux chez ce drôle de coiffeur installé au milieu de la rue, avec juste sa chaise, son parasol et sa petite mallette. Cette tignasse sur ma tête me rendait la vie insupportable depuis l’arrivée en Chine et cette chaleur constante, très humide, écrasante…

Pour 5 Yuan (moins de 60 centimes d’euro), m’en voilà débarrassé ! Et la barbe, par la même occasion !

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