Adrien : Musicien à La Paz en Bolivie

8

Publié par Froggy | Classé dans Amérique du Sud | Publié le 20-01-2013

Mots-clefs :, , , , , ,

Guizmo a La PazAprès avoir eu la chance de profiter de nombreuses fêtes à Tarija, Sucre ou Cochabamba, me voilà dans la capitale la plus haute du monde : La Paz. En espagnol, le nom de la ville signifie : La Paix. Justement j´en ai besoin. Depuis plus d´un an, je n´avais pas recherché un hôtel mais cette fois-ci, je préfère être seul. Rencontrer des familles qui m´hébergent spontanément ou avec Couchsurfing, est assez aisé quand on voyage seul avec un accordéon depuis 2 ans. On attire à la fois l´attention et la sympathie. Cependant être le « héros » dans chaque famille est parfois fatiguant, je n´aime pas être constamment le centre d´intérêt.

.


A La Paz, je trouverai un petit hôtel un peu glauque à 15 Bolivianos (1.8€). Dans la journée, je me baladerai dans les jolies ruelles de La Paz. Quand le lieu me semble agréable et silencieux, je m´assis sur un bout de trottoir ou une marche d´escalier et m´imprègne de l´ambiance. Je sors ensuite mon accordéon et commence à m´évader.

Imag0178

Mon accordéon est devenu plus qu´un instrument de musique, c´est devenu un fidèle compagnon de voyage qui me suit toujours (à part lors des quelques treks) et avec qui je peux me relaxer. Je ferme les yeux et me laisse guider par la musique. Mon âme, mon cœur sont devenus les acteurs essentiels de ma musique. Désormais, je joue sans réfléchir, mes doigts glissent naturellement sur les bonnes notes. Alors que je suis parti loin dans mon monde musical, quelques applaudissements me sortiront de ma rêverie. En ouvrant les yeux, une dizaine de personnes me regarde les yeux et les oreilles grands ouverts. Ils semblent attendre le prochain décollage dans mes pays musicaux.

De nouveau, je ferme les yeux, écoute mon cœur et m´envole vers d´autres horizons, souvent connus mais parfois inconnus quand mes doigts semblent vouloir gouter eux-aussi à la liberté, à la recherche de nouvelles aventures, de nouvelles mélodies.

En revenant sur Terre, je ne me lasse pas d´observer mon public et notamment les regards de jolies jeunes filles qu´on ne peut oublier. Je passerai une semaine à La Paz, une semaine où chaque jour, je prendrai des quantités de plus en plus importante de « drogue » et passera parfois près de 8 heures déconnecté de la réalité. Une drogue qui n´est pas toujours légale puisque la police m´interdira après quelques jours de jouer en face de l´église San Francisco ou dans la Calle Comercio. Le commerce ambulant est interdit et de plus je n´ai pas de visa de travail.

Pendant la semaine, j´aurai été interviewé 3 fois par la télévision et économisé 150€ (équivalent d´un mois de salaire en Bolivie) tout en payant hôtel, restaurant, internet, en recevant quelques numéros de téléphone ou des petits cadeaux comme du chocolat emballé dans un papier plein de petits cœurs roses.

La Paz: 3000 metres d´altitude. Le manque d´oxygène se fait ressentir. La différence entre rêve et réalité peut provoquer des peurs existentielles, notamment chez les musiciens.

.

Apres 1 journée d´accordéon
Apres 1 journée d´accordéon

Avant d´aller a Sorata, un petit village à 1h30 de La Paz, j´irai à la banque échanger mon trésor d´environ 2000 pièces contre quelques billets. Etant donné que j avais déjà echangé un millier de pieces gagnées dans les autres villes, le banquier me demandera mon passeport, appellera les services d´immigration et de sécurité du pays. Il me demande ensuite pourquoi j´ai autant de pièces. Je lui réponds que je joue de la musique dans la rue. A ma réponse, le banquier a eu l´air que je me moquais vraiment de lui en lui racontant un mensonge si peu crédible.

La Bolivie est peut-être le pays le plus pauvre d´Amérique du Sud mais son pouvoir d´achat semble plus élevé qu´en Argentine. Quand le système de bus est excellent et les café-internet sont à chaque coin de rue, il est peu utile d´avoir sa propre voiture ou son ordinateur, par conséquent on est plus riche. Toutefois, en marchant dans les rues de La Paz, vous rencontrerez de nombreux enfants travaillant. En jouant de l´accordéon dans la rue, c´est un excellent moyen pour sympathiser avec eux et connaitre leur vie. L´un d´eux s´est assis à coté de moi, a déposé une feuille blanche au sol et en une heure, on lui a donné assez pour pouvoir s´offrir un déjeuner composé d´une soupe, d´un plat de riz et poulet.  J´ai également discuté avec un enfant de 8 ans qui m´a donné quelques centimes. Toutes la journée, il vend des bonbons et il fut heureux de travailler au son de ma musique. En marchant avec lui 20 minutes, son énergie débordante d´enfant lui a permit de vendre de nombreux bonbons. Il m´expliquera qu´il a 10 frères et sœurs. Sa mère s´occupe du bébé et son père travaille; cependant il ne gagne pas assez pour nourrir tout le monde. L´enfant m´avouera qu´il est très heureux car avec l´argent gagné, il peut s´acheter plein de crème-glacée, jouer aux jeux vidéos ou aller sur Facebook.

La vie des enfants n´est pas a plaindre, en revanche on peut s´inquiéter de leur avenir. N´allant pas a l´école, ils resteront toute leur vie vendeur, laveur de pare-brise ou cireur de chaussures. Ainsi la vie de certains vendeurs dans la rue est beaucoup plus à plaindre. Ils n´ont plus l´énergie d´un enfant pour accoster les passants et l´absence d´éducation ou d´une vrai enfance ont rendu leur créativité, leur prise d´inititiative très limité. On peut alors voir des adultes essayer de vendre des cadenas, du labello pour les lèvres à des prix très faibles ou louer les services de leur balance pour connaitre son poids en échange d´un petit Boliviano (0.12e). En les observant pendant une heure d´accordéon où ils réussissent à vendre environ 4 produits, je me demande comment ils peuvent faire assez de bénéfices pour survivre et pourquoi ils n´essayent pas de vendre une dizaine de produits différents pour augmenter le nombre de clients. De plus, ils sont parfois situé dans des endroits de la rue peu stratégiques ou la plupart des passants ne les aperçoivent même pas et où on ne les entend pas s´égosiller toute la journée : « labello fraisa, lemon, menta ».

Afin de résoudre cette misère, il faudrait tout simplement éduquer les jeunes couples à faire des enfants en fonction des revenus disponibles. Cependant, ce n´est pas si simple quand dans le pays, la virilité d´un homme se mesure au nombre d´enfants. De même une femme qui souhaiterai avoir seulement un ou deux enfants ne serait pas considèré comme une bonne épouse.

Commentaire(s) (8)

Salut Adrien,

J’ai adoré le passage sur la musique et l’accordéon. Visiblement, il prend de plus en plus d’importance dans ta vie. Tu t’es surement posé la question, mais peut-être qu’il serait une bonne idée d’en faire ton métier à ton retour en France ? Seul ou en intégrant un groupe, et ensuite de jouer dans des évènements tels que des mariages par exemple ?

Bref, encore un très bon article, et peut-être celui qui m’a le plus pris aux tripes depuis que tu voyages seul :-)

Tchoo !

Je vois que tu découvres toujours de nouvelles contrées. Ton envie de « toujours et encore plus  » pour te mettre en symbiose, avec chaque nouveau monde que tu rencontres, te colle à la peau.
C’est vrai aussi que la musique a l’air d’être devenue ta compagne de voyage. La griserie que tu ressens viens, comme tu le dis, de l’altitude de La Paz, peut-être.
En tout cas, il faut continuer à nous renseigner sur tous ces pays que toi, tu découvres, et leurs anciennes civilisations, leurs pyramides (s’il y en a)… nous sommes tous preneurs. Si tu as le temps d’écrire, bien sûr !
Bon courage et bonne continuation dans tes découvertes de gens différents.

Adrien desde la otra ALAPAZ (ZAPALA). Nos alegra saber de ti y buen viaje….SALUDOS

Je suis bien contente que tu es publié un article sur l’accordéon . Cela faisait un moment que tu n’avais pas écrit. Désormais je publierai mes vidéos sur Dailymotion car au moins mes vidéos sont avec le son! Tu as vraiment beaucoup de succes avec ton accordéon au bout du monde!!! J’espère que se sera mon cas en France . Continue bien ton voyage avec l’accordéon . Gros bisous

Sublime. Ton écriture sur l’accodéon est simplement GRANDIOSE.
Continu à créer et à partager ta musique. C’est un excellent moyen pour communiquer, un language universel.

Un grand MERCI à toi pour tout ce que tu partage.
On avait discuté ensemble avant mon départ pour mon tour du monde, et me voici maintenant sur la route.
Merci à toi et Julien car vous prouvez qu’il est tout à fait possible de voyager, que l’argent n’est pas du tout le moteur du voyage.
Le voyage itinérant, au rythme du temps et des rencontres, au rythme de la Vie.
Je vous souhaites les plus belles aventures, car vous les méritez.
A plus sur la route. ;)

Ca fsait longtemps que je n’avais pas pris le temps de lire un de tes articles ^^
j’ai bien aimé la comparaison Drogue-Accordéon
Comme un dealer de drogue, tu gagnes de l’argent, comme un dealer tu fuis la police. Et comme un droguée, tu t’évades…dans ton monde, tes pensées.

Du coup, si j’ai bien compris, tu pars dans la l’improvisation, la composition. Ca rend bien?

Belle plume pour décrire ton évasion musicale.

Pour que les couples puissent choisir leur nombres d’enfants, ils faut aussi, sauf à imaginer l’abstinence comme solution, qu’ils aient suffisamment d’argent pour payer des contraceptifs.

Il y a plein de methodes naturelles (qui ne sont pas a 100% efficaces) mais qui reduisent le fait d etre enceinte. Il faut juste connaitre les bons jours ou de choisir l autre chemin…

Ecrire un commentaire