On a traversé l’outback en vélo ! …….. [3/3] Broken Hill – Adelaide (540km)

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Publié par Froggy | Classé dans Article-photos, Océanie | Publié le 12-06-2012

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1er jour : [Broken Hill]-[30km avant Olary] – 88 km
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En partant d’Orange il y a 3 semaines nous ne nous étions pas vraiment posé la question de l’après Broken Hill. Nous avions déjà tellement de choses à penser pour les 900 premiers kilomètres et tant d’incertitude quand à la réussite de l’épreuve que la suite du parcours jusqu’à Adelaide nous semblait appartenir à un lointain et improbable futur. En fait Broken Hill sonnait pour nous comme la fin toute proche de l’outback, le retour presque définitif à la civilisation, à des zones habitées où tout redeviendrait facile, où l’on n’aurait pas à se soucier du nombre de kilomètres entre les villes ni de la quantité d’eau à transporter. Nous n’en savions rien mais nous nous étions trompé…

En dépliant la carte de l’Australie quelques jours avant de reprendre la route nous découvrons que la prochaine ville après Broken Hill se trouve à plus de 280 kilomètres ! Une distance vertigineuse pour nous qui pensions en avoir terminé avec les grands espaces !

La prochaine ville donc, c’est Peterborough… et ses 1700 habitants, ce qui en fait une « grande ville » dans l’immensité de l’outback. Une grande ville veut juste dire (pour nous cyclistes) une ville où l’on peut trouver un supermarché et acheter à manger.

Heureusement d’après la carte il y a quand même 3 villages sur la route de Peterborough. Des villages de quelques dizaines d’habitants qui se sont construit autour d’une station-service ou d’un restaurant routier. Ca veut dire qu’on pourra accéder à de l’eau potable tous les 70 kilomètres environ, c’est largement suffisant. Mais en ce qui concerne la nourriture nous savons que ces villages ne vendent rien si ce n’est des plats hors de prix au restaurant ou des paquets de chips et crèmes glacées… Il ne faudra donc pas compter la dessus pour manger et nous devrons faire de grosses provisions de nourriture avant de partir, pour pas moins de 4 jours en autonomie.

Nous remontons en scelle avec pour seul objectif d’arriver à Adelaide aussi vite que possible. Tous nos muscles sont encore un peu douloureux et nous n’avons clairement pas autant de motivation qu’en partant d’Orange, nous sommes juste suffisamment en forme pour reprendre la route.

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Quelques heures après Broken Hill nous passons la frontière qui sépare 2 états : Le New South Wales et le South Australia. Une frontière complètement virtuelle, toute droite du nord au sud. Un coup de crayon tracé à la règle sur la carte de l’Australie par un colon géographe qui devait avoir pour mission d’organiser les choses sur cette terre nouvelle, oubliant toutes les anciennes frontières des nombreux territoires aborigènes.

On peut voir clairement quand on regarde la carte de l’Australie qu’il n’y a aucune logique dans les frontières entre les états (un peu comme aux USA) : elles ne suivent ni les rivières, ni les montagnes, ni quoi que ce soit… Seulement du vent, de l’abstrait, comme tout ce qui constitue l’histoire du pays aujourd’hui, histoire basée sur rien du tout si ce n’est l’extermination du peuple qui y habitait autrefois.

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Le découpage moderne des états en Australie. L’Australie « blanche ».

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L’Australie des communautés aborigènes il y a 300 ans, avant que les colons ne volent leurs terres pour en faire un nouveau pays. Cette carte est complètement obsolète aujourd’hui.

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Avant la frontière, c’est le désert, et après la frontière c’est encore le désert.

Mais depuis quelques jour le vent a changé de direction et la température a chuté. Avant nous avions un vent du Nord-Ouest, un vent chaud qui nous venait du continent. Maintenant nous prenons dans la face un vent du Sud-Ouest qui arrive tout droit de l’Antarctique. Les journées sont froides et la nuit la température descend en dessous de 5°C. Le vent glacial qui accompagne le crépuscule nous oblige ce soir à faire du feu à coté de notre campement.
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2eme jour : [30km avant Olary]-[Manna Hill] – 67 km
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Qu’il est dur de se réveiller et de sortir de la tente  quand il fait si froid dehors ! Qu’il est dur de s’extraire du duvet en sachant ce qui nous attend après le petit déjeuner : une journée entière à pédaler au milieu du désert…

Et qu’il est dur d’avancer contre le vent !

La route est globalement plate avec par ci par là des petits dénivelés montant ou descendant, quasiment invisibles et probablement imperceptibles en voiture. Mais en vélo nous savons toujours si nous sommes dans une légère descente ou dans une légère montée, le cerveau s’est adapté et calcule un ratio entre l’effort fourni, le vent ressenti, la vitesse et la perception visuelle de la route. Ca parait assez compliqué comme ca mais en gros ca veut dire que d’instinct on sait si la pente est montante ou descendante. Car une route ou un terrain n’est jamais parfaitement plat, la pente est seulement trop faible pour qu’on puisse la percevoir.

Avec un fort vent de face il est beaucoup plus difficile de savoir si nous sommes en descente ou en montée car nous avons l’impression de gravir une cote en permanence. Même lorsque la descente est visuellement indéniable, nous peinons à avancer, nous devons fournir un effort conséquent non pas pour gagner en vitesse mais seulement pour faire avancer le vélo. C’est extrêmement frustrant. Nous roulons à 10 km/h sur une route plate où l’on pourrait facilement dépasser les 20 ou 25 km/h avec un vent nul ou favorable. Le paysage défile si lentement que nous avons l’impression d’avancer à pieds, mais avec les efforts en plus.

L’ascension fatiguante et frustrante d’une interminable cote imaginaire : le vent…

Combien de fois nous nous sommes dit que nous nous étions trompés de sens et qu’il aurait fallu partir d’Adelaide pour aller vers Sydney, et non l’inverse… Rouler d’Ouest en Est avec le vent dans le dos, le rêve… Cette route doit être un vrai plaisir dans l’autre sens ! Je propose à Matt de repartir vers Sydney lorsqu’on sera arrivé à Adelaide, faire l’aller-retour, histoire de profiter un peu du vent, quand même… Il m’envoie balader dans toutes les langues.

En fait, nous avons un problème plus grave à gérer maintenant : la roue arrière de Matt a commencé à se démanteler ce matin. Les rayons se sont brisés les uns après les autres et il en est maintenant à six… C’est énorme, 6 rayons cassés sur une roue arrière qui supporte quasiment tout le poids du vélo, des bagages et du cycliste, on se demande même comment il arrive encore à rouler. La roue vrille de plus en plus et nous savons qu’elle ne passera pas une journée supplémentaire. Evidemment il fallait que ca nous arrive en plein milieu de l’étape, à 2 jours de vélo de la prochaine ville comme de la précédente… Ca s’appelle la POISSE !

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Nous roulons laborieusement quelques heures encore, pour rejoindre le prochain village : Manna Hill, 60 habitants. Aucune chance d’y trouver une roue de vélo, il n’y a même pas une épicerie pour acheter à manger.

Nous en avons marre, tout devient trop compliqué, le vent de face qui nous rend fou, le froid glacial la nuit et maintenant la roue de Matt qui déclare forfait… Il va falloir s’y faire, l’aventure est terminée. C’est décidé nous ferons du stop demain matin en direction d’Adelaide, avec ou sans les vélos.

Soudain nous voyons le train de marchandise qui s’arrête sur la voie ferrée au milieu du village. Nous sautons sur l’occasion ! De nombreux wagons sont ouverts et complétement vides… Et si nous finissions le trajet à bord de ce train ?
Dilemme : sauter discrètement dans l’un des derniers wagons en queue de train ou aller voir le conducteur et lui demander s’il est possible de monter à bord… Il faut faire vite, il siffle déjà pour avertir de son départ imminent. Excès d’honnêteté, ou peur du danger, nous fonçons voir le conducteur du train pour obtenir son accord. La locomotive est extrêmement bruyante, nous crions pour nous faire entendre, nous tentons de lui expliquer en quelques mots que nos vélos sont cassés et qu’on souhaite monter à bord… Il ne nous entend pas, ou fait mine de ne pas comprendre, il nous dit que le train doit partir, il ne peux pas attendre plus longtemps sur la voie. Et c’est trop tard, déjà les roues doucement se sont remises à tourner et notre espoir s’enfuie avec le train…

Cette nuit encore il fait très froid dehors et nous passons la soirée à l’intérieur du restaurant routier, dévorant un bon burger à coté du gros feu de cheminée qui nous remonte le moral. Le tenancier nous dit qu’il pourra nous aider pour l’autostop demain matin, il pourra peut-être nous trouver un camion pour Adelaide. Chouette. En attendant nous allons passer la nuit dans les toilettes publics de l’aire de repos, à l’abri du vent car il fait beaucoup trop froid pour dormir dehors. Nous rêvons de piscine et bains chauds…
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3eme jour : [Manna Hill]-[30km avant Peterborough] – 100 km
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Ce matin nous avons rendez-vous avec le tenancier du restaurant qui s’est courageusement proposé d’abréger nos souffrances. Nombreux sont ses amis camionneurs qui empruntent la route régulièrement et qui s’arrêtent ici boire un café. Il n’aura pas de mal à nous faire monter dans l’un des camions.

Nous entrons dans le restaurant et courrons instinctivement vers le feu de cheminée pour nous réchauffer. Puis débarquent le tenancier et sa femme derrière le comptoir : « Good morning ! »

Avant même qu’on ait eu le temps de commander un café chaud l’homme nous invite à le suivre à l’extérieur, de l’autre côté du bâtiment. Surprise : il aurait peut-être de quoi réparer le vélo de Matt… Nous nous aventurons tous ensemble dans son « jardin » qui ressemble à un vaste terrain en jachère sur lequel sont entreposés des vieilles carcasses de congélateur rouillé, de voiture démantelée, de télévision éventrée, des plaques de tôle bousillées recouvertes par les racines des arbres et des colonnes de vieux pneus à moitié effondrées sur une végétation haute de 50 centimètres. Des poules effrayées par notre arrivée sortent des carcasses métalliques et détalent vers le fond du jardin qui donne directement sur le désert.

Nous suivons notre guide à travers les branches mortes et les herbes hautes sans trop nous poser de questions. Plus rien ne peut nous étonner à présent, tout est possible dans l’outback. Il pourrait nous sortir une roue de vélo tout neuve avec l’étiquette ou bien nous montrer l’ouverture d’un passage spatio-temporel vers la prochaine ville que nous n’y verrions aucune différence.

Nous passons à côté d’une petite cabane en bois de style « toilettes au fond du jardin » et nous nous arrêtons devant quelque chose qui ressemble vaguement à une vieille remorque de voiture engloutie sous la végétation. Le type nous dit « c’est ici ! ». Comment ca c’est ici ? Il n’y rien ici à part des montagnes de déchets !

- « Si ma mémoire est bonne il doit être quelque part sous la remorque, je crois qu’il est toujours là, on va vérifier »…

Le type fouille à travers les herbes hautes, déplace des morceaux de tôle, soulève des branches et soudain nous voyons apparaitre un guidon de bicyclette à travers la végétation ! C’est improbable, il disait vrai ! Quelques efforts supplémentaires pour déterrer ce qui s’apparente plus à une épave qu’à un vélo, abandonné ici depuis si longtemps que même la terre a commencé à le recouvrir.

Première vérification. La taille de la roue : 26 pouces, comme les notre, c’est une sacrée chance !

Deuxième vérification. L’état du vélo : évidemment plus rien ne fonctionne, ni les pédales ni les roues ne tournent autour de leurs axes, tout est coincé, les freins et les vitesses sont inutilisables, même le guidon ne tourne plus. L’ensemble du vélo est recouvert d’une épaisse couche de rouille au point qu’il est impossible de deviner quelle était la couleur du cadre à l’origine… Ca n’est pas beau à voir. Mais nous n’avons rien à perdre : c’est ca ou la voiture-balai alors nous voulons y croire à nouveau. Nous démontons la roue arrière tant bien que mal afin de l’installer sur le vélo de Matt. Elle est couverte de rouille mais aucun rayon n’est cassé, ca n’est pas si mal.

Pendant 20 minutes nous nous relayons pour taper à coups de marteau et de tournevis sur le mécanisme de la roue jusqu’alors complément bloqué par la corrosion. Nous y injection du dégrippant (WD-40, produit magique de chez magique) puis frappons sans répit l’engrenage de la roue pour gagner petit à petit quelques millimètres de roulement, puis quelques centimètres… Et puis… miracle, nous avons du mal à y croire et pourtant… ca tourne à nouveau !!
Matt roule quelques minutes avec sa nouvelle roue et me confirme que tout marche à merveille. Nous fêtons ca en allant boire un café chez le restaurateur qui nous a sorti du pétrin, histoire aussi de le remercier avec nos modestes moyens financiers. Au moment de payer l’addition il nous demandera simplement de nous en aller en nous souhaitant bonne chance pour la suite du voyage… Il y a vraiment des gens sympas dans l’outback !

Et c’est reparti ! Le destin a décidé que la fin de l’aventure n’était pas encore pour aujourd’hui alors nous sommes à nouveau motivés pour aller jusqu’au bout. Nous attaquons une longue journée de plus de de 9 heures de vélo presque sans aucune pause, une journée qui se terminera bien après le coucher du soleil. Nous avons la rage d’avancer malgré ce satané vent qui toujours nous souffle dans la face et transforme le plat désert en une horrible cote. Nous dépassons difficilement la vitesse -ridicule- de 12 km/h et nous ferons seulement 100 kilomètres aujourd’hui… malgré le nombre d’heures passées sur la route.
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Cette journée miraculeuse se termine bien, sans aucun ennui mécanique, et c’est autour d’un gros feu de joie sur une aire de repos au milieu du bush que nous la clôturons comme pour mieux nous venger du froid et de la fatalité qui nous faisait face ce matin encore.
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4eme jour : [30km avant Peterborough]-[Peterborough] – 30 km
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Encore 30 petits kilomètres aujourd’hui et puis nous arrivons à Peterborough. Enfin nous y sommes ! Il est à nouveau possible d’acheter à manger, de prendre une douche, de se détendre dans un parc  et d’utiliser les barbecues électriques, mais aussi d’acheter quelques nouveaux vêtements pour remplacer ceux que l’épreuve a complétement anéanti.

Il existe en Australie de nombreux magasins d’occasion (opportunity shop) dans presque toutes les villes et dans lesquels on peut trouver pour quelques dollars tout et n’importe quoi, notamment des vêtements en très bon état. En cherchant un peu il est possible de s’équiper de la tête aux pieds (chaussures, sous-vêtements, short, t-shirt et pull-over) pour moins de 30$ (25€) alors qu’il faudrait dépenser 5 à 10 fois plus d’argent pour les même vêtements en neuf… Un concept intéressante donc, les op-shop !

Nous avons parcourus presque 300 km depuis Broken Hill et nous pouvons maintenant dire que nous sommes sortis de l’outback. Peterborough marque plus ou moins la limite entre le désert et les zones habitées. A présent nous n’aurons plus aucun mal à trouver à manger, à boire, et à dormir dans des endroits abrités du vent.
Ce soir par exemple nous dormons sous un abri au milieu d’un parc, notre bivouac installé entre les bancs en bois et les barbecues électriques. Grand luxe !
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5eme jour : [Peterborough]-[Jamestown] – 43 km
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Une autre toute petite étape aujourd’hui : 43 kilomètres pour rejoindre la ville de Jamestown. Le paysage change du tout au tout : nous traversons maintenant des terres agricoles, des champs de blé, croisant quelques vaches et quelques maisons le long de la route. Nous sommes définitivement sortis de l’outback. Nous apprécions pédaler dans ce nouveau décors et grâce au relief du paysage le vent n’est plus aussi fort qu’avant : nous revoilà dans un environnement plus ‘normal’ où il est facile et agréable d’avancer en vélo.
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Pour rattraper toute la frustration alimentaire de ces derniers jours nous mangeons comme des ogres quand nous arrivons en ville : viande, frites, sauces, gâteaux, chocolats, sodas, nous devenons incontrôlables quand il s’agit d’acheter à manger… Le budget nourriture explose, on peut dire que le vélo ca ouvre l’appétit !
Quant à notre logement c’est une fois de plus les toilettes publics de la ville qui deviendrons notre hôtel 4 étoiles pour la nuit…
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6eme jour : [Jamestown]-[Rhynie] – 112 km
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Depuis que nous avons quitté Broken Hill nous ne pensons qu’à une chose, c’est la récompense qui nous attend à Adelaide : piscine-spa-hammam. En effet nous avons décrété en partant que se serait la première chose à faire en arrivant là-bas : une journée entière dans les bains chauds ! La carotte au bout du bâton, de la volonté sous perfusion. Simple mais efficace… Plus nous nous rapprochons d’Adelaide, plus nous y pensons et plus nous sommes motivés pour avancer vers la victoire et surtout vers la récompense : une piscine chauffée.

Depuis Jamestown nous avons bifurqué plein sud pour suivre la route d’Adelaide et le paysage change encore aujourd’hui. Nous traversons de grandes régions viticoles dont la vallée de Clare réputée mondialement pour ses excellents vins blancs Riesling et Cabernet Sauvignon. Nous en profitons pour nous arrêter le long de la route à chaque vignoble afin de gouter le raisin local !

Est-ce grâce à ca que nous battrons notre record de distance aujourd’hui ? 120 kilomètres pédalé pour une journée finalement pas si fatiguante que ca. Le paysage a de l’importance, psychologiquement, mais le vent y est aussi pour beaucoup.
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Des kangourous le long de la route


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7eme jour : [Rhynie]-[Adelaide] – 100 km
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Septième et dernier jour sur la route d’Adelaide, la route des bains chauds… Nous n’avons plus que ca en tête. Nous entrons petit à petit dans l’agglomération d’Adelaide, une ‘vrai’ grande ville de plus d’un million d’habitants. Les jolis paysages vallonnés de ces derniers jours commencent à s’urbaniser, les vignobles se transforment en zones résidentielles, commerciales et industrielles, la circulation est de plus en plus dense et nous redécouvrons les feux rouges, les rond-points, les intersections, toutes ces choses qui n’existaient pas dans l’outback.

Les dernières heures semblent durer une éternité, nous traversons des banlieue grisâtres tristes à mourir sur une large double-voie sans aucun panneau kilométrique, nous n’avons aucune idée de la distance qui nous sépare du coeur de ville, notre point de chute. Chaque fois que nous apercevons le début d’une zone commerciale nous pensons arriver au centre-ville et nous cumulons fausse joie sur fausse joie pendant 3 heures. C’est seulement en fin d’après-midi que nous atteignons Adelaide North, les vieux quartiers légèrement au nord du centre-ville. Nous sommes émerveillés en passant devant les innombrables boutiques illuminées, les buildings modernes autant que les vieilles églises. Nous sommes si heureux d’arriver enfin au bout du périple que tout nous parait magique en ville, ca grouille de monde, les lumières pétillent de toutes les couleurs et de tous les cotés, le soleil est bas quand nous arrivons enfin et nous sentons la chaleur de la ville qui rayonne de tous les bâtiments et du sol goudronné, nous n’aurons pas froid cette nuit ! Une boutique Pizza Hut sur le côté de la route nous fait de l’oeil avec ses fameuses pizzas à 5$, nous l’attendions depuis longtemps celui-là car c’est le premier que nous croisons depuis Sydney…

Enfin, nous repérons le parc aquatique où nous avons prévu de passer la journée entière demain et nous nous endormons dans un parc à proximité pour être prêt demain matin à la première heure à sauter dans le jacuzzi !
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Nous sommes arrivés à Adelaide après 7 jours de vélo et plus de 600 km depuis Broken Hill. L’aventure se termine ici et nous en sommes ravis !

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Conclusion sur cette 2eme et dernière partie du périple :
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Encore une fois nous avons parcouru une distance légèrement plus grande que celle indiquée sur les panneaux routiers : un peu plus de 600 km au lieu des 500 km « théoriques ». 600 km dont la plupart ont été durement arrachés contre le vent glacial de l’Antarctique. Autant la première partie du voyage jusqu’à Broken Hill avait été très chaude, autant cette deuxième partie a été globalement froide jour et nuit, et surtout très venteuse. Les paysages étaient à la fois grandioses et monotones, comme souvent dans les déserts : paysages sauvages, isolés, battus par les vents, où la vie animale et humaine est quasiment inexistante et où il ne fait pas bon rester trop longtemps… Nous avons encore du faire face à de nombreux problèmes techniques et l’aventure a vraiment failli s’arrêter avant la fin, nous devons notre salut aux Australiens qui nous ont aidés dans les villes ou au milieu du désert, sans qui nous aurions du abandonner de nombreuses fois… Malgré la beauté de l’outback nos plus grands moments sont aussi ceux du retour à la civilisation, à un environnement connu et accueillant, que ce soit les vignobles ou les villes, les prairies ou les champs de blé, nous nous sentons bien là où il y a de la vie, là où il y a du confort et d’autres êtres humains…

Nous avons rejoins Adélaïde au sud de l’Australie qui marque définitivement la fin de l’aventure en vélo pour moi comme pour Matt. Nous sommes réellement fatigués physiquement et moralement, nous avons mal partout, nous en avons assez de l’outback, nous en avons assez de pédaler… Nous voulons maintenant retourner vers un mode de voyage plus facile, dans des régions moins hostiles et sans avoir à gérer des problèmes au quotidien.

Je vous parlerai dans mon prochain article des avantages et des inconvénients du voyage à vélo, des points communs ou des différences avec l’autostop, et enfin de ma conclusion personnelle sur le vélo comme moyen de transport dans ce grand pays qu’est l’Australie.
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Hôtel 4 étoiles à deux pas du centre-ville : les tribunes du terrain de sport

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Vélo à vendre pour 100$ !

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Commentaire(s) (10)

Chapeau pour votre courage, fallait le faire !

Bravo pour l’exploit sportif!
Détendez vous bien pour mieux repartir ;)

Dans ces cas là, malgré votre attirance pour une vie champêtre, un peu en dehors de la civilisation moderne, j’ai l’impression que vous avez été heureux de retrouver les lumières, la vie et le bruit autour de vous.
Comme on vous comprend aprés cet exploit. Car votre plus grand ennemi c’était bel et bien le vent. Déjà à faire 10 ou 20 km avec un vent de face, sans rien sur des porte-bagages, c’est exténuant ; alors là, chapeau !
Vous êtes quand même sacrément costauds.. C’est un vrai roman d’aventures, que vous nous faites vivre.
Bravo et on veut toujours la suite.

Hello !

Cette 2ème partie du trip en vélo Orange-Adélaïde a clairement été plus dure sur le plan psychologique que la 1ère. Quand je te lis, j’ai l’impression que si la totalité des kms parcourus l’auraient été d’une seule traite, les 600 derniers kms auraient, peut-être, été plus simples ?
Et moi qui me plains d’avoir le vent de face quand je fais du vélo pendant 30 petits kms… Je relativise beaucoup depuis ton article ;-)

On retiendra l’exploit qui a été mené à son terme (il fallait quand même le faire) et toutes mes félicitations à toi et à Matt !

J’insiste encore une fois sur la qualité de l’écriture de l’article qui transpire d’authenticité : on a presque l’impression d’être sur le porte-bagages avec vous. Certains moments sont des pures perles comme celui où tu proposes à Matt de faire le retour Adélaïde-Sydney avec le vent dans le dos avec la réponse adéquate à cette demande :-) J’ai été plié devant mon PC, surtout que je te vois très bien poser cette question ! ^^

Tchoo !

Oui je pense que tu as raison, si tous les kilomètres avaient été fait d’une traite la fin aurait été plus facile car nous n’aurions pas eu besoin de nous « relancer » une 2eme fois dans l’aventure… Alors que là on avait l’impression d’être arrivés, psychologiquement, du coup le 2eme départ a été dur. Mais en même temps c’était une bonne chose de nous arrêter à Broken Hill car on était bien fatigués…
Merci pour ton commentaire ! ;-)

RESPECT, vous etes les ironmans de l’émisphere sud, les Amstrong dopés au courage et à la volonté, bref RESPECT

Dsl pour le retard, j’essaie de toujours laisser un commentaire car je sais à quel point ça fait plaisir.
Mais tu sais ce que sont les connexions pendant le voyage… aléatoire!
Heureusement, j’avais sauvegardé tes trois articles pour les lires hors ligne.
Au bord du IssikKul, ce fut un régale de lire tes aventures. C’est prenant, haletant, on sent à la fois combien ça a du être dur et aussi combien vous vous êtes fait plaisir. Vous pouvez être fier; Good job!
Vive les galères… une fois passées. Ca devient des bons souvenirs.

Oui c’est toujours un plaisir immense de recevoir des commentaires et de pouvoir continuer à échanger avec les lecteurs après l’écriture de l’article. Alors… merci à toi (à vous) !

Felicitation pour l article tres tres bien ecrit.
Tu pourrais devenir ecrivain professionnel comme Sylvain Tesson.

A la difference d un ecrivain classique, tu n as pas a invente l histoire et les peripeties.
Avec un decor ennuyant, un simple velo, un campagnon de voyage, tu reussis a vivre une aventure exceptionnelle. Pas besoin de sortir de grands effets speciaux ou de faire intervenir des martiens.

Merci Adrien ton commentaire me fait très plaisir. Je suis impatient (comme beaucoup) de lire la suite de tes aventures en Amérique du sud.

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