Ma traversée du Cambodge en stop, par Julien

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Publié par Froggy | Classé dans Asie | Publié le 14-04-2011

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P1100413En Inde, nous avions laissé de côté l’autostop après quelques essais un peu difficiles (fatiguant), mais nous voilà maintenant en Asie du sud-est où nous allons reprendre nos bonnes vieilles habitudes !

Après avoir quitté Bangkok, rejoint la frontière cambodgienne en stop, passé 3 jours dans un monastère bouddhiste en compagnie de Ni et de sa famille, effectué les démarches pour le visa cambodgien, nous partons donc vers un nouveau pays où nous allons voyager un peu différemment. Pendant 2 semaines nous nous séparerons et nous voyagerons donc seuls, chacun de notre côté, mais toujours… en autostop !

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Notre itinéraire d’autostop au Cambodge

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Juste après avoir fait tamponné nos visas à la douane nous faisons nos premiers pas au Cambodge et, une fois de plus, nous constatons qu’une simple frontière sépare 2 mondes bien différents… La Thaïlande nous apparaissait comme un pays riche, moderne, et voilà qu’en quelques centaines de mètres nous retrouvons un décors qui ressemble un peu à celui de l’Inde : des charrettes et des voitures d’un autre temps, des gens qui nous accostent dans la rue pour nous vendre ceci ou cela, des gamins en haillons qui portent des gros sacs poubelles remplies de cannettes, des rues poussiéreuses pas toujours très propres, etc.

Il y a quand même une chose qui nous fait dire que nous ne sommes pas en Inde : le calme ! Ici, au Cambodge, pas de circulation folle, pas de concert de klaxons incessant, pas de risque de se faire renverser par une voiture ou un tuktuk à chaque coin de rue…

Nous avions un peu peur de retrouver le rythme frénétique de l’Inde en arrivant au Cambodge, mais c’est tout le contraire qui nous attend : le calme et la tranquillité. Il faut dire que, malgré la pauvreté, ce petit pays de 15 millions d’habitants n’a rien de comparable avec l’Inde et ses 1 milliard d’habitants…

Malheureusement, notre première rencontre avec les Cambodgiens fut une belle tentative d’arnaque : juste après avoir passé la frontière, 2 jeunes parlant bien anglais nous accostent et se présentent comme travaillant pour le gouvernement (ils ont même leur petit badge). Leur boulot est de renseigner les voyageurs qui arrivent au Cambodge, de leur indiquer les hôtels, les bus, etc.

Il nous proposent même de nous emmener en bus gratuitement jusqu’à la station principale, à 5 minutes de la frontière. Nous acceptons, nous montons dans le bus avec juste le chauffeur et les 2 jeunes qui nous emmène effectivement à la gare de bus gratuitement, et ils proposent ensuite d’échanger notre argent thaïlandais (Bahts) contre des Riels cambodgiens. Ils nous garantissent un taux de change imbattable car le bureau de change est soit disant un organisme officiel qui ne cherche pas à faire de bénéfices. Nous ne connaissons pas exactement le taux de change officiel et ils semblent tellement honnêtes et accueillants avec nous que nous hésitons quelques minutes à leur faire confiance. Et puis quand même au bout d’un moment nous trouvons qu’ils insistent un peu trop, et ils commencent même à vouloir nous vendre des trajets en bus pour quitter la ville.

Nous nous rappelons aussi que, dans tous les pays, à chaque fois dans les villes-frontière il y a des pièges à touristes et des arnaques à éviter. Finalement nous leur disons gentiment au revoir, en leur disant qu’on va se débrouiller tout seuls pour changer notre argent. Ils continuent d’insister de nous dire qu’on ne pourra pas retirer d’argent car il n’y a aucun ATM dans la ville et que les autres bureaux de change seront beaucoup plus chers.

Nous partons et au bout de 2 minutes de marche nous tombons sur un bureau de change qui affiche un taux 30% plus intéressant que le bureau du soit-disant ‘bureau officiel’… Encore 5 minutes plus tard nous tombons sur un ATM où nous pouvons sans problème retirer des dollars (2eme monnaie officielle au Cambodge, après le Riel), malgré les mises en garde des 2 jeunes…

Nous ne sommes donc pas tombé dans leur piège grâce à notre expérience, mais ils paraissaient tellement honnêtes, et le coup tellement bien monté (badge officiel, bus, bureau qui inspire confiance, tarifs affichés, anglais bien parlé, etc.) que l’on peut très facilement se faire avoir et perdre 30 ou 40% du montant qu’on veut changer…

Après ce petit épisode classique de « démentellement d’arnaque à la frontière », nous commençons notre marche vers l’est pour sortir de la ville et bientot débuter l’autostop. Un camion nous emmènera, Adrien et moi, jusqu’à la ville de Sisophon où nous nous séparons. Adrien continue vers l’est dans le même camion, moi je descend et reprend la route vers le sud, vers Battambang.

Je marche pendant 20 minutes en levant le pouce, pour sortir de la vile, mais seuls les taxis s’arrêtent. Je rencontre ensuite un Cambodgien à qui j’explique que je fais du stop, très gentil il se proposera de m’aider en arrêtant les voitures à ma place et en demandant aux conducteurs s’ils peuvent m’emmener. Je me rend compte assez vite qu’il n’a pas compris le concept car il arrête seulement les taxis et il demande aux conducteurs une réduction pour moi. C’est très gentil mais ça n’est pas ce que je veux ! Ca n’est pas de l’auto-stop !

Après une demi-heure d’attente et 5 ou 6 taxis refusés, lassé de voir que je ne veux pas prendre un taxi même à moitié prix, il me fera monter dans un taxi-pick-up en me disant que c’est gratuit. Dans la remorque du pick-up, qui transporte 15 personnes, pas une ne parle un mot d’anglais. Je resterai donc dans l’incertitude sur le prix du trajet jusqu’au bout…

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Un taxi-pick-up c’est un pick-up qui transporte des gens dans sa remorque, c’est un taxi commun bon marché. C’est comme un minibus mais sans le confort, on s’assoie comme on peut sur le rebord de la remorque ou au fond, au milieu des sacs de riz et des bagages, souvent entassés, la tête dans le vent, sous la pluie quand il pleut, mais avec l’avantage d’être en symbiose avec les éléments et avec la nature qui nous entoure. On peut profiter du paysage plus intensément que quand on est enfermé dans une voiture ou dans un bus. En plus, l’esprit est au partage dans ces remorques inconfortables, et si quelqu’un arrive avec  une bouteille d’eau, des fruits ou des sauterelles grillées, il en fait profiter ses compagnons de route. Et même si, souvent, personne ne parle anglais, l’ambiance est chaleureuse et le voyage agréable.

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Après 2 heures de route, me voilà arrivé à Battambang et c’est en descendant du pick-up que je me rendrai compte qu’on ne s’était pas compris avec le Cambodgien. On me demande maintenant 5000 Riel pour le trajet (~1€). Tant pis, c’est trop tard pour négocier, je paye le chauffeur et m’en vais chercher une auberge pour passer la nuit.

Un tuk-tuk accepte de m’emmener gratuitement jusqu’à l’auberge la moins chère de Battambang : seulement 1,50$ la nuit en dortoir (~1,10€). (Tomato Guesthouse, prés du grand marché central).

Dans ce dortoir, je me retrouverai avec 2 Françaises, routardes, qui sont arrivées depuis plusieurs semaines et qui me donnerons plein de conseils pour visiter le Cambodge. L’une d’elles, Laurene, m’explique qu’elle a voyagé en stop au Laos et au Cambodge et qu’elle n’a jamais attendu très longtemps pour trouver une voiture.

Je profiterai ensuite de la fin d’après-midi pour visiter Battambang et notamment les rives de la rivière Sangker, ses cultures en terrasses, ses pirogues et ses maisons sur pilotis.

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P1100257- Battambang

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P1100258 - Battambang

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P1100271 - Battambang

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Le lendemain je me payerai le luxe de louer une petite moto pour aller visiter les alentours. Pour seulement 6$ la journée, plus 3$ d’essence, je passerai la journée à rouler sur les petites routes de campagne, au milieu des cocotier et des bananiers !

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J’irai visiter la ville de Phnom Sampeou à 12 km de Battambang. Cette toute petite ville est tristement célèbre pour ses grottes qui ont servis aux Khmers rouges à l’extermination de milliers de Cambodgiens entre 1975 et 1979.

En allant visiter un temple bouddhiste à Phnom Sampeou, je rencontrerai un groupe de lycéens très simpas qui seront ravis de discuter avec moi pour améliorer leur anglais, car ils n’ont pas souvent l’occasion de rencontrer un étranger qui prend le temps de discuter avec eux. Un peu plus tard je rencontrerai aussi Mina, un écolier de 14 ans qui est guide pour les touristes après l’école. C’est le petit frère d’un des lycéens et comme il parle très bien anglais il me proposera de me faire visiter la ville, les grottes et les temples, mais gratuitement pour moi car il veut juste discuter et occuper son après-midi.

Mina m’en apprendra beaucoup sur la période des Khmers rouges et sur les événements qui se sont passés dans sa région (extermination de tous les intellectuels, des étudiants, des professeurs, de leurs familles, femmes et enfants…). Une triste histoire mais qu’il me raconte avec un détachement étonnant, peut-être parce qu’il n’était pas né à cette époque et que pour lui c’est juste une histoire lue dans un livre, qu’il ne l’a pas vécu. De plus, sa mère étant paysanne, elle n’a peut-être pas trop souffert du régime de Pol Pot.

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P1100277 - Phnom Sampeou (Battambang) temple bouddhiste

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P1100278 - Phnom Sampeou

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P1100281 - Phnom Sampeou

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P1100285 - Phnom Sampeou, Bouddha.

Mina me proposera aussi d’aller rendre visite à sa famille qui vit dans une ferme à 30 km d’ici en plein milieu de la campagne et des rizières. Nous passerons donc une partie de l’après-midi dans la maison familiale, avec sa mère et ses nombreux frères et soeurs. La maison n’est pas très grande, mais le terrain est immense : des cocotiers et des manguiers par dizaines, plein d’autres arbres fruitiers exotiques, et des hectares de rizières. Malgré ses terres, la famille de Mina est pauvre car son père n’est plus là et sa mère passe ses journées à s’occuper des champs et n’a pas de revenus financiers.

Avant de partir, sa mère m’offrira une douzaine de mangues ainsi que 2 grosses noix de coco que Mina vient juste d’aller chercher tout en haut du cocotier. Dans la plus grosse des noix je récupérerai près de 2 litres de jus de coco !

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Portrait de Mina :

Mina a 14 ans, il est né dans une ferme isolée au milieu de la campagne et il a du quitter sa maison familiale très jeune pour aller à l’école à plus de 30 km de chez lui. Comme il n’y a pas de bus et qu’il ne peut pas faire l’aller-retour tous les jours, il loge dans la ‘pagoda’, c’est à dire une toute petite cabane en bois de quelques mètres carré, qui appartient au temple bouddhiste. Comme son grand frère ainsi que les nombreux autres étudiants qui vivent ici, il ne voit pas souvent sa famille (environ une fois par mois).

Pour aller à l’école, il doit payer 5$ par mois (environ 4€), mais sa mère ne peut pas lui fournir cet argent. Il est donc obligé de travailler pour se payer l’école ainsi que sa nourriture. Comme il parle anglais, il a décidé d’être ‘guide’ dans les lieux touristiques de sa ville. Pour ça, il a du lire des tas de livres sur l’histoire de son pays, et apprendre l’anglais tout seul, grâce aux livres. Les autres écoliers de son age ne parlent, la plupart du temps, pas du tout anglais. Il a travaillé dur pour avoir toutes ces compétences mais maintenant il peut se débrouiller tout seul pour gagner un peu d’argent.

Il va à l’école tous les jours, de 7h00 à 11h00, et travaille 2 ou 3 après-midi par semaine, quand il en a envie et quand il y a des touristes. Il aime son ‘métier’ et il a envie de continuer à travailler comme guide pour se payer ses études pendant plusieurs années encore. Il gagne environ 1 ou 2 $ par après-midi travaillée, parfois plus quand les touristes sont généreux.

Malgré ses revenus, il est souvent obligé d’aller manger les restes de nourriture des moines au temple juste à coté de la pagoda. Ses autres repas sont constitués uniquement de noodles (nouilles instantanées bon marché) et de riz nature…

Il me confiera aussi qu’il aimerait apprendre à utiliser un ordinateur pour avoir un bon métier plus tard. Mais prendre des cours coute assez cher et parmi la vingtaine de lycéens qui vivent à la pagoda, un seul a les moyens de prendre des cours d’informatique.

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Après avoir passée une super journée en compagnie de Mina et de tous les lycéens, je rentre en moto à Battambang, passe la soirée à discuter avec mes 2 camarades françaises en sirotant mon jus de coco directement dans la noix, et en dégustant les mangues à la façon cambodgienne : à peine mûres, coupées en lamelles et trempées dans un mélange de sel, d’épices et de piment.

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P1100301 - Mangues et coconuts.

Le lendemain je referai la même route mais cette fois en autostop, car je n’ai pas le budget pour louer une moto 2 jours de suite ! Je repasserai une 2eme journée incroyable en compagnie des étudiants de la pagoda qui me prêterons un vélo pour aller visiter la campagne autour de Phnom Sampeou. Ensemble, nous irons jusqu’à la ville de Banan où l’on peut visiter quelques temples de style angkorien, et aussi voir des milliers de chauves-souris !

Nous traverserons la campagne au milieu des champs de riz, dans les petits chemins de terre rouge, sur des vélos sans vitesse, sans frein et à moitié dégonflés ! En fin d’après-midi nous aurons même droit à un très gros déluge qui nous rafraichira un peu. Il fait tellement chaud qu’on a même pas envie de se mettre à l’abri de la pluie, on continue de rouler à fond à travers les rizières, au milieu des bananiers et des cahutes en bois où les gamins sont heureux d’avoir de la pluie et s’amusent à courir dans les flaques d’eau, tous nus et tous trempés, criant des « hello ! » à notre passage avec un grand sourire !

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Le soir, de retour à Phnom Sampeou, je mangerai avec les moines au temple bouddhiste. Ils m’inviteront ensuite à visiter leur petit dortoir. Je serai surpris de voir accrochée au mur une photo de femme ’sexy’ tirée d’un magazine ! Je serai aussi amusé de les voir scotchés devant leur télévision pendant une demi-heure, à l’heure de leur série préférée : un genre de « Feux de l’amour » à la cambodgienne !

L’image sacralisée du moine bouddhiste en a prix un coup !

Ces 2 moines parlant anglais (ils sont aussi instituteurs), nous pourrons discuter un peu et il m’inviteront même à participer à leurs cours d’anglais. Ainsi je passerai dans 3 cours pour discuter avec les écoliers en anglais, et l’un des profs me demandera aussi d’enseigner quelques mots de français à ses élèves, ce que je ferai avec plaisir !

Les professeurs et les élèves seront ravis d’avoir pu discuter avec un étranger et ils m’inviteront finalement à dormir dans la pagoda. Après avoir pris ma ‘douche’ à l’eau du puits, je passerai donc la nuit sur place, dans une toute petite chambre en bambou de quelques mètres carré, sous l’indispensable moustiquaire…

Au réveil, à 6h00 du matin, ces sont les lycéens de la pagoda qui m’inviteront à prendre le petit déjeuner avec eux : riz nature + noodles. Je passe une dernière matinée avec eux, ils m’apprendront plein de mots en khmer que je noterai soigneusement sur un bout de papier, et en échange je leur enseignerai un peu de la langue française car cela les intéresse beaucoup.

Avant de partir je leur laisse à tous mon adresse e-mail même si malheureusement aucun d’eux ne sait encore utiliser internet. Ils ne pourront peut-être pas m’écrire avant quelques années… J’aimerai beaucoup pouvoir les aider, passer plus de temps pour leur enseigner l’informatique, ou l’anglais, ou le français, mais voilà… le voyage me rattrape et me rappelle qu’il est temps de partir, qu’il faut continuer à avancer.

Ils ont été tellement accueillants avec moi, ils m’ont payé plein de choses (repas, boissons) alors qu’ils n’ont presque rien… Ils ont même mis discrètement dans mon sac-à-dos des sachets de noodles et des sandwich juste avant que je m’en aille. Je suis en admiration devant leur générosité et n’oublierai jamais leur accueil et leur gentillesse.

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P1100321 - Phnom Sampeou

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Pour m’en aller, comme je leur explique que je vais partir en stop (donc plus ou moins en marchant), Mina me dit qu’il ne veut pas me voir repartir à pied et il décide de me prêter un vélo et de m’accompagner jusqu’à Battambang. Lui aussi a été incroyablement gentil et généreux avec moi pendant ces 2 jours. Je lui avais déjà payé un bon repas à 2$ pour le remercier d’avoir été mon guide, je lui payerai une dernière boisson fraiche avant de faire mes adieux définitifs.

A la sortie de Battambang je reprend l’autostop et j’enchaine assez bien les véhicules : d’abord un camion sur 10 km, puis un pick-up qui m’emmènera gratuitement jusqu’à Sisophon : je passerai 2 heures assis au fond de la remorque, adossé aux roues des scooters qu’elle transporte. Puis à la sortie de Sisophon j’ai la chance de croiser une Thaïlandaise qui parle très bien anglais car elle a vécu plusieurs années en Angleterre. De plus, elle a déjà pratiqué l’autostop donc elle comprend ma situation !

Elle m’emmènera directement jusqu’à Siem Reap, la ville des temples d’Angkor. C’est dans cette ville qu’elle habite, dans un bel appartement avec sa compagne cambodgienne. Le soir, elle m’invitera à manger dans l’un des meilleurs restaurants de Siem Reap, des spécialités cambodgiennes, thaïlandaises, chinoises, japonaises… Puis comme je lui dit que je cherche une auberge bon marché elle me proposera de passer la nuit chez elle, dans son luxueux appartement avec salle de bain ‘à l’occidentale’, douche et eau chaude, climatisation et ventilateurs, réfrigérateur, terrasse sur le balcon… Un confort digne d’un hôtel 4 étoiles !

Comme elle doit quitter la ville le lendemain, elle ne peut pas me loger plus longtemps mais je la remercie infiniment pour son accueil et j’irai ensuite chercher une auberge afin de passer quelques jours à Siem Reap.

Bizarrement, je n’ai pas beaucoup apprécié cet excès de confort et cette nourriture à profusion. Je ne me suis pas senti dans mon monde. J’étais mal à l’aise. J’étais même eccoeuré au restaurant de voir toute cette nourriture à volonté, et surtout tout ce gaspillage, tous ces restes que les gens laissaient dans leur assiette en quittant le restaurant. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser à mes amis de la pagoda qui mangent du riz nature et des noodles tous les jours, à chaque repas…

Je passerai quelques jours à Siem Reap après avoir trouvé l’auberge la moins chère de toute la ville, une chambre dans un dortoir à 1$ la nuit (70ct d’€) avec l’accès internet gratuit et des services comme la location de vélo à 1$ la journée, et  aussi un restaurant-bar à l’étage à des prix abordables. Pour ceux que ca interresse, il s’agit de l’auberge « Garden Village » au sud-ouest de la ville. Je recommande cette auberge même si, en dortoir, il ne faut pas compter faire d’excellentes nuits. Le dortoir est constitué de 3 grands murs en bambou, d’un toit étanche, mais la pièce  reste ouverte sur l’extérieur sur tout un pan de mur (pour la chaleur et l’aération). Les lits sont de simples paillasses recouvertes d’une moustiquaire et il n’y a pas de ventilateur. Donc entre le bruit, les insectes (malgré la moustiquaire), les geckos, la chaleur, le manque d’air, le matelas de 1cm d’épaisseur, etc., il faut être bien fatigué pour arriver à dormir !

A Siem Reap ma première activité sera d’aller donner mon sang au « Children’s Hospital » (Hôpital pour enfants) qui cherche toujours de nombreux volontaires ou donateurs (sang, argent, matériel) pour aider les enfants qui ont besoin de soins médicaux.

Je passerai un peu de temps à visiter la ville et ses temples, mais aussi à me balader en vélo dans la campagne, toujours aussi belle et exotique avec tous ses cocotiers, bananiers, manguiers, rizières, et toujours ce contraste entre la terre ocre-rouge des routes de campagne et le vert intense de l’abondante végétation. Un vrai plaisir de vadrouiller dans ce décors, on ne s’en lasse pas.

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P1100334 - Siem Reap

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Champ de fleurs de lotus
Un champ de fleurs de lotus

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Maisons sur pilotis près du lac
Des maisons sur pilotis près du lac

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Je louerai aussi un vélo pour aller visiter les temples d’Angkor, situés à quelques kilomètres de Siem Reap. 20$ la journée de visite, ca fait un sacré trou dans le budget ! Mais bon, ca serait dommage de passer à côté de ces magnifiques vestiges d’une ancienne civilisation.

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P1100352 - Temples d'Angkor

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P1100358 - Temples d'Angkor

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P1100376 - Temples d'Angkor

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P1100381 - Temples d'Angkor

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P1100386 - Temples d'Angkor

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P1100393 - Temples d'Angkor

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P1100401 - Temples d'Angkor

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P1100409 - Temples d'Angkor

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P1100371 - Temples d'Angkor

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En visitant les temples j’ai eu la chance de rencontrer 2 Cambodgiens parlant très bien français : un policier et un archéologue qui avaient tous les 2 étudié le français à l’école. L’un d’eux m’expliquera, triste, qu’il adorerai aller visiter la France mais qu’il n’aura surement jamais assez d’argent pour se payer le voyage. Et pourtant il gagne assez bien sa vie par rapport à la moyenne des Cambodgiens. Malheureusement, je ne pourrai que compatir avec lui de sa situation, en repensant à la chance que j’ai d’être né en France, d’avoir pu travailler en France avec un bon salaire qui me permet aujourd’hui de voyager…

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P1100396 - Temples d'Angkor

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En continuant ma visite des temples en direction du lac de Siem Reap, j’ai aussi rencontré 2 étudiants, Koeult et Chhiek, qui à 20 ans ont déjà monté leur petite association locale dans leur village pour donner des cours d’anglais et de khmer aux enfants du village. Ils donnent les cours dans leur maison car ils ont très peu de moyens et cherchent des volontaires étrangers pour enseigner l’anglais ou d’autres langues. Si ca interresse certains lecteurs/voyageurs, j’ai gardé leurs coordonnées (téléphone et e-mail) et je peux vous mettre en contact.

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Je quitterai Siem Reap pour une nouvelle session d’autostop jusqu’à Phnom Penh, la capitale. D’abord une longue marche pour sortir de la ville puis j’enchainerai en stop avec 2 pick-up, un 1er dans la remorque, et le 2em… sur le toit ! En effet la remorque est déja trop chargée car je me retrouve avec une famille qui fait son déménagement et qui transporte tous ses meubles dans son véhicule. Je passerai ainsi une bonne heure perché sur le toit du véhicule, adossé à un gros meuble en contreplaqué, à tenir mon sac-à-dos pour ne pas qu’il tombe !

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P1100421 - autostop cambodge.

Viendra ensuite un 3em pick-up, un type assez riche et très compatissant avec ma situation mais qui ne pourra pas m’emmener très loin car il ne va pas dans la même direction. Mais il insistera pour me payer le bus jusqu’à Phom Pehn. Je suis obligé d’accepter bien que j’aurai préféré finir le trajet totalement en stop. Cette dernière partie en minibus climatisé me permettra de dormir un peu pour rattraper les heures de sommeil perdue des nuits passées. Arrivé à Phnom Pehn je téléphonerai à un contact que m’a donné mon dernier conducteur, mais celui-ci ne pourra pas m’héberger, il m’indiquera juste les endroits où je peux trouver des auberges pas chères. Et après de longues recherches c’est du côté de Lake Side que je dénicherai la chambre la moins chère de la capitale : 3$ la nuit alors que toutes les autres sont au minimum à 5 ou 6$. Mais le quartier de Lake Side est en pleine démolition/rénovation et dans quelques mois les dernières auberges qui subsistent encore auront disparues.

Je ne passerai pas beaucoup de temps à Phnom Penh car je trouve que tout est cher (nourriture, auberge) et, même si la ville est relativement calme, il y a quand même beaucoup de circulation et il est parfois difficile de traverser les rues et de circuler quand on est simple piéton.

J’irai donc à l’essentiel en allant visiter la célèbre prison du S21, devenue aujourd’hui le musée de Tuol Sleng.

Cette prison était surtout un lieu de torture et d’extermination destiné aux prisonniers des Khmers rouges, entre 1975 et 1979. Au moins 12000 personnes y ont laissé leur vie après avoir été torturées, et tout le monde y passait : hommes, femmes et enfants. Tous ceux qui étaient accusés d’être des intellectuels, des capitalistes ou des opposants au régime de Pol Pot, quels qu’ils soient. Bien sur la plupart de ces prisonniers n’avaient jamais commis aucun crime et ont vécu l’enfer gratuitement. Le procès des Khmers rouges n’a commencé que très récemment…

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P1100437 - Prison S21 - Tuol Sleng

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P1100438 - Prison S21 - Tuol Sleng

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Pol Pot, le terrible dictateur, leader des Khmers rouges, qui es responsable de la mort d'1,5 millions de Cambodgiens
Pol Pot, le terrible dictateur cambodgien, leader des Khmers rouges et responsable de la mort d’1,5 millions de personnes…

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De ma visite de la Phnom Pehn je ne retiendrai que les quelques jolis temples bouddhistes le long du Mékong, même si on peut voir les mêmes partout ailleurs au Cambodge, dans toutes les villes et tous les villages. Un peu comme nos églises en France.

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P1100441 - Phnom Pehn

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P1100443 - Phnom Pehn

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Je ferai quand même quelques belles rencontres dans cette grande ville moderne et embouteillée : d’abord un policier à qui je demande mon chemin qui me prendra en stop sur sa moto et m’aidera à trouver un endroit pour manger, nous discuterons un peu mais son anglais était assez rudimentaire.

Plus tard, un type vivant dans une cabane en bois prés du lac m’invitera à boire un whisky cambodgien chez lui et m’offrira des bigorneaux fraichement péchés. Il ne parle pas un mot d’anglais mais parfois cette barrière de la langue n’empêche pas de passer de bons moments et de rigoler.

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P1100445 - Phnom Pehn

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J’ai pu découvrir que les Cambodgiens adorent jouer à la pétanque et au loto exactement comme en France. L’occupation française entre 1863 et 1953 a laissé quelques traces -culturelles- encore bien visibles aujourd’hui : la baguette de pain, qu’on trouve partout, les viennoiseries, mais aussi des jeux bien français comme la pétanque et le loto.

Je reprendrai la route au petit matin et, pour quitter la ville, je marcherai plein ouest le long d’une grosse avenue en espérant être pris en stop. Après avoir refusé de nombreux taxis (payant), c’est un conducteur de moto-taxi qui s’arrêtera pour me prendre gratuitement en stop jusqu’à la sortie de la ville. Il me fera gagner de longues heures de marche !

Il insistera même pour me donner un dollar afin que je m’achète à manger. Après avoir fait mes provisions de pain pour la journée (4 petites baguettes pour 2000 Riels, l’équivalent d’un demi-dollar), j’embarquerai sur le toit d’un minibus pour une nouvelle balade originale et pleine de sensations sur les jolies routes du Cambodge.

Mon objectif de la journée est d’arriver à Kampot, sur la côte. Le minibus me déposera à mi-chemin de ma destination, dans un petit village où une boutique sur 2 est une station essence.

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Une station essence au Cambodge
Une station essence au Cambodge

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Il est 11h00 du matin et j’ai donc déjà fait la moitié du chemin ! Je suis presque sur d’arriver à Kampot ce soir… C’était sans compter sur un apéro-surprise imprévu. En marchant dans le village, un type tenant une station-essence-bar-restaurant-épicerie m’invite à le rejoindre à sa table pour prendre un verre et manger quelques amuse-gueule. L’apéro durera finalement toute l’après-midi et je passerai aussi la nuit ici.

Je reprendrai le stop le lendemain matin à la 1ere heure et après juste quelques minutes d’attente je sauterai dans un camion qui m’emmènera quasiment jusqu’à Kampot. Je ferai les 30 derniers kilomètres dans un autre camion en compagnie de 3 jeunes (dont le conducteur) qui ne doivent pas avoir plus de 19 ou 20 ans. Ils ne parlent pas anglais mais seront quand même très contents d’aider un étranger, ils me payerons une boisson à base de thé froid et de petits morceaux en gelée, ainsi que des graines de fleur de lotus à décortiquer.

Une fois arrivé à Kampot, je ferai une nouvelle très belle rencontre avec un ancien chauffeur de tuktuk, Sotka, qui a été obligé de revendre son véhicule à cause de ses problèmes d’argent. Comme je lui dis que je cherche un endroit pour dormir mais que toutes les auberges de la ville sont trop chères pour moi, il me proposera de dormir chez lui. Nous passerons donc 2 jours ensemble, nous irons à moto rejoindre sa mère et ses frères dans la campagne, et nous ferons une sorte de « tournée des bars » à la cambodgienne avec ses amis. Je testerai à cette occasion l’alcool de riz cambodgien, pas mauvais, ainsi que les traditionnelles bières Angkor et Anchor que l’on noie de glaçons pour les garder fraiches par 40° !

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J’aurai aussi l’honneur d’être invité à un mariage khmer le soir et de trinquer avec le marié !

Le lendemain, c’est déjà le 31 mars et j’ai rendez-vous avec Adrien à Kep dans l’après-midi. Comme j’explique à Sotka que je vais partir pour Kep en stop (donc plus ou moins à pied) il refuse de me laisser partir comme ca et se propose de m’emmener en moto jusqu’à Kep, à 25 km. Là, au bord de la plage, je lui payerai un bon verre de jus de canne à sucre glacé pour le remercier, avant de noter son adresse e-mail et de lui dire au revoir.

J’irai ensuite retrouver Adrien sur la plage à quelques mètres de là, en train de jouer avec les enfants et toute l’équipe de l’école de français de Kep, pour qui nous allons être volontaires pendant 2 semaines…

Commentaire(s) (14)

Salut Julien !
Sympa ton article. Et un petit détail m’a interpellé : te rencontre avec Mina, qui porte tout simplement le même prénom que l’une de mes meilleures amies ! (que tu as d’ailleurs rencontré je crois) J’ai trouvé l’anecdote amusante :) Bonne continuation à toi.
Tchoo !

Oui je me souviens bien de Mina, ca m’a aussi fait pensé à elle, d’ailleurs ca m’a fait bizard car là c’est un prénom de gars !

merci de nous faire partager vos aventures
n’arrêtez pas le blog!

Pouet Julien!!

Je vois que ça roule toujours pour toi, cela commence a faire un petit bout de temps depuis notre dernière entre vue et tu gardes la pêche on dirait, cela fait plaisir à voir !!
Continue a profité et a nous faire partager tes aventures ;)
A la prochaine ;)
Poutoux

Encore un super article, j’adore suivre votre blog, vos récits sont vivants et bien détaillés, très intéressants!
Merci de partager :)

Encore une fois scotché à la lecture de cet article, avec tant de détails que l’on arriverait presque s’imaginer y être. On retient la générosité de tous ces gens, qui ont vraiment peu de choses pour eux- mêmes…..mais qui donnent beaucoup.
En regardant la végétation luxuriante de ce pays, (celà doit d’ailleurs les aider à supporter un peu mieux leur pauvreté), notre végétation, à nous, dans notre pays me parait bien terne.
Continuez ainsi, on attend la suite ainsi que votre album photos.

salut, cela fais maintenant 6 mois que j’ai pris connaissance de votre blog et il est tout simplement out standing !! franchement j’ai lue tout vos articles et suis un fan, c’est le premier commentaire que j’écris pour vous envoyez tout mon soutien c’est vraiment énorme ce que vous faites. J’ai moi meme prévu de partir l’année prochaine avec le meme style d’itinéraire. Je voulais savoir également si vous aviez fais un petit bilan de vos depenses ?? car cela vas faire bientôt 1 ans que vous etes sur les route et j’aurais bien aimé savoir combien vous avez dépensé depuis le début pour me faire une idée.
en tout cas j’attend avec impatience vos prochains articles et encore une fois bonne continuation !!
ludo

Merci beaucoup :-)

Concernant le bilan de nos dépenses, justement nous allons bientot sortir un article sur le bilan de ces 1 an de voyage. Nous en parlerons à ce moment là (d’ici 2 semaines).

super, et bien bonne continuation !! keep us dreaming

Hello boy!

Ca doit être intéressant de voir comment se déroule les mariages dans des pays comme ceux là, où les traditions et la religion sont vraiment différent de ce que l’on connait en France.

C’est toujours avec autant de plaisir que je lis vos articles, surtout ne vous arrêter pas! Tous ces détails et ces photos nous permettent de voyager un peu avec vous, c’est royal :p

Bonne continuation à vous deux, gros bisous!

Elodie.

Bonjour à tous les deux.

Je suis avec tjrs autant d’attention vos aventures. C’est vraiment un plaisir de vous lire.
Ces aventures cambodgiennes m’interpellent particulièrement car j’y suis passée il y a qques années et j’avais adoré ce pays.

Je suis également contente de lire que vous n’avez pas fait l’impasse sur les temples d’Angkor comme vous l’avez faite pour le Taj Mahal. Ca aurait vraiment été une erreur selon moi.
Mais c’est fou l’entrée au Taj était bcp moins chère ;-) !

Autrement il y a un autre paragraphe qui m’a interpellée :
« Bizarrement, je n’ai pas beaucoup apprécié cet excès de confort et cette nourriture à profusion. Je ne me suis pas senti dans mon monde. J’étais mal à l’aise. J’étais même eccoeuré au restaurant de voir toute cette nourriture à volonté, et surtout tout ce gaspillage, tous ces restes que les gens laissaient dans leur assiette en quittant le restaurant. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser à mes amis de la pagoda qui mangent du riz nature et des noodles tous les jours, à chaque repas. »

Préparez vous tous les deux à un GROS choc culturel lorsque vous mettrez les pieds en Australie et en Nouvelle Zélande. Ca sera un retour à la vie « comme en France ». Et si déjà c’est un choc maintenant alors…. Parce que je ne vous apprends rien quant au gaspillage dans nos beaux pays.

Malgré tout cette prise de conscience est une excellente chose me semble-t-il.

Allé je vous laisse. Continuez à nous faire rêver.

Biz d’un petit coin de Suisse

Diane

Bravo pour ce récit!
Le Cambodge est un peu pays assez magique, que de bons souvenirs:-)

merci beaucoup pour vos articles, cela me permet de prévisualiser mes prochains voyages et cela confirme souvent mes envies !

après le népal, le laos cambodge étaint les destinations dont j’avais envie ! finalement je suis partie au costa rica ! super pays avec des gens adorables et une nature très riche et belle. de très beaux volcan …

Bon courage et bonne découverte pour la suite, bises
judith

Quel incroyable jeune garçon que ce Mina! Quelle volonté.
Normalement, je n’ai pas prévu de passer au Cambodge mais après vos articles, j’en meure d’envie. Ils ont l’air si généreux les Cambodgiens.
En tout cas, je garde vos articles sous le coude.

Merci

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