Un voyage humide en Birmanie [1/2] : En pleine mousson !

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Publié par Froggy | Classé dans Asie | Publié le 30-11-2015

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Première partie : De Myawaddy (frontière thaïlandaise) jusqu’à Yangon

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DSC01833 [600x450_portrait (tdm_blog)]1) Arrivée terrestre en Birmanie : de Myawaddy à Mawlamyine

Le samedi 02 Août 2014, après avoir traversé à pied la frontière depuis la Thaïlande je me retrouve propulsé dans un autre monde dans le village de Myawaddy en Birmanie.

Tout est soudainement plus animé, plus archaïque, plus pauvre, moins développé. Le style vestimentaire se fait plus traditionnel, plus original, les femmes sont ravissantes et ont le visage couvert de jolis motifs d’une poudre jaune qui les rendent encore plus belles. Je suis aussi surpris de découvrir une importante population indienne qui n’existe pas -à ma connaissance- de l’autre côté de la frontière. Il faut dire que la Birmanie est un pays frontalier de l’Inde et du Bangladesh, et je découvrirai plus tard à quel point les grandes villes birmanes sont peuplées de très nombreuses personnes originaires du sous-continent indien.

Quant à la météo depuis hier elle est passée du « tout soleil » à l’Est des montagnes au « tout gris » à l’ouest du côté de la Birmanie. Il parait que c’est la mousson en ce moment dans cette région de l’Asie ! Tant pis, on ne peut pas avoir tout le temps du soleil !

L’une de mes première démarche après avoir fait validé mon visa auprès du bureau d’immigration sera de changer mon argent dans une boutique « officielle » et surtout pas dans la rue où les taux de change délirants et les arnaques en tout genre sont monnaie courante, parait-il.

Je réserve ensuite un ticket de « bus » pour Mawlamyine (15000 Kyat, ~11€) directement auprès de l’agent d’immigration (multi-fonction!) qui propose des tarifs intéressants pour les trajets vers Yangon et tout ce qui se trouve sur la route de Yangon.

En guise de « mini-van » c’est en fait dans une voiture break que nous embarquons… Un couple de voyageurs suisse-allemand, 2 passagers birmans, et moi-même. Nous sommes serrés comme des sardines à l’arrière de la voiture, assis à 4 sur une banquette prévue pour 3 personnes.

Et c’est plus de 10 heures que nous passerons dans ce véhicule pour effectuer les 175 kilomètres qui séparent Myawaddy de Mawlamyine ! Ce qui nous fait du 18 km/h de moyenne à peine, dans l’inconfort le plus total sur une route pourie de chez pourie. Dix heures de route!

Cette route de montagne laissée à l’abandon dans un état chaotique est d’ailleurs « célèbre » pour sa particularité : c’est une route à circulation alternée. La route est tellement mauvaise et tellement étroite par endroit que le sens de circulation est alterné d’un jour sur l’autre : le lundi c’est uniquement le sens Est –> Ouest qui est autorisé, le mardi c’est dans le sens Ouest –> Est que la circulation se fait, et ainsi de suite… Si on arrive le mauvais jour on se retrouve donc coincé jusqu’au lendemain que la circulation reprenne dans le « bon » sens !

Sur la route : beaucoup de pluie et de boue, quelques véhicules lourds embourbés ici et là, des charettes à chevaux sortant tout droit d’une autre époque, des petits villages traditionnel qui sous le soleil auraient probablement un charme fou, et de bons moments à discuter avec mes camarades suisses embarqués dans la même galère que moi.

Partis tôt le matin, nous arrivons dans la soirée à Mawlamine où il nous faudra encore prendre une sorte de minibus-taxi partagé (2000 Kyat) pour nous rendre à note auberge. Et toujours sous la pluie, dans le brouillard et dans l’obscurité.
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2) Mawlamine

Nous posons nos affaire à l’auberge « Breeze Guesthouse » où nous recevons un accueil très chaleureux de la part du gérant et du personnel, avec même une petite carte de bienvenue ! Je m’installe dans une minuscule chambre (mais bien suffisante pour faire ce que j’ai à y faire : dormir) à 7000 Kyat (~5€), c’est un peu plus cher que ce que j’ai connu dans le reste de l’Asie du Sud-Est mais j’étais prévenu : Le coût de la vie en Birmanie (logement, transport, etc.) est plus élevé que dans les pays voisins. Aussi, le confort est minimal dans ces auberges premier prix et il n’y a pas de connexion internet, ou si mauvaise que l’on abandonne rapidement.

Le soir de notre arrivée, avec Joel et Melissa, nous prenons notre diner dans un boui-boui à quelques pas de l’auberge sur la grande avenue qui borde le fleuve. Nous fêtons notre première soirée en Birmanie autour d’une bière locale dans la joie et la bonne humeur malgré la grisaille et le crachin !

Je rencontrerai dans cette auberge conviviale un charmant couple d’Australiens qui me prêteront leur guide « Lonely Planet » le temps que je planifie un peu mes prochains jours de voyage, ainsi que deux Françaises routardes d’une cinquantaine d’années super sympas.

Je passerai la journée  suivante à visiter la région avec mes camarades de l’auberge. Nous nous déplaçons en bus et il s’avère souvent compliqué de trouver à la fois les arrêts de bus, les horaires de bus, les destinations des bus, et les bus eux-mêmes ! La communication en anglais étant limitée avec les locaux nous ne sommes jamais surs d’être dans le bon véhicule et d’aller au bon endroit !

Aujourd’hui nous irons notamment admirer la statue du Plus Grand Bouddha Couché du monde (s’il vous plait), 180 mètres de long, encore en phase de construction, ou de restauration on ne sait pas trop, curieusement érigée juste à côté d’une sorte de mini-parc aquatique à ciel ouvert et dont les enfants et les jeunes de la région se régalent malgré la pluie !

Au retour, alors qu’une pluie battante s’abbat sur nous et nous empêche de retourner à pied jusqu’à l’arrêt de bus (situé à plusieurs kilomètres) un couple birman en voiture se propose de nous ramener en ville, super !
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Je passerai ensuite l’après-midi à me balader dans Mawlamine à la découverte des nombreux temples bouddhistes (pagodas) parsemés sur les hauteurs de la ville. Je rencontrerai un groupe d’étudiants vaguement anglophones mais très curieux qui m’inviteront à boire le thé dans un petit resto « branché » avant de m’emmener à moto faire le tour de la ville et visiter les plus grandes et les plus belles pagodas (ou « paya » comme ils les appellent).

Dans chaque temple nous nous agenouillons brièvement pour prier devant les statues de Bouddha, faisons quelques offrandes et sonnons le gong quand c’est nécessaire, puis admirons les vues spectaculaires sur la ville qui nous entoure.

Je passe une journée formidable en leur compagnie, découvrant un petit peu de la culture birmane et bouddhiste d’une façon ludique et joyeuse.

Au fait, ce soir c’est décidé, j’achète un K-way !
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3) Hpa-An

J’embarquerai le jour suivant dans un camion-bus à destination de Hpa-An. Une heure de route sous une pluie incessante. Puis je poserai mes affaires dans la très symphatique auberge « Soe Brothers Guesthouse » où une belle chambre à 6000 Kyat me permettra à la fois de me reposer et de mettre tous mes vêtements à sécher !

Profitant d’un début de journée à peine pluvieux, n’ayant peur de rien (il faut se le répéter) je partirai explorer la campagne à vélo à des dizaines de kilomètres tout autour de Hpa-An, visitant au passage quelques lieux fantastiques comme le « Jardin des Bouddhas » et admirant les massifs rocheux qui parviennent difficilement à s’extrairent de la brume épaisse le temps d’une photo.

Il me faudra plusieurs fois me mettre à l’abris durant cette journée de vélo, essayant d’échaper aux averses et aux déluges passagers en me réfugiant dans des cabanes, sous des préaux ou sous des arbres… avec plus ou moins de succès !

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Je m’inscris pour le lendemain à un petit tour organisé par l’auberge en compagnie  de 7 autres voyageurs (5000 Kyat par personne pour la journée).

Nous irons, à bord d’une sorte de gros tuk-tuk motorisé pour les longues distances, mais aussi à pied, explorer des temples et des grottes transformées depuis plusieurs siècles en de somptueux lieux de culte bouddhiques.
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Les temples et les paysages sont d’une magie éblouissante, je m’entends bien avec les camarades voyageurs et notre chauffeur est lui aussi très sympa. A part la météo catastrophique, il n’y a rien à redire.

Malgré tout je n’apprécie que moyennement le manque de liberté et d’autonomie que nous impose un tour « organisé ». C’est trop facile, trop assisté, trop prévisible. Je préfère 1000 fois prendre mon vélo -comme hier- et aller me perdre dans la campagne en empruntant des petits chemins qui ne sont pas indiqués sur ma carte. Je préfère 1000 fois la liberté qu’offre le voyage en indépendant, en solo et par ses propores moyens de locomotion. Je préfère en voir moins, aller moins loin, prendre moins de photos mais vivre ma petite aventure intensément, avec plus de liberté de mouvement et une certaine dose d’adrénaline (où suis-je? Dans quelle direction se trouve le prochain village? Est ce que je vais y trouver à manger? Que va faire ce gros nuage qui arrive sur moi? Est-ce que je vais réussir à rentrer en ville avant la nuit?…).

D’un autre côté je dois dire que, vu la météo actuelle, le plaisir de se déplacer à pied ou en vélo sur de longues distances est plus limité ! Et puis je ne peux envisager de partir avec mon sac-à-dos sous la pluie, et encore moins de dormir dehors, ni même de me lancer dans une randonnée avec toute cette boue et une visibilité si réduite. Car en plus du déluge aujourd’hui nous avons droit à une mini-tempête de vent ! Le tour en tuk-tuk organisé sur place et à la dernière minute avec les copains de l’auberge est donc un bon compromis, malgré tout.
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Pour conclure sur Hpa-An, je dirais que c’est une petite ville animée sympa come tout, quand à la campagne qui l’entoure elle est tout simplement magnifique, éblouissante. Dommage de ne pas pouvoir en profiter pleinenement sous la pluie.
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4) Kinpun et Kyaiktiyo : Le Rocher d’Or

Ma prochaine étape, c’est le village de Kyaiktiyo et son célèbre Rocher d’Or.

Je m’étais beaucoup questionné sur l’intérêt d’aller voir pareil lieu touristique et qui plus est en pleine saison des pluies. Les avis d’autres voyageurs rencontrés précédemment étant de plus très disparates… Et finalement, l’endroit se trouvant exactement sur mon chemin vers Yangon, pourquoi ne pas aller y passer une journée, au moins je n’aurai pas de regrets !

Je quitte donc Hpa-An en bus et toujours avec cette satanée pluie, incessante. D’ailleurs, ça n’est pas une surprise, la route est complètement innondée, certains villages que nous traversons baignent dans 50 cm d’eau et cette « piscine » à ciel ouvert fait la joie des enfants qui s’amusent avec des bouées gonflabes et trouvent ça franchement rigolo ! Quant à leurs maisons, souvent rudimentaires, profitant du bain elles aussi, je me demande bien comment ils font pour y dormir en ce moment !

Malgré la hauteur d’eau importante par endroits le bus arrive à passer sans trop de problème, mais toujours doucement et très prudemment.
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J’irai dans un premier temps au village de Kinpun, situé à quelques kilomètres de distance au pied du mont Kyaiktiyo. C’est dans cette bourgade que se trouvent la plupart des hôtels et des auberges, et je m’installerai au « Pann Myo Thu Inn » dans une chambre à 7000 Kyat.

Les gens ici sont sympas, mais sans plus… L’accueil est un peu froid et j’ai la désagréable sensation de me faire arnaquer sur tout ce que j’achète : billets pour les camion-bus et tuktuk, chambre à l’auberge, repas, etc.). Est-ce seulement dans ma tête ? Ou bien suis-je réellement tombé dans ce genre de lieu tellement ravagé par le tourisme que les locaux en ont perdu leur hospitalité et leur éthique ? Je ne sais pas… Etrange atmosphère en tout cas… Et toute cette flotte qui n’en fini pas de tomber, c’est fou !

Je passe la soirée dans un petit resto avec une voyageuse irlandaise un peu déjantée mais charmante. Puis profitant d’une accalmie après le repas j’irai me balader dans le village à la tombée de la nuit. J’accepterai une rapide invitation à boire un verre et à gouter la soupe à la terrasse d’une maison donnant sur la rue, faisant la joie de la cuisinière ! Autrement, il n’y a pas grand chose à faire ici-bas ! Quel ennui ! Quant à mon auberge elle est rustique et fort peu engageante, sombre et humide, l’internet ne fonctionne pas et je ne peux donc pas compter là-dessus pour plannifier mon voyage ou pour obtenir un peu de distraction et oublier ce temps épouvantable. Mais c’est aussi le seul endroit où je suis à l’abris de la pluie, mon refuge !

Je me fais la réflexion qu’en terme de rapport qualité-prix mais aussi en terme de qualité pure, j’ai sacrément déscendu d’un cran par rapport aux établissements des pays précédents : Thaïlande, Malaisie, Philippines. D’un autre côté s’il faisait beau je ne verrais pas les choses de la même façon car je passerais plus de temps à l’extérieur.

Le lendemain, en route pour le fameux Rocher d’Or !

Et c’est à bord d’un véhicule un peu spécial que nous embarquons : une sorte de camion ouvert, où nous sommes assis à l’arrière au milieu d’une soixantaine de personnes sur des rangées de bancs en bois, sans protection et littéralement sous la pluie ! Tout le monde est évidemment équipé de K-way et de parapluies. C’est assez marant malgré le fait d’être trempé ! Le camion nous emmène presque jusqu’au sommet d’une petite montagne à travers une route abrupte et sinueuse dans un épais brouillard.
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Une fois descendus du camcion -et bien trempés- nous devons encore marcher 20 minutes pour monter jusqu’au sommet, grimpant de longues séries d’escaliers et traversant quelques petits villages.

Il n’y pas grand chose à voir en chemin mais la balade est tout de même agréable aux côtés de ma camarade irlandaise. Nous sommes invités en cours de route par des enfants à faire une pause et à goûter la soupe dans leur maison grande ouverte. Ils en profitent pour nous enduire les joues et le front de cette poudre jaune tradionnelle que l’on voit sur le visage de toutes les femmes ou presque en Birmanie, mais aussi sur ceux des enfants, des bébés, et même des hommes parfois.

Cette poudre jaune appelée « thanaka » est une sorte de produit cosmétique naturel et végétal, protégeant la peau du soleil tout en la rendant plus douce.
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Là-haut nous découvrons qu’il faut payer 6000 Kyat pour accéder au site du temple où se trouve le Roher d’Or… Et le sommet n’est pas plus épargné par la brume et la pluie que le reste de la région. En fait nous somme même en plein dans les nuages maintenant, c’est de pire en pire, la visibilité est réduite à quelques mètres… Il n’y a absolument rien à voir et le fameux Rocher lui-même est enseveli dans le brouillard ! C’est une sacrée grosse déception… Finalement, je regrette d’être venu jusqu’ici et d’y avoir consacré 2 jours de mon précieux visa. Tant pis !
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Pour le retour, c’est le même chemin qu’à l’aller : je choisi de descendre à pied les premiers kilomètres alors que le reste du groupe de mon auberge (y compris ma joyeuse irlandaise) ne veut pas prendre le risque de « marcher sous la pluie » et choisi d’embarquer dans le camion directement depuis le sommet. Quelle grossière erreur de leur part ! Il me faudra à peine 15 minutes pour descendre à marche rapide jusqu’au deuxième arrêt du camion-bus, profitant d’un moment d’interruption de la pluie, alors que mes camarades seront coincés à bord du camion pendant presque une heure en attendant le remplissage complet de ce dernier, pendant que je les attendrai à l’abris et parfaitement au sec sous un grand préau ! Ils sont trempés et dépités en arrivant, les pauvres ! Et en plus, ils ont payé plus cher !

J’aurai quand même droit à ma dose de déluge dans le camion pour cette dernière partie pour rentrer au village de Kinpun, assis sur un banc mouillé, la tête calfeutrée dans mon k-way.
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Retour au village, retour à l’auberge où je récupère mes affaires déjà prêtes et m’en vais sans attendre réserver un ticket de bus pour Yangon. 6000 Kyat au coin de la rue contre 7000 à la réception de l’auberge, je dois être prêt pour partir à 13h00.

Alors que j’attends sagement mon bus à l’endroit indiqué, un type m’annonce que le bus ne passera pas ici (car il n’y a pas assez de passager?) et qu’il devra m’emmener lui-même à moto dans la prochaine ville, à 20 kilomètres d’ici, où le bus m’attendra ! Allez, c’est parti !

Il me faudra ensuite quelques heures pour rejoindre Yangon sur une route totalement submergée par les inondations, où les villageois ont troqué leurs vélos contre des pirogues, les enfants ont ressortis leurs grosses bouées gonflables et s’en donnent à coeur joie, et de nombreux soldats sont dans la rue pour aider la population à faire face à la catastrophe dans les endroits les plus touchés.
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5) Yangon : 9 jours de déluge et de démarches administratives

J’arrive à la station de bus centrale de Yangon le jeudi 7 août au soir et cherche d’abord un bus de ville (300 Kyat) pour me rendre en centre-ville. Mais il semble que les bus ne passent plus après 19h00… Les taxis sont très chers (~5000 Kyat), et je découvre alors le « taxi-partagé » à 1000 Kyat qui m’emmènera jusqu’au quartier de Sule Pagoda où se trouve mon auberge.

Je dois marcher encore quelques kilomètres en zigzaguant dans tout le quartier pour trouver l’auberge « Mahabandoola Guesthouse » qui m’avait été conseillée par Yogo. La police très aimable et les quelques passants anglophhones que je croise m’aident à trouver mon chemin vers l’auberge.

Une fois arrivé sur place je fais le tour de la rue et de chacune des auberges pour me faire une idée des prix, lorsqu’un voyageur français assis en terrasse m’accoste pour me proposer son aide. Il me déconseille vivement cette « Mahabandoola Guesthouse » :
« N’y vas pas, cette auberge est sale et pourrie, à l’intérieur on se croirait en Inde ! »

…Bien, je tente un autre établissement bon marché mais il s’avère complet, tant pis je retourne à la première, je verrai bien ! J’y réserve alors une chambre simple à 6000 Kyat (un très bon prix pour Yagon) tandis que le dortoir est lui aussi complet (4000 Kyat). Eh bien c’est pas si mal !

C’est vrai qu’il faut monter 2 étages à pied pour accéder au hall d’entrée, c’est vrai que les chambres sont minuscules et très mal ventilées, qu’il n’y a pas de climatisation, c’est vrai que niveau propreté on a connu mieux et que le personnel n’est pas du tout accueillant, c’est vrai que le « wifi gratuit » fonctionne très très mal voire pas du tout… Mais pour le prix je ne m’attendais pas à du 5 étoiles ! J’ai un lit pour dormir, une pièce où je peux laisser mes affaires en sécurité, et la possibilté de prendre une douche et d’aller aux toilettes, c’est tout ce que je demande !

Surtout que j’ai prévu de passer plus d’une semaine à Yangon le temps de me dépêtrer de toutes mes démarches administratives, je dois donc privilégier l’économie au détriment du confort !
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Galères administratives en série

D’abord, les démarches au consulat indien !
Je dois obtenir au plus vite mon visa pour l’Inde car c’est le prochain pays se trouvant sur mon plan de route. J’aurai aussi besoin de ce visa pour attaquer le chantier suivant : obtenir un permis pour me rendre dans la province de Sagaing et avoir de droit de passer la frontière vers l’Inde.

Donc, première tentative au consulat indien : Mon formulaire, un très gros document de plusieurs pages et pré-rempli sur internet, ne leurs plait pas parce que la photo n’a pas été téléchargée (alors qu’il est écris noir sur blanc sur le formulaire que la photo d’identité peut aussi être apportée en main propre au consulat. Ils me demandent de tout refaire ! Je rage !

Et comme nous sommes vendredi matin et que le consulat ferme ses portes à 11h00 (!!) il est trop tard pour faire ça aujourd’hui : le temps de trouver un cyber-café avec une connexion pas trop pourrie et de tout remplir à nouveau puis de télécharger cette foutue photo, on sera déjà ce soir… Je serai donc obligé d’attendre lundi pour présenter mon formulaire. Et deux jours de perdus à Yangon, deux ! Ca commence bien !

De plus, je devrai obligatoirement payer le visa en dollar américain (et pas en Kyat), je dois donc me rendre dans un établissement bancaire pour retirer 67 USD sous forme de billets « parfaitement neufs, pas gribouillés, pas pliés, pas cornés ».

Je découvre ce samedi matin en me baladant autour de Sule Pagoda, et complétement par hasard, une petite agence de voyage appelée « Ministry of tourism » à qui je vais poser quelques questions concernant le permis spécial et le passage de frontière. A ma grande surprise, à ma grande joie, ils savent tout ! Ils m’expliquent tout et en plus ils sont sympas !

Bon, il me faudra tout de même débourser la somme de 200 $ pour le permis + le guide qui m’accompagnera entre Mandalay et Tamu la ville frontière. C’est très cher mais ca n’est pas une surprise, je m’y attendais. Et ca n’est pas forcément plus cher que si j’avais eu à prendre l’avion vers l’Inde. Au moins maintenant tout est plus simple et je sais que c’est possible de faire ce trajet légalement en surface, alors que je n’étais absolument sur de rien jusqu’à présent ! Donc, ils s’occupent de tout, et moi je paye pour le service. Il n’y a pas d’autre possibilité. Je suis rassuré d’apprendre au passage que je n’aurai pas besoin de me rendre à la capitale,  Naypyidaw, pour faire des démarches directement auprès du ministère du tourisme comme je le croyais. Une sacrée épine qu’on me retire du pied !

Donc ça, c’est parfait… Sauf qu’ils ne peuvent rien faire tant que je n’ai pas obtenu mon visa indien ! Je devrai donc repasser quand j’en aurai terminé avec ces idiots du consulat indien.

Le lundi suivant à la première heure je suis devant la porte du consulat, sous la pluie, et avec tous mes documents. Et ça n’est pas encore bon !  Mes photos d’identité ne leurs conviennent pas : elles doivent respecter un format particulier « 2×2 inches » (environ 5cm sur 5cm) c’est bien la première fois que je vois ça en 4 ans de voyage ! Et ces imbéciles arrogants ne sont pas foutus de m’indiquer une seule boutique capable de me sortir ce genre de format ! Je devrai me débrouiller tout seul et il me faudra plusieurs heures à tourner en rond dans la ville, pochette sous le bras, K-way sur les épaules, avant de trouver enfin un photographe qui connait ce format !

Retour au consulat, cette fois c’est bon ! Mais j’ai encore un tas de papiers à remplir (alors que j’ai déjà donné TOUTES les informations sur le formulaire en ligne qu’ils ont maintenant entre les mains). Ils sont fous ! Je dois aussi remplir un document spécifique sur lequel je retranscris à la main les valeurs, les quantités, et les numéros de série (!) de tous les billets verts (dollars américains) dont j’ai besoin pour payer le visa. Ils sont complétement malades, en plus d’être odieux et détestables !

Quel temps de perdu ! Ah oui, et je devrai encore revenir sur rendez-vous pour donner mes empruntes digitales ! Ca au moins c’est rapide et sans histoire. On me dit alors de repasser jeudi pour récupérer mon passeport et je croise les doigts très fort pour obtenir mon visa sans de nouvelles complications… Qu’est ce qu’ils pourraient encore m’inventer ?

Finalement je récupèrerai bien mon visa jeudi soir, soit une semaine après mon arrivée à Yangon. Ouf !

Le lendemain, retour à l’agence de voyage avec mon précieux visa indien en poche afin de finaliser l’organisation de mon « excursion en zone réglementée ». Et ce sera 200 $ dont 80 $ sur place et 120 $ pour le « guide » plus tard, plus 2 photocopies des 2 visas (birman et indien) + 2 photocopies de la première page de mon passeport.
Ouf, tout est réglé !
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Pendant ce temps, à Yangon…

Ca pleut, ca pleut, ca pleut. Et qu’est ce que c’est sale, pollué, bruyant, et puant ! Les poubelles et les déchets sont partout à l’air libre, la circulation est dense, les rues grouillent de monde, et le déluge incessant n’arrange rien au chaos ambiant. La nourriture est parfois bonne, parfois moins bonne, jamais exquise, mais toujours trop grasse. Je tombe malade.

Est-ce la poussière, la pollution urbaine ? La nourriture dégoulinante d’huile et parfois douteuse ? Le stress, l’humidité, la chaleur ? J’en prends pour 5 jours de diarrhée et d’intense fatigue. La galère avec toutes ces démarches administratives à gérer ! Mon traitement : beaucoup de sièstes, pas de médicaments mais un régime temporaire sans viande (vraiment trop grasse et dégeulasse) et surtout beaucoup de fruits frais et beaucoup de durians ! Je survis en attendant de quitter Yangon et d’aller chercher ailleurs une vraie convalescence…

Aussi, je rencontrerai Sivabala (un ami birman de Yogo) qui m’emmène à deux blocs de Sule Pagoda dans sa belle voiture neuve toute brillante et qui m’invitera à manger un donut dans une boutique de luxe avant de me renvoyer en taxi à mon auberge, sans que j’ai tellement mon mot à dire ! Comme il est très occupé avec ses aller-retours en avion vers l’Inde et la Malaisie pour faire du « business » je n’aurai pas l’occasion de le revoir.

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La rue en bas de mon auberge est innondée : il faut marcher dans 15 cm d’eau souillée pour en sortir !

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Le hall d’entrée de l’auberge et ses générateurs qui plusieurs fois par jour se mettent en route, dans un vacarme assourdissant, pour pallier aux coupures de courant générales…

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Quelques balades fort peu agréables dans Yangon lors de rares éclaircies mais toujours au milieu du bruit et de la polution, beaucoup de temps passé au cyber-café sur une connexion internet d’une mortelle lenteur, victime elle aussi des coupures de courant incessantes qui paralysent tous les jours la ville.

Je n’aurai même pas le coeur à visiter ces fameuses « pagodas », sompteux temples couverts d’or qui, parait-il, brillent de mille feux lorsque le soleil les illumine.

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Sule Pagoda « by night »

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Enfin, pour combler un peu mes longues journées d’attente entre deux démarches consulaires j’irai au cinéma voir « La planète des singes » , puis « Lucy » : un super film ! Et surtout une porte d’évasion pour oublier un peu l’horreur de la mousson sur Yangon.

Je n’aime pas cette ville, je m’ennuie à mourrir et je crois qu’une semaine de plus ici me serait fatale.

Il est grand temps de quitter toute cette pluie et toute cette polution pour partir explorer les régions centrales du Myanmar, merveilleuses et envoutantes destinations dont je parlerai dans le prochain article : Kalaw, le lac Inle, Bagan et Mandalay, ainsi que mon périple jusqu’à la frontière indienne à l’ouest !

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Mon itinéraire terrestre en Birmanie d’Est en Ouest. Première partie : de Myawaddy à Yangon. (Cliquez sur la carte pour l’agrandir !)

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Commentaire(s) (2)

Oh mon pauvre, on dirait bien que la pluie a tout gâché de la beauté de la Birmanie.
Bon après, Yangoon ne fait pas partie des plus agréables villes où je me suis rendu pendant mon voyage. J’espère que la suite se passe mieux.

Ah ça oui j’en ai bavé sur cette partie ! Mais le centre/nord du Myanmar était beaucoup moins humide et beaucoup plus agréable, j’ai pu vraiment en profiter.

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