Brève aventure en vélo

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Publié par Froggy | Classé dans Amérique du Sud | Publié le 18-10-2012

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Ma BicycletteA 8 heure le soir, le routier me dépose à Jujuy.

Un petit tour à la messe du soir en espérant me donne l’énergie de trouver un nouveau toit.

Malheureusement, les nombreuses rencontres, les fêtes au Chili et l’espagnol-argot des Chiliens m’ont totalement épuisé. Je n’ai pas le courage de parler au prêtre et j’irai dormir dans le jardin d’une maison. A minuit, les policiers me reveillent. Les proprietaires ont eu peur. Par chance, ils me laissent poursuivre ma nuit.

Depuis le Chili, j’ai eu l’occasion de lire les péripéties de Julien en vélo et ces aventures m’ont donné envie d’acheter un vélo.

Pendant toute la journée, je parcourrai la ville à la recherche d’un vélo.

Comme très souvent en Argentine, les prix sont affichés en mensualités même pour un vélo, pour une poupée, et même pour un pot de peinture (d’apres une peintre française). Plusieurs Argentins m’ont d’ailleurs montré leur collection de cartes de crédit. Une carte permettant de payer les crédits de l’autre carte qui permettait déjà de payer d’autres crédits…

Les vélos n’apparaissent ainsi pas très cher, seulement 10 euros  mais pendant 20 mois soit 200 euros. En payant cash, le prix affiché en petit indique 170 euros. C’est le vélo le moins cher que j’ai trouvé et le vélo ne permet pas de parcourir des centaines de kilomètres et n’a pas de porte-bagage.

En France, pour moins 100 euros, on peut s’acheter un vélo dans un grande surface de marque chinoise. En Argentine, la politique de réduire au maximum les importations afin de protéger les usines du pays rend la vie des Argentins beaucoup plus difficile. Pas étonnant que les routiers entre l’Argentine et le Chili étaient fiers de leur commerce illégal de produits chinois tels que les ordinateurs ou téléphones. Il aurait été beaucoup plus facile de  trouver un velo bon marché au Chili mais ensuite effectué 500 km dans le désert puis dans les montagnes sans une habitation en vélo aurait été une mission impossible pour un cycliste sans aucune expérience.

Finalement je partirai à la recherché d’une bicyclette d’occasion. Premier reflexe: eBay. Résultat, une bicyclette a 800 euros pour une ville d’environ 100 000 habitants. Un petit tour sur “Le Bon coin” me permettra de voir que dans mon département de Saône et Loire, il est possible d’acheter une dizaine de velo à moins de 200 euros.

Je me rappelle alors les discussions que j’ai eu avec des jeunes Argentins qui rêvaient de s’acheter une petite voiture. Je leur parlais qu’en France, il était très facile de trouver une voiture de moins de 10 ans à moins de 2000 euros. Il me racontait alors que pour ce prix, en Argentine, il y seulement des voitures de plus de 20 ans et qu’il est nécessaire de bien s’y connaitre en mécanique.Ma recherche de velo me confirmera que le marché de l’occasion est très très loin d’être aussi intéressant qu’en France.

En jouant de l’accordéon de la rue, j’afficherai cette fois-ci un papier : “Recherche vélo d’occasion pour jouer de l’accordéon dans les petits villages de Bolivie”. Plusieurs personnes me proposeront de vendre leur vélo mais a des prix inaccessible.

J’ai eu cependant de bonne affaire. J’ai pris rendez vous mais au rendez-vous, personne n’ai jamais venu. Un grand classique en Amérique du Sud. On m’a donné des centaines de bons plans mais très peu se concrétisent.

Entre accordéon et recherche de bicyclette, je dois également réparer mon ordinateur qui ne s’allume plus. Je ferai le tour de plusieurs magazins et personne ne souhaite réparer mon ordi pourtant ils affichent : “Ici, réparation d’ordinateur”. Un informaticien m’expliquera alors que la traduction adéquate serait ; “installation de logiciel, d’un anti-virus, récupération de donnée perdue”. Un informaticien en Argentine n’a pas de compétence en électronique, par conséquent si votre ordinateur ne s’allume pas, il n’a aucune idée comment le réparer.

Apres avoir fait le tour d’une dizaine de magazin, je rencontrerai un ingénieur qui souhaite enfin réparer mon ordi. 3 jours plus tard, il me dira que c’est mon câble “flex” de l’écran qui ne fonctionne pas et qu’il est plus économique d’acheter un ordi en Bolivie que de faire la réparation en Argentine. Mes recherches sur Google m’avait permis de faire le même constat.

Apres une semaine a Jujuy, je me déciderai de quitter la ville avec une bicyclette avec porte bagage à 150 euros (après négociation) et avec mon ordi que je n’ai toujours pas reparer. De plus, l’énergie n’est toujours pas revenue. L’hospitalité Argentine et les 3 euros de l’heure à l’accordéon me font regretter de ne pas être resté un peu plus longtemps en compagnie des Chilien.

Le voyage en vélo

Je pars donc de Jujuy le sac sur le dos et l’accordéon attaché sur le porte bagage.

Bicyclette pour voyager en Argentine

Trouver l’équilibre est loin d’être simple. De plus, je dois circuler sur une étroite partie de la route pour ne pas recevoir des dizaines de coups de klaxons. Apres 5 kilomètres, en face de moi, un magnifique nid de poule, a droite le fossé et à gauche, un camion me double. Je n’ai pas le temps de freiner et violemment je prends le nid de poule et perd d’un coup mon frein avant qui s’est devis puis tordu en arrachant la valve de la chambre à air .

Sans valve, plus d’air dans le pneu. Je fais donc demi-tour jusqu’a la prochaine  » bicicleteria « . Le gérant ayant l’impression d’accueillir un aventurier français parcourant le monde en vélo m’offrira une valve, une pompe et quelques rustines avant de me souhaiter bonne chance.

Apres 2 heures de velo mais seulement 10 kilomètres, j’irai dormir dans une maison en construction après avoir mangé quelques bananes et du pain a la confiture de figues.

Le matin, je me réveille de bonheur plein d’énergie. La joie que procure le sentiment de liberté de pouvoir voyager en vélo. Une joie que l’on n’a pas en voyageant en autostop, on est dépendant des autres. Cependant à ma grande déception, les pneus de mon vélo sont à plat et un coup de pompe me prouvera que je dois installer les rustines.

N’ayant pas le materiel pour démonter les pneus, je me dirige donc de nouveau dans une « bicicleteria ». Le patron est généreux puisqu’il m’aidera à réparer le vélo sans contrepartie.

En route pour la prochaine ville à seulement 50 kilomètres…

Rapidement, je rencontrerai des difficultés avec l’accordéon. A chaque virage, l’accordéon se déplace sur le porte-bagage et me rend l’équilibre difficile à garder. Je dois m’arrêter et le rattacher. Je passerais des dizaines de minutes à tenter à chaque fois de faire des nœuds de plus en plus fort, mais rien ni fait. Par conséquent je prends les virages aux plus larges quand il n´y a pas de circulation.

Quand il n’y a pas de virage, il y a une cote. Impossible de la grimmer. Il faut admettre que je n’ai vraiment plus de conditions physiques. Les deux ans de voyage m’ont malheureusement fait perdre une bonne partie des muscles. De plus, avec le sac a dos sur le dos et l’accordéon sur le porte-bagages, impossible de se mettre en danseuse tout en gardant l’équilibre du vélo.Par conséquent, j’effectue la montée à pied en poussant le vélo. Un camion me proposera de m’aider à rejoindre la ville. C’est bien tentant, mais le but du vélo n’est pas seulement de rejoindre une autre ville, sinon j’aurais fait du stop, mais de vivre une expérience de voyage différente.

Apres une dizaine de kilomètres, une belle descente. Malheureusement,  ce sera la dernière descente en vélo, puisque j’userai la totalité du tampon de mon frein arriere.Je passerai donc une partie des autres descentes également à pied à coté du vélo. J’ai bien essayé d’utiliser mes chaussures et l’herbe du bas-côté; mais après mettre fait quelques belles frayeur, j’ai préféré choisir la sagesse de la marche à pied.

A quelques kilomètres de ma destination, un cycliste avec son magnifique vélo de course  entamera la discussion avec moi. J’ai de la chance, le cycliste est gérant d’un hôtel et m’offrira une magnifique chambre avec télévision et une bonne douche chaude ainsi que le petit déjeuner. Habituellement, quand j’arrive dans une ville, j’aime jouer un peu d’accordéon pour pouvoir discuter avec quelques habitants et gagner de quoi diner.  Mais les 6 heures de vélo pour seulement 50 km m’ont totalement épuisé et je préfère m’installer dans mon lit et regarder les jeux olympiques allongé dans mon lit.

Le lendemain, je me lève tôt pour cette fois-ci bien fixé l’accordéon au porte-bagages. De nouveau, je dois aller à la « bicicleteri »a pour réparer mon pneu-avant totalement dégonflé puis réparer le frein arrière. Comme dans les deux autres villes, on m’offrira la réparation, fier d’aider un aventurier-musicien. Apres 10 minutes de vélo dans la ville, mon accordéon commence à glisser sur le porte-bagage. 5 minutes plus tard, je m’aperçois que mon pneu est de nouveau dégonflé.

En plus de ces difficultés mécaniques, j’ai les courbatures de la veille et la selle me parait de plus en plus inconfortable. Je pousse mon vélo jusqu’a une prochaine « bicicleteria » pour le réparer de nouveau. Voyant mes difficultés, on m’offrira un délicieux sandwich jambon-beurre. Le vélo tout comme l’accordéon  est d’excellents moyens de faire de belles rencontres. Cependant voyager en vélo avec un accordéon est un vrai cauchemard. Je ne dis pas que c’est impossible, mais ca ne peut pas s’improviser comme je  l’ai fait. En effet, pour voyager en vélo avec un accordéon, il faudrait que je choisisse un accordéon plus petit et pas de 12kg comme le mien et que j’investisse dans un vélo beaucoup plus professionnel ainsi qu’une petite remorque. Bref, un budget plus porches des 2000 Euros que des 150. Cependant, ce n´est qu´une petite partie du budget. En voyageant  en  vélo, il faut de plus grande quantité de nourriture qu’en Autostop. Quand on  ne perd pas son énergie à pédaler, on peut ensuite jouer un peu d’accordéon en face du supermarché pour gagner de quoi manger.

De plus, il faut avoir la condition physique, que j’avais plus ou moins il y a 2 ans  mais que je n’ai plus. Sans bonne condition physique, pourquoi trimballer un accordéon si ensuite on a plus assez d’énergie pour en jouer…

En résumé, j’ai le choix entre voyager jusqu’a Noel 2014 en autostop en gagnant ma vie et en faisant de belles rencontres en jouant 2 heures d’accordéon par jour; l’autre solution est de voyager en vélo en souffrant beaucoup plus, en passant mes journées à pédaler puis a dormir et ce jusqu’a Aout 2013 soit 2 fois moins longtemps. Si je fais le choix d’investir dans une remorque et un meilleur vélo, j´utilise les 3/4 de mes economies et termine alors le voyage en Noel 2012.

Je choisirai donc de revendre la bicyclette au premier venu. Je la vendrai seulement 70 euros mais je n’ai pas envie de pousser une bicyclette avec les pneus crevés, avec le sac a dos et l´accordeon,  pendant toutes la journée. Je quitterai la ville à pied, avec une immense sensation de légèreté, la bicyclette en moins.

10 minutes d’attente me permettront de rencontrer une voiture m’aidant à parcourir les 50 kilomètres. En vélo, il m’aurait fallu  toute la journée. En Autostop, à peine 1 heure.

Conclusion

On ne peut pas dire que cette expérience en vélo soit une belle réussite mais elle restera une belle expérience de voyage. Une expérience qui me permet de mieux apprécier ceux qui font le choix de voyager en vélo et de donner beaucoup plus de sens au récit de Julien. Dans ces conseils, il avait écrit qu’il est important de faire des tours en ville pour essayer le vélo et faire les ajustements nécessaires.

Julien avait  une certaine stabilité à Sydney et l’aide d’autres cyclistes pour préparer son aventure. N’ayant pas ces opportunités, j’ai toutefois pensé que le conseil n’était pas si important et je me suis lancé avec le sac a dos et l´accordeon en pensant rejoindre rapidement la frontière avec la Bolivie avant de connaitre les 1eres difficultés en attaquant la montagne.

Un voyage en vélo ne s’improvise pas…

Commentaire(s) (5)

Ahah quel échec ! Au moins tu as le courage de raconter ta brève aventure en vélo pour la partager avec nous, c’est respectable ! ;-) Comme tu l’as dis en conclusion de ton article, un voyage à vélo ne s’improvise pas et demande un minimum de préparation, d’organisation, d’équipement, etc.

Je t’avais pourtant dis de bien prendre le temps de tester ton vélo avant de partir, de régler tous les problèmes avant d’être sur la route, d’avoir des pièces de rechange, ah Adrien mon ami je te reconnais bien là !! ;-) Autant l’autostop peut se faire en improvisation totale, autant le vélo demande un peu temps et de réflexion avant de se lancer.

Tu ne dois pas abandonner l’idée je pense, si tu as l’occasion d’avoir un meilleur vélo plus tard, avec une petite remorque pour l’accordéon, et que le paysage n’est pas trop vallonné, alors lance toi à nouveau, retente l’aventure avec un peu plus d’organisation, c’est un peu compliqué au début mais quand tu es lancé et que tu vis la grande aventure alors tu ne regrette rien. Allez n’abandonne pas l’idée, prend ce premier échec comme une lecon pour la prochaine tentative, je te le souhaite de tout coeur, tu as encore 2 ans de voyage devant toi, ca laisse beaucoup de temps pour y réfléchir et te relancer à vélo !

Merci d’avoir partagé ton expérience c’est intéressant malgré tout, c’est une belle leçon pour toi et pour tous ceux qui veulent se lancer à vélo. REFLEXION, ORGANISATION, PATIENCE !

Oui, beaucoup de sincérité dans cette nouvelle aventure. Je pense que comme Julien, l’expérience peut être retentée dans un autre pays… Mais là, dans ce pays, c’est vraiment du vol ! Ces prix sont extravagants.
Et d’un autre côté, c’est très enrichissant pour toi Adrien, toutes ces « tentatives aventureuses ».
Quel sera ton prochain moyen de locomation ?
Bonne continuation pour la suite de ton aventure.

Ha Ha! Une belle aventure, j’suis un peu du même genre que toi! J’me lève un matin avec l’idée de faire un truc, et même s’il faudrait prendre son temps, j’vais le faire en 3 ou 4 heures! Ensuite je regrette, le voyage aide a changer ses « mauvaises » habitudes mais parfois, le naturel revient au galop avec la petite claque qui va bien!
Super marrant à lire et à lire toutes les belles choses qui t’arrivent, si c’est là ta malchance, c’est un moindre mal!

Bonne continuation,

Elias

150 euros !!! pour ce prix-là tu pourras trouver ici au Méxique un vélo neuf de super qualité, et pour environ 50 euros un vélo d’occasion en bon état, prêt pour avaler des kilomètres! Bonne continuation.

Bonjour, J’aime bien vos récits. Les bonheurs et difficultés que vous rencontrez sont palpables. Les doutes et questions qui vous assaillent sont aussi perceptibles. Mais vous allez de l’avant et je trouve ça chouette. Je vous souhaite bon courage.

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