De Bodhgaya à Varanasi, 300 km en stop sur les routes indiennes

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Publié par Froggy | Classé dans Asie | Publié le 14-02-2011

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logo-pouceAprès 2 semaines passées à Bodhgaya, nous allons reprendre la route en direction de Varanasi (Benares). Comme l’autostop fonctionne assez bien et qu’il n’y a que 300 km entre les 2 villes, nous décidons de continuer en stop. En plus, Bodhgaya étant une petite ville, il sera très facile de la quitter à pied.

Notre premier conducteur est un moine bouddhiste parlant anglais, malheureusement nous ne roulerons ensemble que 10 minutes et nous n’aurons pas vraiment le temps de discuter. Nous aurions  pourtant adorer parler avec lui, de sujets comme le bouddhisme, l’exil des Tibétains et le conflit avec la Chine.

Nous nous souvenons que Ludovic Hubler, le célèbre voyageur qui a fait le tour du monde uniquement en stop, avait eu le grand honneur de rencontrer le Dalaï-Lama en personne, après avoir rencontré un moine bouddhiste en faisant du stop. Nous savons également qu’il est possible de rencontrer le Dalaï-Lama en lui écrivant un courrier un mois à l’avance, avec les motivations de la rencontre. Pour ceux que ca interresse, sachez que c’est possible.

Notre 2eme véhicule est un autorickshaw (tout petit taxi à 3 roues) qui nous fera avancer de quelques kilomètres jusqu’à l’université de Bodhgaya où nous renontrerons des étudiants qui commencent tout juste à apprendre le francais. Nous aurons beaucoup de mal à leur expliquer notre concept de voyage en auto-stop… Et le problème n’est pas un problème de barrière de la langue, mais de barrière culturelle. Les Indiens, commes les Chinois, n’arrivent pas comprendre cette facon de vayager, ca les dépasse complétement…

Mais ces étudiants très sympa tenterons quand même de nous aider en arrétant les voitures et en se prétant au jeu de l’autostop, tout en rigolant de ce jeu occidental très bizard !

Finalement c’est un chauffeur de taxi qui s’arrétera et que nous réussirons à convaincre de nous emmener jusqu’à l’autoroute. Cela ne lui pose pas de problème, il allait dans cette direction de toute facon et n’avait personne dans son taxi. Evidemment, la course sera gratuite pour nous !

Enfin, nous voilà sur l’autoroute, dans un petit village glauque très moche où nous n’avons pas du tout envie de passer la nuit. Nous aurons un peu de mal à acheter une simple bouteille d’eau dans cet endroit où personne ne parle anglais. Eh oui, autant dans les villes tout le monde ou presque parle anglais, autant dans les coins reculés c’est tout à fait l’inverse. Bref, nous nous posons quelques minutes seulement à l’entrée de l’autoroute, et cette fois c’est un camion qui s’arrétera pour nous emmener. Le conducteur et son disciple ne parlant pas anglais eux non plus, nous ne savons pas vraiment où nous allons, mais d’après la boussole, la carte, et le soleil, on est dans la bonne direction !

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Nous découvrons ce qu’est une ‘autoroute’ en Inde : la Jungle, comme toutes les autres routes.

En effet il n’est pas rare de croiser un véhicule en sens inverse sur l’autoroute, des piétons traversant en courant pour rejoindre l’autre coté de leur village, où encore des vaches sacrées dangeureusement proches de la route. Evidemment il n’y a ni trottoire, ni bande d’arret d’urgence, ni barrière de sécurité, ni lampadaire… et ne comptez surtout pas y trouver une station de repos ou une borne SOS !

On ne peux pas vraiment dire non plus que l’autoroute sois en bon état. Des nids-de-poule qui nous font décoler de notre siège et qui, en France, nous ralentiraient à 30 Km/h… Ici, c’est comme si il n’y avait pas de problème. Tant que la voiture roule, on fonce et on klaxonne, quand ca ne roulera plus eh bien on avisera.

Notre conducteur-klaxonneur est en train d’enseigner la conduite au 2eme homme dans le camion. Cela nous laisse supposer qu’il n’y a pas d’auto-écoles en Inde, ou pas partout. N’importe qui peut apprendre à conduire à condition d’avoir un copain qui a une voiture ou un camion. Nous ne savons pas s’il y’a un code de la route, ni s’il y’a un document officiel qui prouve qu’on sait conduire après avoir réussi un examen (notre bon vieux permis de conduire). Mais nous en doutons. En tout cas dans la pratique ca ne doit pas changer grand chose, permis ou pas permis, où est le problème ?

Nous avons été amusé de voir que notre apprentis conducteur apprenait autant à klaxonner qu’à tourner son volant… On comprend mieux maintenant pourquoi toutes les voitures ne cessent de klaxonner, on leur enseigne l’art du klaxon dés l’apprentissage de la conduite.

Au milieu de cette jungle où chacun fait ce qu’il veut à sa sauce, nous avons été bloqué quelques minutes dans un bouchon avant d’en découvrir la raison : un autre camion (poid-lourd) qui fait une marche arrière sur l’autoroute pour repartir dans l’autre sens… Evidemment il ne pourra pas rejoindre sa voie à cause du muret en béton au milieu de la route, il repartira donc à contre-sens pendant plusieurs dizaines de kilomètres. Inimaginable en France, en Europe ! Mais ici, c’est normal.

Nous découvrons chaque jour en Inde des aspects de la culture que nous n’arrivons pas à comprendre, qui nous dépassent totalement, autant que le concept d’autostop dépasse les Indiens.

Et ca, c’est le grand dépaysement ! Se retrouver sur une autoroute défoncée dans un beau camion Tata avec des guirlandes de toutes les couleurs à l’interieur, braillant de la musique indienne sur une sono pourrie, avec un conducteur en pagne, un turbant sur la tête, pieds nus, qui commence tout juste à apprendre à conduire, zigzaguant pour éviter les véhicules à contre-sens et les vaches sacrées marchant le long de la route, klaxonnant à tout-va pour faire savoir qu’il est là, qu’il est le roi de la jungle et que personne ne l’arrétera, ca les amis, ca dépayse plus qu’un Mont Everest et qu’un Taj Mahal réunis !

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Après cet épisode de camion-stop fascinant de différences culturelles, ou devrait-on dire effrayant, bien content d’en avoir terminé avec ces 2 braves Indiens malgré tout très sympas, nous voilà repartis pour trouver une nouvelle voiture.

Varanasi n’est plus qu’à une centaine de km, il fait nuit mais cela n’est pas un problème pour faire du stop, il faut juste savoir se placer dans un endroit qui n’est pas dangeureux, ou savoir adapter sa technique. Cette fois nous irons rencontrer les conducteurs des voitures qui sont arrétées le long de la route, la plupart sont là pour manger ou pour attendre d’autres personnes avant de partir. Comme nous nous trouvons plus ou moins dans une ville, cela rend plus difficile le stop : tous les gens que nous accostons vont naturellement nous renvoyer vers la gare la plus proche, en nous expliquant longuement, dans le moindre détail, la facon de s’y rendre.

Encore une fois nous devrons faire peuve de patience, d’entetement, répéter notre speech à chaque conducteur et essayer d’expliquer pourquoi on ne prend pas le train ou le bus (environ 50 cts d’euros). Tous les Indiens que nous rencontrons sont vraiment sympas mais jamais nous n’arrivons à être sur la même longueur d’onde quand il s’agit de parler de notre mode de voyage, de l’autostop, de notre petit budget, de notre envie de rencontrer les gens et de découvrir la culture.

Nous réussirons finalement à trouver un conducteur pour nous emmener jusqu’à Varanasi, en lui expliquant que c’est notre défi de voyager sans prendre le train ou le bus, que c’est un challenge personel, et que notre voyage est une sorte de pélerinage phylosophique, ce qui d’ailleurs n’est pas tout à fait faux. Nous évitons maintenant de parler de notre trop « petit budget » qui nous empêche de prendre le train, pour ne pas tomber dans la mendicité et surtout éviter de recevoir de l’argent comme cela nous est déjà arrivé.

Nous ferons donc la dernière partie du trajet à l’arrière d’une jeep, avec les sac-à-dos sur les genoux, écrasés entre la porte arrière et les 6 autres passagers du véhicule. Nous arriverons un peu à dormir malgré la musique, très belle musique indienne mais très forte à quelques centimètres de nos oreilles, avec en supplément, en fond sonore, le charmant concert de klaxons de l’autoroute NH2.

Commentaire(s) (6)

De Bodhgaya ou se trouvent tous ces temples pour la méditation, donc où règne un calme royal, puis se retrouver sur une « autoroute » ou le sens de circulation sur la même voie importe peu avec l’assourdissement des klaxons, alors là oui, celà doit décoiffer.

Encor une fois, un article passionant et original qui m’en fait découvrir plus sur le monde du fond de mon petit labo, avec la pluie dehors.
Ca doit être une expérience assez étrange, par rapport à ce que l’on peux voir sur les routes de France.
Bonne continuation et bon courage.
Bisous à vous deux!

coucou à tous les deux. Effectivement la circulation en Inde est assez impressionnante : celui qui apprenait à conduire dans votre cas, en ce qui nous concernait, c’était celui qui servait de clignotant , il tendait le bras pour tourner … ils sont toujours  » à fond », roulent n’importe comment, la circulation en France nous parait au retour très tranquille .
amitiés à tous les deux .
vos commentaires sont toujours aussi sympa .Bonne route

Salut les gars! ca fait longtemps que j’avais pas été voir ou en sont vos a aventures! on connait votre principe de voyage, mais si jamais vous decider d’y faire une entorse, faite celle là: prenez le train en inde! c’est une des meilleurs experiences e voyages que j’ai connu, et puis c’est reposant après la route. Après ça, la SNCF ça parraît de la gnognote!!!! pika vous salue, elle s’est fait une copine palestinienne ici. bises à vous deux. madeleine

Et bien c’est un sacré périple encore sur les routes, c’est quand même fascinant, on pourrais penser que klaxonner pour s’imposer et prendre les autoroutes en contre sens ou marche arrière c’est mépriser dangereusement et complètement le reste du monde, les gens semblent toujours très ouvert quand même, comme quoi peu importe la nationalité avec un volant dans les mains

C’est etonnant a quel point avoir un volant entre les mains ca peut rendre con (parfois). Mais ca, comme tu dis, c’est internationnal…

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