Un voyage humide en Birmanie [2/2] : Merveilleux Myanmar !

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Publié par Froggy | Classé dans Asie | Publié le 01-12-2015

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Deuxième partie : De Yangon jusqu’à Tamu (frontière indienne)

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Introduction

Cet article fait directement suite à l’article précédent : « De Myawaddy à Yangon [1/2] »

DSC02153 [600x450_portrait (tdm_blog)]Après deux semaines de voyage en Birmanie sous un ciel noir de pluie, dont 9 jours passés à Yangon pour des obligations administratives, je vais enfin reprendre la route et cette fois vers le nord de la Birmanie et les régions centrales qui semblent un peu moins affectées par la mousson. J’espère y revoir au moins un petit rayon de soleil dans les 2 prochaines semaines !

A l’issue de ce voyage entre Yangon et Mandalay je retrouverai mon « guide » birman qui m’accompagnera pendant 2 jours à travers une zone réglementée jusqu’à la frontière indienne à l’ouest. Il m’aidera aussi à obtenir toutes les dernières autorisations dont j’aurai besoin pour traverser la frontière vers l’Inde.
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1) Le train infernal de Kalaw !

Le samedi 16 Aout 2014 je quitte Yangon et prends le train pour Kalaw, une ville située environ 500 km plus au nord, dans le centre du pays.

Un ticket « lower-class » (la catégorie la moins chère) me donnera droit à une place assise sur un siège de bois dur, un niveau de confort ultra-limité, pour un temps de voyage que j’estime entre 10 et 20 heures, car je n’ai pas encore réussi à obtenir l’information…

Le train va relativement vite sur la première partie entre Yangon et Thazy, mais les amortisseurs sont tellement usés, ruinés, anéantis (y a-t-il vraiment des amortisseurs?) que le wagon « saute » ou « rebondit » en permanance sur les rails au point que ca devient extrêmement douloureux pour les fesses (surtout après 10 heures…) et que je suis obligé de rester debout par moment pour apaiser les douleurs à l’arrière-train… Je me demande même  parfois si le wagon ne va pas se détacher du rail et finir à coté. C’est à la fois impressionant, amusant, inquiétant, douloureux et terriblement inconfortable !

Ce qui est certain c’est qu’il est impossible de dormir dans ces conditions ! Quant au paysage il est plat et monotone sur cette longue partie du trajet, il n’y a pas grand chose à admirer par la fenêtre.

Alors l’attention s’en trouve reportée à l’interieur du wagon, où les gens sont adorables et souriants et nous partageons ensemble nos repas, on m’offre des cacahuètes, des gâteaux, des boissons, et même des journaux en birman que je suis bien incapable de lire ! Absolument personne ne parle un mot d’anglais mais l’ambiance dans le train est agréable, je m’y sens à l’aise et en totale sécurité aux milieu des charmants Birmans.
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Durant cette très longue journée de train et jusqu’à l’arrivée à Thazy vers 3h00 du matin il m’a été impossible de savoir si mon train était direct vers Kalaw ou bien s’il y avait un changement à Thazy… Et ça n’est pas faute d’avoir essayé, d’avoir demandé à tous les passagers du wagon, aux contrôleurs, et même aux gens sur les quais des gares lors des arrêts.

- Où est Thazy ?
- Est-ce qu’il faut changer de train à Thazy?
- A quelle heure arrive-t-on à Kalaw ?
- Combien de temps avant d’arriver?
- Combien de stations avant d’arriver?

Impossible d’obtenir la moindre information !

Des bribes de réponses incohérentes dans un anglais arraché à des souvenirs trop lointains sur des visages pourtant souriants ne feront que parasiter plus encore ma compréhension du trajet. J’ai eu droit à toutes les réponses et leurs contraires. Je ne sais plus si on arrive ce soir, demain matin ou demain soir. Je ne sais pas s’il y aura un changement et je ne suis même plus certain d’être dans le bon train pour Kalaw. Incompréhension totale !

Du coup je stresse un peu. Même dans les moments de calme où la fatigue pourrait m’emporter je m’efforce de rester éveillé pour être sûr de ne pas rater un arrêt, ou pour intercepter la prochaine personne qui passe dans le coin. En vain.

C’est seulement lorsque nous sommes à Thazy vers 4h00 du matin, et que le train est arrêté depuis déjà un bon moment que je découvre enfin la vérité. Le train ira bien « directement » à Kalaw, mais il fera d’abord un arrêt de plusieurs heures à Thazy pour laisser les passagers dormir !

Ouf ! Je vais pouvoir dormir l’esprit tranquille ! L’esprit, peut-être… mais le corps est toujours courbaturé et endolori par les secousses et les coups qui l’ont traumatisé toute la journée.

Après quelques heures d’arrêt en gare et un sommeil qui ne viendra pas, le moteur du train se remet bruyamment en marche vers 7h00 et nous voilà repartis en direction de Kalaw.

La deuxième partie du trajet entre Thazi et Kalaw ne prendra que 6 heures… mais pour une toute petite distance : 93 km ! Une lenteur justifiée par la topologie du terrain car nous attaquons maintenant une zone montagneuse très escarpée faite de montées vertiginueses, de virages en épingle, de tunnels creusés dans la roche et de points de vue splendides depuis quelques hauts viaducs perdus aux milieu de territoires reculés.

La locomotive au diesel crache une épaisse fumée noire dans les montées pour gagner à peine quelques km/h sur la gravité, et elle se retrouve parfois à l’avant du train, parfois à l’arrière, en fonction des changements de direction dans les virages en épingles ! Incroyable !

Le circuit est magnifique, spectaculaire et vraiment hors normes. Dommage que la brume vienne gâcher un peu ce mémorable voyage.

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Au total, ce trajet Yangon-Kalaw en train aura duré 26 heures pour parcourir 650 km ! Une première partie de 16 heures entre Yangon et Thazy, puis une escale de 4 heures (entre 3h00 et 7h00 du matin) à Thazy pour laisser dormir les passagers (et accessoirement changer de locomotive je crois), puis une deuxième partie de 6 heures et 93 km entre Thazy et Kalaw.
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2) Kalaw

Nous arrivons à Kalaw avec un peu de pluie et une température bien plus fraiche que dans le sud du pays, c’est normal nous sommes montés en altitude. Et c’est fort agréable !

Je rejoins alors le centre-ville tout proche et trouve sans trop de difficulté l’auberge « Pine Land Inn » où pour 5000 Kyat seulement j’ai droit à une très belle chambre et un grand lit avec de bonnes grosses couvertures bien épaisses, une très large fenêtre offrant beaucoup de lumière, une salle commune avec table et sofa, du wifi qui marche bien (!), des douches communes et de l’eau chaude, et cerise sur le gâteau : du personnel accueillant et très sympathique ! Tout cela me change drastiquement de Yangon et de mon auberge nauséabonde ! Génial, je vais me plaire ici !

Une première journée consacrée entièrement à dormir dans ce havre de paix et de fraicheur qu’est Kalaw. Réveil pour le dinner, un bon petit repas au coin de la rue et puis c’est reparti pour une grosse nuit de sommeil jusqu’au lendemain matin. J’en avais bien besoin !

Je découvre Kalaw à pieds dans la fraicheur des montagnes et dans le calme des pinèdes. Un joli marché d’artisanat local, mais aussi quelques grottes, monastères et stupas viennent agrémenter ce décors enchanteur, et sur tous les visages les sourires et la bonne humeur irradient.

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J’adore cet endroit qui me rappelle un peu les vertes et fraiches vallées de Tanah Rata (bien que très différent) en Malaisie.

Lors de mes balades autour de la ville, trop habitué à chercher des raccourcis ou des voies détournées pour accéder à des coins inaccessibles, je me retrouverai par hasard, et malgré moi, au milieu d’une zone militaire interdite ! C’est finalement un soldat birman en uniforme qui me ramènera à moto jusqu’à la route principale, et avec le sourire !

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Une deuxième journée à Kalaw me donnera la possibilité d’explorer la région un peu plus largement en louant un vélo (2000 Kyat) et en allant parcourir la campagne à travers champs et collines. Une journée qui débutait mal lorsque, après seulement une heure de route, sur mon vélo de petite qualité la chaine dérailla violemment et alla se coincer derrière le dérailleur sans que je ne puisse rien y faire pour réparer la casse à mains nues… et en pleine campagne littéralement au milieu de nul part, sous un ciel qui commençait à me verser ses premières goutes sur la tête ! La poisse !

Il n’aura fallu qu’une petite demi-heure avant qu’une voiture ne s’arrête à mes côtés sur cette route déserte. Et là, le miracle ! Le gars parle anglais, énergique, souriant, et sort de sa voiture une caisse à outils ! Allelujah !

Mon ange gardien est arrivé peu avant le gros déluge de midi et j’ai eu juste le temps de rejoindre le prochain village sur mon vélo rafistolé et de m’abriter dans un boui-boui -pendant trois heures- en attendant la fin du déluge, engloutissant un plat de nouilles, un café, et une sièste.

Le reste de la journée compensera largement les déboires de la matinée. Je passerai l’après-midi à explorer des temples et des grottes incroyables, dont un très long couloir souterrain (et naturel) dans la roche qui fût amménagé en un lieu de culte bouddhique. On peut y voir à l’intérieur des miliers de statues et de statuettes de Bouddha éclairées par la faible lueur de quelques ampoules, que je mettrai plus d’une heure à explorer intégralement et sans croiser une seule âme qui vive! Un endroit hors du monde et hors du temps, sans la moindre pollution sonore, d’un calme absolu, en connexion directe avec le Bouddha et sa légendaire sérénité.

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En fin d’après-midi, après avoir bien profité de la campagne, le retour à Kalaw sera rapide et sans une goute de pluie. Une bonne journée qui se termine comme elle se doit dans un petit restaurant local super bon et vraiment pas cher.

Je me réconcilie complétement avec la nourriture birmane à Kalaw, elle est fraiche et raffinée, elle est succulente ! Encore une fois quel changement par rapport à Yangon, je revis !

Vraiment j’adore cet endroit, j’adore cette ville, si j’avais plus de temps je pourrai y passer quelques jours ou quelques semaines supplémentaires.

Le lendemain, malheureusement, la pluie revient à la charge dès les premières heures du jour et le ciel noir n’annonce rien de bon pour la suite…

Je décide de sauter dans le premier train à destination de Nyaung Swhe pour aller visiter la célèbre région du lac Inle. Je quitterai Kalaw vers 16h00 alors que le train était annoncé à 13h15. Presque 3 heures de retard, 3 heures à patienter dans la gare en regardant la pluie tomber…

Au revoir Kalaw !

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3) Shwe Nyaung et le lac Inle


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Après 4 heures d’un très joli voyage en train et malgré un temps toujours aussi dégueulasse j’arrive au village de Nyaung Swhe à la nuit tombée.

Je découvre en arrivant qu’il n’y a plus aucun bus pour Shwe Nyaung, la petite ville de bord de lac (à 13 km) où se trouvent les logements ainsi que toute l’activité touristique et culturelle.

Les chauffeurs de taxi m’expliquent qu’il n’y a plus que… les taxis (pardi!) pour aller au lac à cette heure « tardive » , et aussi qu’il n’y a uncun hotêl dans ce village-ci. Je cherche donc tout naturellement à dormir dans la gare en attendant de récupérer le premier bus du lendemain matin ! Alors les chauffeurs de taxi s’agacent et se mettent à plusieurs pour me dire qu’il est interdit de dormir dans la gare et que la seule solution pour moi est de… prendre un de taxi, un taxi à 10000 Kyat !! (le prix d’une voire de 2 nuits en auberge, de la folie!). Ils iront même jusqu’à aller chercher le chef de gare pour lui répéter leur baratin et me déloger gentiment mais surement de la gare où je ne demandais rien d’autre qu’un petit morceau de banc ou de pavé au sec pour passer la nuit.

A cause de la pluie qui continue de tomber je ne peux envisager d’aller à pieds jusqu’à Shwe Nyaung, ni de dormir dehors en attendant le lendemain. Alors j’abdique, j’abandonne, je m’agenouille devant ces sauvages chauffeurs de taxi, ces mécrants, ces vautours à l’affût du premier touriste de passage. J’arrive à négocier la course à 8000 Kyat au lieu des 10000 annoncés mais cela ne change pas grand chose et je n’en reviens pas d’avoir été pris au piège de la sorte.

Au bout d’une dizaine de kilomètres nous nous arrêtons à un check-point sur le bord de la route où je découvre qu’il me faudra encore payer 10000 Kyat simplement pour accéder au site ! Ou officiellement pour entrer dans la zone « touristique » du lac Inle… Non mais qu’est ce que c’est que ce délire ? J’hallucine ! Je ne savais pas que le Lac Inle était un parc d’attractions !

Une fois arrivé à Shwe Nyaung mon chauffeur de taxi (pas si méchant que ça) me déposera devant le « Remember Inn Hotel » qu’il affirme être l’hôtel le moins cher de la ville. (Tout de même 12000 Kyat la nuit! Négocié à 10000 en réservant pour 3 nuits). En effet il n’y a pas de dortoirs ni d’auberges de jeunesse à Shwe Nyaung, mais seulement des hôtels de qualité et des hôtels de luxe. Pour ce prix là j’ai quand même droit à une très grande chambre magnifique et une salle de bain privative avec même des petites savonettes individuelles et plusieurs serviettes de toilette fraichement lavées, tout confort ! Sans oublier le café gratuit à volonté et surtout un excellent petit déjeuner inclus. Le personnel est tellement aux petits soins qu’ils veulent même me porter mon sac-à-dos jusqu’à la chambre ! Non mais ca va pas la tête !? Bref, un hôtel « 10 étoiles » pour le vagabond que je suis.

Allez, c’est un peu cher mais ça fera l’affaire ! Et au moins le rapport qualité/prix est imbattable.

S’ensuivent 3 jours de balades dont 2 jours de vélo dans la campagne, très belle, et bien sur autour du lac Inle. Une longue virée sur la journée à travers les petites routes de campagne qui bordent le lac de toutes parts en traversant villages et forêts.
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Par contre quelle déception de voir tous ces villages et ces petits marchés le long de la route devenus des « foires aux touristes » où des groupes de vacanciers occidentaux débarquent massivement en voiture privée avec chauffeur ou pire, en bus, pour acheter et négocier tout ce qui s’y trouve : bijoux, vêtements, babioles, souvenirs… Les petits vendeurs du marché y sont tellement aigris, blasés, excités, que lorsqu’ils me voient arriver tout seul avec mon vélo ils/elles me sautent dessus pour essayer de me vendre tout et n’importe quoi avec une agressivité que je n’avais encore jamais vu jusque là.
« Look! Look! Very nice! Very nice! Bargain! Bargain! Bargain! Discount! Discount! Discount! » Un spectacle pathétique et déprimant. Pauvres gens, le tourisme de masse est vraiment une calamité !

Arrivé après une grosse demi-journée de vélo plus ou moins à mi-chemin du lac (très grand lac tout en longueur) je trouverai le moyen de traverser cette majestueuse étendue d’eau en pirogue à moteur en louant les services d’un batelier local (10000 Kyat), une bonne demi-heure de traversée tout de même, zigzagant d’abord au milieu des micro-canaux bordés de maisonettes en bois avant d’entrer dans une zone d’aqua-culture de légumes puis sur le lac à proprement parler. Magnifique. Je peux contempler au passage les pêcheurs et leur technique de rame à la fois si traditionelle et si célèbre : debouts sur une jambe à la poupe de la pirogue.
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Arrivé de l’autre coté du lac je reprends la route à vélo dans l’autre sens, m’arrête au bout d’une heure dans un vignoble (le seul du pays je crois, tenu par un Allemand) pour une dégustation de vins, pas mauvais, puis reviens au village et rends le vélo à la petite boutique de location située à deux pas de mon hôtel. J’ai roulé toute la journée presque sans arrêt, je suis claqué !

Enfin, une dernière journée à Shwe Nyaung plus tranquille me laissera le temps de parcourir le grand marché aux vêtements et les dizaines de boutiques d’artisanat local (hyper touristique il faut le dire !) pour acheter quelques « objets traditionnels » puis d’en faire un gros paquet que j’irai immédiatement déposer au bureau de poste, direction la France, afin d’offrir quelques cadeaux de Noël à tout le monde lors de mon retour prochain au pays.

Le personnel de l’hôtel  » Remember Inn  » a l’extrême gentillesse de me laisser la chambre jusqu’à 17h00 le dernier jour (c’est peu courant et je recommande vraiment cet hôtel d’excelente qualité sur tous les points!) et je prendrai ensuite un bus de nuit pour me rendre à Bagan.
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4) Bagan, la cité merveilleuse

Départ de Shwe Nyaung vers 19h00, à peine un début de roupillon dans le bus que nous arrivons déjà à Bagan à 3h00 du matin ! Aahhh… les horaires de bus complétement idiots « à la birmane » ! A chaque fois ils nous font le coup : un départ dans l’après-midi ou dans la soirée pour arriver en plein milieu de la nuit lorsque tout est fermé, que tout le monde dort et que les transports en commun ne circulent plus, quelle folie !

Evidemment cela fait le bonheur des chauffeurs de taxi, qui patientent/dorment dans leur véhicule toute la nuit en attendant que le poisson (pigeon?) morde à l’ameçon, faute de solution alternative.

D’ailleurs, ca n’a pas manqué : à peine sorti du bus (je ne sais trop dans quelle ville) que je suis directement harcelé par les chauffeurs de moto-taxi pour me proposer une course vers le village de Nyaung U où se trouvent la grande majorité des hébergements. 5000 Kyat la course de 8 km, c’est totalement hors de question ! Tout ça en plus pour arriver à 4h00 du matin dans un hôtel et encore à condition d’en trouver un ouvert ! S’il le faut je marcherai les 8 km demain matin quand le jour sera levé !

J’ai envie de dormir dehors quelque part autour du grand parking où le bus m’a déposé, il ne pleut pas, le ciel nocturne est clair, l’endroit est calme, c’est parfait. Les chauffeurs de taxi et de tuk-tuk sont tous dans le brouillard, c’est marrant, ils sont à moitié endormis dans leurs véhicules ou sur le bitume, discutant entre 2 ronflements et gardant un oeil sur l’arrivée de nouveaux bus et de clients potentiels.

Au bout d’un moment l’un des chauffeurs vient me voir et me propose une course à seulement 1000 Kyat mais à condition de trouver au moins 2 autres personnes prêtes à partager le trajet dans son tuk-tuk motorisé. Ca me semble honnête comme tarif ! Une demi-heure plus tard arrive un bus de Yangon avec de nombreux passagers à bord, dont 2 voyageurs français qui cherchent leur chemin et doivent aller au même endroit que moi. Je leur explique le deal : 1000 Kyat par personne, une affaire à saisir ! Et nous voilà partis vers Nyaung U !

Je poserai mes valises un peu par hasard, en suivant les conseils de notre aimable chauffeur, à l’auberge « View Point Inn » , toujours ouverte à 4h00 du matin ! Comme ils sont sympas (et honnêtes) ils me font la chambre à moitié prix pour la première nuit : 4000 Kyat, et les 2 nuits suivantes à 8000 Kyat que je partagerai avec un très sympathique voyageur, Adam.

Adam est un jeune Polonais, chercheur en mathématique et professeur universitaire qui est venu en Birmanie pour parfaire sa formation et son expérience de méditation bouddhiste, il a même passé plusiseurs mois dans un temple reculé en totale immersion avec des moines et des enseignants bouddhistes. Un chic type.

Nous partageons une grande chambre plutôt correcte, climatisée la nuit mais pas le jour faute de courant et la chaleur devient alors intennable à l’interieur pendant la journée. Ca tombe bien il y a des miliers de choses à faire là-dehors pendant la journée !

En effet la cité de Bagan est un vaste site archéologique bouddhique de presque 50 km² avec plus de 2000 temples vieux de près d’un millénaire ! Elle fût la capitale du Royaume de Bagan entre le IXe siècle et le XIIIe siècle, en quelque sorte le premier empire birman.

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Je passerai 2 jours entiers, du lever du soleil jusqu’à la nuit tombée, à visiter, explorer, parcourir, fouiller, contempler, admirer, m’extasier devant la cité merveilleuse de Bagan, déambualant au hasard des petits sentiers de terre au milieu de ces milliers de temples de brique rouge, dans le décors aride de la plaine de Bagan.

Qu’est ce que c’est beau, mais alors qu’est ce que c’est beau ! Je suis subjugué !

Je crois que les photos parlent d’elle-mêmes, bien qu’elles ne transmettent rien de l’atmosphère et de l’émotion présentes sur les lieux, de l’odeur et de la chaleur de la terre sèche sous les pieds, du bruit du vent s’engoufrant dans les branches des arbres entre deux temples massifs rayonant eux-aussi à travers la brique rouge leur chaleur, et toute leur histoire, vertigineuse, imposant le respet le plus total.
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Autour des quelques temples principaux les plus visités grouillent une poignée de gamins qui font de joyeux « guides » en échange de quelques billets ou de l’achat de leurs cartes postales. Ils rencontrent tellement de touristes à longueur d’année qu’ils sont capables de prononcer et de comprendre quelques mots dans toutes les langues !

Je passerai une troisième et dernière journée à Bagan, fatigué par la chaleur et le vélo, à attendre mon bus de nuit bien au frais dans un cyber-café climatisé avec mon camarade Adam. Un petit tour au marché pour y acheter des fruits frais : les durians sont chers, dommage ! Les bananes sont quasi-données, je mangerai des bananes !

Vers 20h00 je monte dans le bus qui m’emmènera à Mandalay, la deuxième plus grande ville de Birmanie et ma toute dernière étape avant mon périple vers la frontière indienne.
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5) Mandalay : Rencontre avec mon guide

Après une bonne tranche de sommeil dans le bus de nuit nous arrivons à Mandalay à 3h00 en plein milieu de la nuit ! Aahhh… les horaires de bus complétement idiots « à la birmane » ! (tient, j’ai déjà dis ça!?). Bref, passons.

Déposé quelque part dans le centre-ville de cette métropole grouillante, sombre et détrempée de pluie, je décide que cette fois je ne me ferai pas entuber 10$ de taxi en tarif nocturne pour aller passer à peine une demi-nuit à 10 autres dollars dans une auberge que je n’aurai même pas eu le temps ni le loisirs de choisir moi-même. Je dormirai dehors, un point, c’est tout.

Allongé sur le trottoir en haut des quelques marches d’un grand batiment, je dormirai plus ou moins à l’abris de la pluie mais mouillé quand même sous les éclaboussures, en compagnie des chauffeurs de moto-taxis qui sont interloqués de ma présence et se fendent bien la gueule à mes cotés ! Ils finissent tous par s’endormir aussi, faute de client, et je me sens en totale sécurité parmis eux. Nous sommes dans la même galère !

Vers 5h00 ou 6h00 le jour se lève (un peu quand même malgré le temps exécrable) et je me réfugie à la gare de l’autre côté de la rue quand la pluie devient trop forte. Je finirai ma nuit assis sur un pauvre siège en plastique dans une gare immonde et trempée au milieu des passagers qui attendent tranquillement leurs trains.

Un peu plus tard dans la matinée je rencontre un sympathique chauffeur de moto-taxi baragouinant quelques mots d’anglais, il peut m’emmener pour 1500 Kyat à l’auberge « Yoe Yoe Lae Guesthouse » que j’avais repérée quelques jours plus tôt sur internet et soigneusement noté dans mon petit carnet. Super, c’est parti !

Pendant ce temps… un déluge d’eau s’abbat sur Mandalay, j’arriverai complétement trempé à l’auberge tout comme mon conducteur à qui je laisserai un pourboire honnête, le pauvre, il doit maintenant repartir dans l’autre sens !

Arrivé aux alentours de 8h00 chez « Yoe Yoe Lae » je réserve pour une nuit en dortoir (10000 Kyat) et on m’offre directement le petit-dej’ avec un super accueil. Alors je me réchauffe « psychologiquement » en buvant mon café entouré de quelques voyageurs matinaux pour oublier cette météo détestable !

Ensuite, les choses sérieuses commencent : je passe un coup de téléphone à mon guide birman, il s’appelle Zaw Myint et nous prenons RDV à mon auberge pour organiser le périple vers la frontière indienne. Nous sommes censés partir demain de Mandalay, et nous arriverons le jour suivant à Kalay puis à Tamu la ville frontière.

Je le paye comme convenu 120$, auxquels je dois ajouter 25$ pour mon propre ticket de « bus ».

Et puis nous apprenons qu’aucun véhicule ne partira demain vers Tamu (pourquoi? On n’en sait rien!) En tout cas il va falloir changer le plan et nous partirons finalement ce soir, c’est à dire le jour même, car ce serait trop risqué d’attendre 2 jours de plus à Mandalay (le permis spécial délivré par les autorités n’a qu’une durée limité, mon visa birman expire dans seulement 3 jours, et les conditions de route sont inconnues mais probablement mauvaises en saison des pluies). Bref, il n’y a pas l’ombre d’une hésitation, nous devons partir aujourd’hui !

J’annule donc ma nuit à l’auberge un peu précipitamment et je quiterai Mandalay sans avoir eu l’occasion de découvrir cette ville qui, de toute façon, ne m’attirait pas plus que ça. Adieu Mandalay ! Au revoir le Myanmar, au revoir la mousson, et en route vers l’Inde !
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6) En route vers la frontière indienne !

Nous partons vers 17h00 après une bonne douche chaude, un repas consistant et quelques achats de biscuits et bouteilles d’eau. En guise de « bus » c’est en fait un genre de mini-van qui vient me chercher devant l’auberge, mon guide Zaw Myint est déjà à bord avec le conducteur et un autre passager, un commerçant qui transporte de gros cartons remplis de vêtements qu’il va revendre à Kalay dans la province de Sagaing.

C’est parti pour une longue virée de 18 heures de route vers l’ouest ! Nous allons rouler toute la nuit jusqu’au lendemain.

Le passager parle un peu anglais, il est sympa, on discute à l’arrière en contemplant le paysage. Zaw Myint qui joue parfaitement son rôle de « guide » m’explique plein de choses sur la Birmanie, sa culture, son histoire, et sur les régions que nous traversons. Même si j’ai parfois du mal à comprendre son accent, il est de très agréable compagnie.

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La route est belle, pas trop mauvaise à part un passage de boue difficile sur une piste de terre sinueuse de plusieurs kilomètres avec au moins 20 bus et camions embourbés dans la même zone, ils semblent bloqués là depuis plusieurs jours en attendant que la terre soit suffisemment sèche pour repartir. Nous, à bord de notre véhicule léger, on passe mais avec quelques frayeurs quand même…

Zaw Myint avait eu le nez fin hier à Mandalay : il m’avait dit « oui on peut aussi y aller en bus mais c’est plus long, moins confortable, et le risque de rester embourbé est beaucoup plus grand surtout à cette saison, tout ça pour un prix à peu prêt équivalent, ca ne vaut pas le coup ». Bien vu l’ami !

Je dors à peu près bien sur la route mais ca ne sera pas le cas de Zaw Myint qui je crois n’a pas fermé l’oeil de la nuit, il est claqué le pauvre !
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Le deuxième jour, après une pause « déjeuner » dans la ville de Kalay vers 7h00 du matin, nous continuons à rouler vers la frontière qui se rapproche à grands pas. Sur la route nous passons deux checkpoints militaires où Zaw Myint devra à chaque fois fournir des photocopies de mes permis, passeport, visa, etc. ainsi que ses propres papiers d’identité.

Nous arrivons à Tamu, la ville frontière, vers 11h00 du matin. Mais le voyage ne se termine pas là, pas encore : il nous faut touver la frontière (!) et surtout comprendre le parcours administratif qui permet d’y accéder ! Nous passerons peut-être une heure à chercher, à nous déplacer en voiture dans la ville de bureaux en bureaux, de poste de douane en poste de contrôle militaire, avant de parvenir enfin à valider les 3 autres checkpoints administratifs qui valideront légalement mon passage de « frontière » et ma sortie du territoire birman.

Déposé par mon véhicule juste après la rivière, derrière le pont côté Inde, je me retrouve au milieu de 3 ou 4 rickshaws typiquement indiens en attente de quelque hypothétique passager dans ce lieu désolé, mystèrieux, pluvieux et lugubre, presque hostile, ce lieu du bout du monde.

Me voilà aux portes de l’Inde, en équilibre sur deux continents quelque part à la frontière entre l’Asie du sud-est et le sous-continent indien.

J’ai à ce moment là une pensée particulière pour Yogo mon ami voyageur qui m’a aidé, à distance, et en amont, à préparer ce voyage administratif et logistique entre le Myanmar et l’Inde. Lui qui, quelques mois plus tôt est même arrivée physiquement jusqu’ici mais n’a pas pu traverser la frontière faute d’avoir réussi à obtenir le fameux permis.

Salut à toi mon cher Yogo ! C’est un peu comme si nous l’avions traversée ensemble, cette frontière !

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Mon itinéraire terrestre en Birmanie d’Est en Ouest. Environ 2000 km parcourus entre Myawaddy (à la frontière thaïlandaise) et Tamu (à la frontière indienne). Cliquez sur la carte pour l’agrandir !

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–> Voici quelques sites internet qui m’ont été très utiles pour préparer (un peu) en amont ce voyage en Birmanie/Myanmar, notamment en ce qui concerne les moyens de transport, l’hébergement bon marché, et le choix des activités touristiques/culturelles :

http://www.go-myanmar.com (Excelent mais uniquement sur le Myanmar)
http://closetoeternity.wordpress.com/asia-2/myanmar/
http://www.fivedollartraveller.com/tag/myanmar/
http://www.travelfish.org/country/burma_myanmar
http://wikitravel.org/en/Myanmar

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Commentaire(s) (6)

Hello, I just wanted to thank you for putting my website as source of information.
I’m glad it was useful to you to plan your trip!! :D
Have a good one,
Diana (Close to eternity)

Hi Diana,

Yes your website was so useful to me to plan my trip in Myanmar that I should have said thank you first ! ;-)

Good stories, good advices, a great work, worth sharing to the world !

Ah, je suis content que ta deuxième partie de voyage au Myanmar t’ait mieux réussi.

Tu aurais une photo du pont? prise du côté indien?

A demain! Au fait, j’ai une surprise pour toi demain :-)

Cette deuxième partie de voyage au Myanmar était du pur bonheur.
Par contre, je n’ai pas d’autres photos que celles de l’album-photo, désolé mon cher Yogo ! Je n’ai pas toujours pu sortir l’appareil photo au moment opportun, surtout durant la traversée de la frontière à bord de véhicules, et +/- sous la pluie.

Salut,

je découvre ton site internet, et vraiment il est excellent, d’une grande aide pour notre futur TDM.
On vas se lancer en février 2017 avec ma copine pour une durée d’1 ans (ou + on sait pas) un billet aller uniquement et a nous l’asie du sud est / oceanie / etc… on veut voyager comme toi, fuir le tourisme, partager à fond avec les locaux.

Pour l’hebergement on vas privilégier le couchsurfing autant que possible se déplacer en autostop (ou sinon transports locaux)

une VERITABLE mine d’or ton site :)

Salut Steve !
Merci pour ton message et bonne préparation pour ce grand voyage à venir. Si tu as des questions précises n’hésites pas à nous les poser, nous y répondrons avec plaisir.

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