Publié par Froggy | Classé dans Moyen-Orient | Publié le 14-04-2016
Mots-clefs :forteresse, indépendant, Iran, Isfahan, Julien, Kashan, vieille ville, voyage
1/ Isfahan
Après deux jours passés à Yazd avec mon nouveau compagnon de voyage, Moonzur, nous voilà maintenant à Isfahan : ancienne capitale de l’empire perse, considérée aujourd’hui comme l’un des joyaux de l’Iran et du Moyen-orient.
Isfahan (ou Ispahan, ou encore Esfahan, c’est selon) est l’une des plus grandes villes d’Iran avec plus de 2 millions d’habitants, c’est aussi l’un des centres touristiques majeurs du pays grâce à son riche patrimoine culturel et architectural.
En arrivant en ville Moonzur me laisse, comme convenu, pour aller retrouver sa famille vivant à Isfahan. Car mon cher camarade à la casquette gavroche, derrière son look de “titi parisien”, révèle en fait un arbre généalogique particulièrement intéressant : né d’une maman iranienne ayant fui la révolution islamique de 1979 et d’un papa bangladeshi ayant échappé à la sanglante guerre d’indépendance dans les années 70, il grandira en France à la fois loin de ces conflits sinistres mais également loin de ses racines familiales. Il n’avait jamais mis les pieds en Iran avant ce premier voyage et découvre donc ce “nouveau” pays comme un voyageur ordinaire, sur fond subtil et inconscient de retour aux sources. Ce soir c’est donc chez son oncle et sa tante d’Iran qu’il logera.
Quant à moi je dois d’abord dénicher un bus pour le centre-ville puis il me faudra partir à la recherche d’un hôtel où poser mes affaires… Un bref passage au “cafenet” (au cyber-café!) me permettra d’obtenir l’adresse de ce qui semble être l’une des auberges les plus abordables de la ville : “Amir Kabir Hostel”, situé sur la rue Chahar Bagh Abbasi à seulement 500 mètres de la grande place de l’Imam Khomeiny. Je réserverai un lit en dortoir pour 300000 Rial (environ 8€ la nuit) tandis que les chambres privées sont à peine plus chères : 350000 Rial.
Un petit dortoir propre et calme niché dans un bâtiment ancien nous offrant le luxe d’une jolie cour intérieure parée d’une fontaine et de quelques arbres. C’est dans cette cour que le petit-déjeuner -inclus- est servi chaque matin… Dommage d’en profiter en hiver alors qu’il fait si froid dehors ! Le petit-déjeuner se transforme alors en course contre le froid, équipé d’un bonnet, d’une écharpe et d’une veste polaire ! L’endroit est tout de même fort agréable en journée quand le soleil brille au dessus de la cour.
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J’irai ensuite visiter à pied le centre-ville, tout proche, à commencer par son immense bazaar : l’un des plus grands et des plus anciens d’Iran, rempli de merveilles d’artisanat local, d’antiquités, de fantastiques porcelaines, de tapisseries, de quelques spécialités culinaires (biscuits, fromages, kashk, etc.) et autres noix et fruits secs si populaires en Iran.
L’entrée principale du bazaar donne sur l’extrémité nord de la « place de l’Imam » (anciennement « place du Chah » avant la révolution…) : une immense place rectangulaire, l’une des grandes au monde parait-il, bordée de sompteux palais et mosquées d’époques anciennes. Le tout étant, sans surprise, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.
C’est sur cettre place que je retrouverai Moonzur pour une nouvelle journée de balades et de visites, cette fois accompagné de ses deux grands et sympathiques cousins d’Iran : les « jumeaux » dont j’ai oublié les prénoms ! Une belle journée à la fois reposante et culturellement extraordinaire.
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Une deuxième nuit au chaud et au calme dans cette chouette auberge où je commence à faire de belles rencontres avec 2 ou 3 autres voyageurs, dont un globe-trotteur à vélo en pleine traversée de l’Iran… Quelle aventure ! Je ne rêve que de me lancer à mon tour, à bicyclette, sur les routes du monde ! J’imagine que l’Iran doit être particulièrement intense et spectaculaire à découvrir en vélo…
Ce matin, levé un peu plus tôt que d’habitude, je décide de ne pas prendre mon petit-dèj’ à l’extérieur, il fait beaucoup trop froid, c’est inhumain ! Sauf que l’auberge est minuscule et que rien n’est prévu pour manger à l’intérieur… Je me retrouverai à manger debout dans le couloir du hall d’entrée, attablé sur la machine à laver.
Il est l’heure maintenant de rejoindre Moonzur à la gare routière où nous nous sommes donné rendez-vous ce matin pour faire ensemble la route jusqu’à Kashan, notre dernière étape avant Téhéran.
Dans le bus, mon esprit s’évade… Contemplant à nouveau le désert iranien dans toute sa splendeur, coloré d’une lumière rasante, douce et envoûtante qui en ferai presque oublier son hostilité, sa rudesse, sa froideur, je m’évapore l’espace de quelques instants dans les souvenirs du fabuleux récit de Nicolas Bouvier : « L’usage du monde ».
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« Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait. » Nicolas Bouvier
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2/ Kashan
Arrivés à la mi-journée dans cette petite ville sans prétention qu’est Kashan nous trouvons rapidement un hôtel bon marché, typiquement local, grâce aux quelques mots de persan que Moonzur est capable de parler. Il se débrouille bien le coquin, il apprend vite ! D’après lui, la langue persane serait moins difficile à apprendre qu’elle en a l’air. Tout de même…
Une fois nos affaires posées dans la chambre, un semblant de repas englouti à la hâte, nous partons à la découverte de cette ville à l’architecture si caractéristique, à l’atmosphère si particulière. Bâtiments tout de briques de terre crue, d’argile et de boue, qui rappellent dans certains quartiers la ville de Yazd, en plus modeste. Villes du déserts aux couleurs du désert, petits joyaux d’architecture si parfaitement intégrés, esthétiquement, à leur environnement.
Nous découvrons qu’il est aussi possible de visiter de l’intérieur quelques luxueuses “maisons traditionnelles historiques” aujourd’hui reconverties en musées. Certaines d’entre elles possèdent une cour centrale rectangulaire qui surprend de par le fait qu’elle est creusée un niveau en dessous la hauteur du sol extérieur (sous le niveau de la rue). Ces cours sont généralement ornée de parterres de fleurs, de quelques arbres, de bassins, de fontaines, encadrées par les multiples portes et fenêtres du niveau inférieur de l’édifice, lui-même construit sous terre. Il est assez perturbant, et prodigieux, de passer de l’intérieur vers l’extérieur du bâtiment, ou inversement, et de constater que le sol n’est pas au même niveau de chaque côté. Une technique supplémentaire pour se protéger du soleil et des fortes chaleurs en été.
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Puis nous découvrons presque par hasard à la tombée de la nuit une très ancienne forteresse aux murs de terre crue, visiblement abandonnée depuis bien longtemps aux vents et aux pluies, pour ne pas dire en ruine… Une forteresse constituée d’un très haut mur d’enceinte accompagné d’un énorme yakhchal (bâtiment en forme de dôme servant autrefois de chambre froide).
Emerveillés par le site, nous décidons d’y revenir le lendemain matin au lever du soleil pour une visite approfondie.
Nous terminons cette journée sur la visite de quelques mosquées et bâtiments historiques.
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Après une longue et fatigante journée de marche nous souhaitons manger pour le dîner un vrai bon repas, à la fois traditionnel et consistant. Une fois de plus les bribes de persan que Moonzur est capable de formuler nous aiderons à trouver notre bonheur : un restaurant plutôt haut de gamme (le seul que nous ayons pu trouver) au sein du labyrinthe que constitue le grand marché couvert, et dont les prix nous semblent dérisoires. Nous nous régalons d’un gargantuesque plat d’agneau en sauce accompagné de riz et de légumes en si grandes quantités que nous aurions presque pu prendre une seule assiette pour deux. Etonnant qu’un tel plat soit si peu cher (environ 1,5€)… Nous réalisons trop tard que le prix indiqué dans le menu était exprimé en « Toman » et non en « Rial » … Avec une différence d’un facteur 10 entre les deux !
→ Alors que le Rial est l’unité officielle de la monnaie iranienne (celle indiquée sur les billets de banque), le Toman est l’unité la plus employée dans la vie de tous les jours car elle permet de manier des chiffres un peu moins longs (avec un zéro de moins), par exemple : 1€ = 38000 Rial ou 3800 Toman.
Notre repas à 1,5€ nous coûtera finalement une quinzaine d’euro ! Une surprise de taille en recevant l’addition… Comme la qualité était au rendez-vous, nous ne nous plaignons pas trop, mais il est clair que l’on ne nous y reprendra pas !
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Une bonne nuit au chaud dans notre hôtel miteux mais confortable, et puis nous voilà repartis de très bonne heure ce matin avec l’idée d’arriver sur les remparts de la forteresse avant le lever du soleil. Dehors, il fait un froid à vous renvoyer au lit aussi sec ! Malgré toutes mes couches de vêtements (trois t-shirt superposés + polaire + doudoune + bonnet) je ne fais pas le fier : mon pantalon est très fin, pas isolant pour un sou, mes chaussures sont trouées de partout, j’ai les pieds gelés mais il en faut plus que ça pour m’arrêter !
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La vieille forteresse est resplendissante dans ses premiers habits de lumière. Kashan s’allume sous nos yeux. L’impressionnante chaine des Zagros à l’ouest semble surgir de l’obscurité comme par enchantement à mesure que l’astre s’élève. Nous escaladons le rempart pour atteindre les premières loges.
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Le soleil est déjà haut lorsque nous décidons de quitter le spectacle envoûtant que nous offre la vieille citadelle en ruine, tiraillés par la faim, exténués par le froid, nous récupérons la rue principale, toujours endormie, retrouvant cette petite échoppe repérée la veille où de délicieuses soupes chaudes n’attendent que nous pour être englouties.
Nous passerons le reste de la journée à explorer la ville, le vaste bazaar dont on ne se lasse jamais et encore quelques maisons traditionnelles pour compléter les visites inachevées de la veille. Puis il est déjà temps de récupérer nos affaires à l’hôtel et d’attraper le prochain bus pour Téhéran.
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Nous arrivons à la nuit tombée dans la gigantesque gare routière de Téhéran où nous allons nous séparer à nouveau : Moonzur rejoint sa famille de Téhéran, nous nous retrouverons dans quelques jours du côté de Tabriz, près de la frontière turque. Quant à moi je vais maintenant contacter Ebad (mon ami iranien rencontré à Yazd quelques jours plus tôt) qui attendais ma venue avec impatience.
La suite au prochain article !
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Ca donne envie d’aller en Iran tout ça!!
Moi aussi j’espère beaucoup y retourner un jour !