Sur la route de Cairns, entre recherches de boulot et démarches administratives…

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Publié par Froggy | Classé dans Océanie | Publié le 09-04-2013

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P1150897Voilà 8 mois que je suis en Australie, J’ai passé beaucoup de temps à voyager, j’ai découvert plein de choses, amélioré mon anglais grâce au wwoofing et à l’autostop, mais je n’ai pour l’instant pas beaucoup travaillé, à peine quelques semaines de cueillette dans un verger… Mon objectif principal en Australie (mettre de l’argent de côté pour la suite du voyage) n’est donc pas encore atteint…

C’est pourquoi je vais maintenant me (re)lancer dans des recherches de boulot en remontant doucement vers le nord en autostop. Ma destination finale, c’est Cairns, dans la région tropicale au nord du Queensland. Si je ne trouve pas de boulot en cours de route, c’est là que je finirai ce petit road-trip en stop, et tenterai d’obtenir plus d’information sur mon futur projet qui est de rejoindre la Papouasie-Nouvelle-Guinée en bateau (sachant qu’il n’y a aucune liaison maritime officielle).

En cours de route il me faudra aussi penser à faire toutes les démarches administratives afin de renouveler mon visa de travail (WHV), en effet celui-ci expire dans une dizaine de jours… Je dois donc faire très vite avant de me faire expulser du pays. Celà ne sera pas aussi simple que prévu et je passerai une semaine entière dans la petite ville de Childers, utilisant la connexion internet gratuite de la bibliothèque pour faire les démarches en ligne, passer des coups de téléphones au service d’immigration, envoyer des e-mails et attendre des réponses, réunir tous les documents nécessaires puis finalement les envoyer par courrier en croisant les doigts pour que mon dossier soit accepté.
Après quelques jours d’attente je recevrai un message de l’immigration m’indiquant qu’ils ont bien reçu mon dossier mais que je dois maintenant passer une radio des poumons pour détecter une éventuelle tuberculose ! (suite à mon voyage en Asie) et que le centre médical le plus proche qui est capable de faire ca est à Townsville, à 1000km au nord de Childers. Heureusement c’est sur ma route, ca ne va pas me rallonger, mais par contre je dois faire vite car mon 1er visa de travail a maintenant expiré depuis plusieurs jours et je suis donc passé sur un « bridging visa » (visa provisoire valable juste le temps de boucler les formalités administratives)…

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A Childers, je passerai plus d’une semaine à chercher du travail ainsi qu’à m’occuper des formalités administratives pour le renouvellement de mon visa.

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Je reprend le stop immédiatement avec pour objectif d’arriver le plus vite possible à Townsville, afin de passer la radio des poumons et de finaliser mon dossier de visa. Une première voiture, 20km, me dépose dans un village, une 2eme voiture, 30km, m’emmène jusqu’à une aire de repos pour les poids-lourd, et puis c’est un bus (aménagé en camping car) qui s’arrête, et miracle, il va à Townsville !

Dennis, c’est le nom du conducteur, est un jeune Australien qui voyage dans son bus aménagé depuis quelques semaines et qui a décidé d’aller faire un tour dans le nord du Queensland. Là-bas, il va y chercher les vents favorables et les longues plages désertes qui lui permettrons de pratiquer le kyte-surf (sport de glisse sur une planche de surf tirée à l’aide d’une sorte de cerf-volant). Accessoirement il va aussi essayer de trouver des petits boulots dans la région de Cairns pour financer ses vacances, nous pouvons donc discuter ensemble de ce sujet qui nous préoccupe. L’autostoppeur et son conducteur, partis pour un road-trip de plus de 1000km, et tous deux à la recherche d’un boulot !

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Dennis et moi dans la ville de Rockhampton. Nous passons le Tropique du Capricorne qui marque notre passage officielle en zone tropicale. La température et l’humidité augmentent à mesure que nous montons vers le nord, ainsi que la quantité de palmiers, cocotiers, et moustiques !

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Dennis est ravi de prendre un autostoppeur pour l’accompagner sur un trajet de plusieurs jours : en plus de m’aider, cela lui permet d’avoir un compagnon de voyage avec qui discuter, et c’est beaucoup plus intéressant que de faire la route tout seul. Il ne me demandera à aucun moment de participer aux frais d’essence mais vu le nombre de kilomètres, et compte tenu de sa situation, ca serait très impoli de me laisser transporter gratuitement à ses frais. Au lieu de payer des pleins d’essence je lui proposerai de payer toute la nourriture plus toutes les bières que nous consommons le soir après notre journée de route. Il sera ravi d’accepter cet échange que nous considérons tous les deux comme équitable et qui nous fera finir chaque soir dans un bar à déguster quelques bières fraiches, récupérant d’une journée de route fatiguante dans la chaleur et l’humidité croissante du climat tropical.

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Le bus/camping-car de Dennis, équipé de 2 lits et d’une petite cuisine. Nous passerons une nuit dans le calme et la fraicheur d’une forêt au milieu d’un parc national.

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Après 3 jours de route à petite allure, nous arrivons à Townsville, ville où je passerai plus d’une semaine à chercher du travail de façon intensive, sans résultat…, ainsi qu’à finaliser les démarches médicales nécessaires au renouvellement de mon visa de travail. Mon dossier sera finalement accepté après encore de longs appels téléphoniques pour résoudre les derniers soucis administratifs et autre problèmes technique liés à l’informatique défaillante du bureau d’immigration…

Dennis, mon conducteur et camarade de road-trip, est toujours à Townsville, il pratique le kyte-surf la journée et me rejoins parfois le soir pour aller siffler quelques bières dans un des bar du centre-ville. Je retourne à mon mode de vie semi-vagabond dans lequel dormir dehors n’est plus un problème sous la chaleur des tropiques et où les plages du centre-ville m’offrent le luxe d’une douche fraiche et gratuite chaque jour.

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Townsville, l’Esplanade, la plage, les palmiers…

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Une petite ballade avec Dennis nous emmènera sur les hauteurs de Townsville, d’où nous pouvons admirer la ville et l’océan..

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Je consacrerai quelques jours à Townsville pour aller à la chasse aux informations concernant la traversée du détroit de Torrès en bateau (le détroit qui sépare l’Australie de la Papouasie). J’irai donc voir les marina, yacht-club, et le port industriel pour discuter avec le plus de monde possible, skippers, garde-côtes, équipages de bateaux, à la recherche de solutions à mon problème. Mais les nouvelles ne sont pas très bonnes : le nombre de skippers qui partent d’Australie pour aller en Papouasie chaque année se compte sur les doigts d’une main… Quant aux rallyes (ballades annuelles en voilier, organisées en groupe) ils sont aussi très rares mais surtout très chères (de l’ordre de 800 dollars de frais de participation par personne). Les compagnies de cargo n’ont donné aucune réponse positive et enfin les bateaux de pêche ne semblent pas prendre de passagers non plus… Affaire à suivre.

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J’irai poser des annonces de « bateau-stop » dans la marina ainsi qu’au club de voile de Townsville : « Recherche de voilier pour aller en Papouasie-Nouvelle-Guinée »

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Coucher de soleil sur le port de Townsville.

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Le jour où je me décide à quitter Townsville se trouve être le même jour que Dennis a choisi pour reprendre la route vers Cairns. Nous partirons donc à nouveau ensemble vers Cairns ! Mais je lui demanderai de me déposer environ 100km avant Cairns, dans la petite bourgade d’Innisfail, pour tenter d’en savoir plus sur la récolte des bananes.

En effet cette région tropicale accueille d’innombrables exploitations de bananes et c’est en ce moment le début de la saison. En discutant avec quelques voyageurs qui travaillent déjà dans les bananes, je me rendrai vite compte que c’est un piège à éviter absolument, je ne suis d’ailleurs pas surpris car j’en avais déjà entendu parler avant. Le principe est simple : le travail est organisé par des auberges malhonnêtes qui profitent de la situation désespérée des jeunes en recherche de travail pour les exploiter à moindre cout. Ces auberges servent d’intermédiaire entre les jeunes travailleurs et les fermes de bananes. Pour avoir du travail il faut donc obligatoirement payer sa semaine à l’auberge, à un prix abberant (en moyenne 200$/semaine), le tout pour ne même pas être sur de travailler plus de 3 ou 4 jours par semaine, en fonction du besoin. En gros vous recevez un message du patron tous les soirs pour vous informer si, oui ou non, vous bossez le lendemain. De plus le travail est extrêmement pénible, à cause du poids des régimes de bananes (jusqu’à 50 kg) qu’il faut porter sur le dos toute la journée.

Conclusion: Vous avez donc un travail incertain, très physique et très dur pour le dos, pour lequel vous n’êtes pas particulièrement bien payé, et pour lequel vous êtes obligé de payer votre logement au prix fort… Un véritable piège à backpackers en manque d’argent qui s’imaginent gagner beaucoup de sous et qui en fait ne toucherons que de quoi couvrir leurs dépenses en nourriture et logement (et encore, parfois même pas!). Je n’ai pas, moi-même, travaillé dans les bananes mais je n’ai eu que des retours négatifs de tous les backpackers qui m’en ont parlé.

Je ne resterai qu’une demi-journée à Innisfail, le temps nécessaire pour me rendre compte que ce n’est pas le bon endroit pour trouver du travail… Dennis, lui, a déjà quitté la ville et je devrai donc reprendre le stop, pour de vrai cette fois, en allant me placer au bord de la route, ce que je n’avais pas fait depuis quelques temps ! Le voyage avec Dennis fus mon plus long trajet d’autostop, tous pays confondus, avec plus de 1300km dans le même véhicule et avec le même chauffeur. Ce fut aussi une belle aventure en compagnie d’un Australien très sympathique avec qui j’ai partagé des bons moments, quelques belles ballades et aussi de nombreuses bières.

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Je suis maintenant dans le nord du Queensland, à Townsville, puis à Cairns après un bref passage à Innisfail.

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En sortant d’Innisfail je serai pris en stop par une famille originaire des iles Salomon (archipel du Pacifique proche de la Papouasie) qui m’inviteront à passer la nuit dans leur petite maison au milieu des plantations de cannes à sucre. Je m’endormirai confortablement sur la moquette du salon en compagnie de mes hôtes qui passent leur soirée devant la télévision.

Le lendemain, c’est Cairns qui m’ouvre les bras. M’y voilà, enfin ! Cairns est la capitale du Nord-Queensland mais c’est en fait une petite ville de 150000 habitants, je serais par contre surpris de voir à quel point c’est touristique, en effet la très célèbre Grande Barrière de Corail n’est qu’à quelques kilomètres…

Pour moi Cairns signifie pour l’instant : recherche de travail ! Dès les premiers jours je me plairai beaucoup dans cette ville, le climat tropical me convient parfaitement, l’esplanade et sa piscine gratuite (le « lagoon ») à quelques mètres de la mer est une vraie oasis pour un voyageur vagabond, et le festival qui s’y déroule en ce moment rend la ville encore plus charmante : musique live et spectacles de danses toute la journée, films projetés sur écran géant à l’ombre des arbres, des pianos de rue en libre service… décidément Cairns, c’est la belle vie !
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Attention, baignade interdite ! (Risque de crocodiles)

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Des milliers de grosses chauve-souris peuplent les arbres du centre-ville, mais à part les nombreuses crottes qu’il faut tenter d’éviter sous les arbres, il n y a pas de danger avec ces animaux !

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Après environ 10 jours à éplucher les petites annonces sur internet et dans les journaux locaux, après avoir fait le tour des agences pour l’emploi qui n’ont absolument rien à proposer, après avoir été questionner chaque hôtel pour du travail, déposer mon CV dans chaque restaurant sans exception, le tout sans aucune réponse positive, c’est finalement un tout autre genre de boulot que je décrocherai à Cairns : celui de conducteur de tuktuk, en Australie on appelle ca des Pedicabs ! (Je parlerai de ce travail dans un prochain article.)

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Commentaire(s) (10)

Ah ah, le fameux pedicab! C’est une plutôt bonne solution de repli je trouve, ça permet de visiter la ville la journée et démarcher les entreprises, et puis rencontrer des tas de clients le soir qui sont de bon contats pour trouver du boulot.
Si jamais il y a une fête foraine au showground de cairns, n’hésites pas a démarcher les forains la veille, car ils sont toujours à la recherche de jeunes pour tenir les stands, et pour les aider à tout démonter aussi. La paye est correcte.
Bon courage, moi j’ai vraiment aimé la vie à cairns.

Ce qui me plaît le plus dans ton article Julien, … c’est de voir que tu n’as toujours pas changé ton email (sur ton annonce prise ne photo)… haha Kleskool j’adore !!!
Bon courage pour ton nouveau job.
Bises

Merci Gaël ! Eh oui, toujours la même adresse email, d’ailleurs parfois on me demande d’où vient ce nom, kleskool, ca me rappelle notre jeunesse :-)

oulala, avec le retard que vous avez tous les deux, pourriez vous mettre des dates dans vos articles pour re-situer quand c’était tout ça.

Bon sinon, toujours aussi plaisant de vous lire.
Ca en est où le projet de bateau?
Je vais sans doute devoir m’y coller aussi en août pour me rendre en Inde depuis la Thaïlande, à Phuket.

A la voyure un jour,

Salut Yogo, c’est vrai que niveau retard en ce moment je bats des records, d’ailleurs c’est pour ca que j’ai pas osé mettre de date dans l’article…
Mais puisque tu demandes : donc mon périple en stop dans le Queensland et mon arrivée à Cairns c’était en Septembre de l’année dernière (ca fait à peu pret 6 mois).

Je vais continuer à rattraper mon retard dans les prochains articles et ensuite je serai beaucoup plus à jour.

Je considère que mon étape en Australie est plus une « période de vie en pays étranger » que vraiment du voyage, c’est aussi et surtout une phase de transition entre un 1er voyage (avec Adrien) et un 2eme voyage (en solo).
C’est pour ca qu’en Australie j’ai moins de choses à écrire et que la notion de temps est moins importante.

Mais c’est d’accord je mettrai des dates dans mes prochains articles ;-)

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ps: pour mon projet de bateau vers la PNG, je pense aller tout au nord de Cape York en stop et essayer d’y trouver des embarcations pour aller d’ile en ile jusqu’à la PNG. Ca sera très difficile mais j’ai envie d’essayer.

Pour Ton projet en bateau, je me souviens qu’avec Adrien on voulais aussi passer d’Inde en Thailande sans prendre l’avion et qu’on avait fait des recherches pour les bateaux. Il y a bien des ferrys qui vont jusqu’aux iles Andaman mais après plus rien, il faut prendre l’avion. Par contre on n’avait pas cherché du coté des voiliers, ni des cargos, c’est surement ta seule chance de traverser cette mer. Ton projet m’intéresse, j’espère que tu pourras m’en dire plus dans quelques temps, j’espère surtout que tu vas réussir !

:-)
j’espère aussi.
Si tu me dis qu’il y a des ferrys entre les îles Andamans et l’Inde (info qu’il me manquait, je n’ai pas encore fait de recherche) et qu’à Phuket, on m’a dit qu’il y avait régulièrement des voiliers qui vont vers ces iles, c’est prometteurs.
Sinon, il y a le Myanmar qui s’ouvre, qui s’ouvre, plein de promesse… un autoroute devrait entrer en construction entre l’Inde et la Thaïlande (via le Myanmar, avec son accord) d’ici la fin de l’année…
Il est aujourd’hui possible d’obtenir facilement un visa de 28j, et même d’envisager entrer depuis la Thaïlande par la terre (il faut un bon paquet de paperasse pour ça :-) mais pour l’heure, rien n’est encore possible quant à la frontière inde/Myanmar (et bien sûr on peut rêver au sujet du Bangladesh, la région n’étant absolument sous le controle d’aucun gouvernement mais seulement des trafiquants de drogue)… Bref, plus le temps passe et plus il est possible d’envisager une traversée terrestre de la région. Merci The Lady (entre autre).

Ca c’est intéressant, je n’étais pas au courant de ce projet d’autoroute entre l’Inde et la Thailande, peut-etre que dans pas longtemps il sera possible de voyager au Myanmar comme dans n’importe quel autre pays. (l’autoroute devrait être terminée en 2016 : http://www.lepetitjournal.com/eco-bangkok/eco-en-bref-bangkok/118498-eco-une-autoroute-inde-birmanie-thailande-esperee-pour-2016.html)

au fait, mon frère est en Australie depuis octobre. Il est aujourd’hui à Perth et à l’intention de finir la boucle, retour vers sydney par le nord dans sa petite voiture/minivan baptisée Greenchaud.
Si vous vous croisez, envoyez moi une photo :-)

S’il passe à Darwin, dis lui de passer me voir ! (je vais surement rester là dans les 2 prochains mois)

Si ton chauffeur n’a pas voulu que tu participes aux frais de carburant de son minibus au profit de la nourriture et des bières il a eu raison, je crois, car vous deviez consommer plus (bières) que le moteur du véhicule (d’après tes explications).
Pour la récolte des bananes, je pense que tu as bien fait. C’est une forme d’esclavage ce que tu expliques là. Enfin nous, nous voyons cela avec nos yeux d’occidentaux.
Toutefois, je me demande sérieusement comment feraient ces Australiens si du jour au lendemain, ils n’avaient plus de jeunes – qui arrivent de tous les pays du monde – a les aider (presque gratuitement) dans les différentes récoltes.
Et je reviens aux bananes. En outre les divers traitements -particulièrement nocifs pour l’homme- doivent bien laisser des traces sur le fruit, les feuilles. Et le ramasseur doit en « absorber », je pense …
Un dernier point attire mon attention et je ne veux surtout pas être curieux, c’est au sujet de votre connivence avec Gaël pour ce mot KLESKOOL….
Peut-être qu’un jour, nous saurons !
Bon courage pour la recherche d’un bateau (de la pointe de la péninsule vers les petites iles et enfin la Papouasie). Cela ne parait pas très éloigné en regardant la carte et pourtant il y a peu de liaison entre la terre Australienne et la PNG. C’est étonnant ça !
Bon courage pour le travail et tes différentes recherches de bateaux.

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